La Bible est un livre sacré, elle ne peut légitimement pas être traduite.

Faux. Cette affirmation est celle d’une bonne partie du monde musulman à propos du Coran en arabe, langue tenue pour sacrée. Le Coran ne peut donc pas être légitimement traduit. Ce n’est pas le cas pour la Bible. L’hébreu et l’araméen, langues dans lesquelles a été rédigé l’Ancien Testament, et le grec pour le Nouveau Testament ne sont pas considérés comme des langues sacrées intraduisibles. S’il est vrai que Dieu a inspiré les écrivains de la Bible, il n’y a pas eu de « dictée magique ».

Au contraire, ce sont parfois les traductions de la Bible qui ont largement contribué à former et à stabiliser certaines langues. Ce n’est pas la langue qui a autorité, mais ce qui est dit. L’original est divinement inspiré et non pas les traductions, même si elles sont rédigées avec soin. Le défi est de retrouver dans la version moderne non seulement le sens du texte, mais aussi sa « saveur » !


Traduire la Bible est une entreprise récente.

Faux. L’Ancien Testament hébreu a été traduit en grec dès le IIe siècle avant Jésus-Christ. Les Juifs dispersés hors d’Israël avaient du mal à comprendre l’hébreu. Après quelques générations en exil, ce n’était plus leur langue maternelle. Cette traduction grecque est appelée la Septante. C’est du reste le texte officiel de l’Église orthodoxe grecque. La Bible a été traduite en plusieurs autres langues anciennes : araméen, syriaque, arménien, éthiopien, etc.


Les protestants sont les plus attachés à la traduction de la Bible dans des langages populaires.

Vrai. Les protestants sont en effet connus pour leur attachement à la Bible, à juste titre ! Au Ve siècle, Jérôme entreprend la traduction de la Bible en latin. Cette traduction est connue sous le nom de Vulgate, c’est-à-dire « simple » ou « populaire », parce qu’elle utilise la langue du peuple de l’époque. Cette traduction s’imposera dans le monde catholique, mais par la suite elle ne sera plus comprise de la population ! Le latin est devenu la langue du clergé et la lecture et l’explication de la Bible deviennent sa « chasse gardée ». Il ne faut pas que le peuple puisse contester l’interprétation officielle. Pour son instruction, il doit se contenter des images et des statues dans les églises.

Les réformes protestantes ont remis à l’honneur la traduction de la Bible dans la langue du peuple. Chaque croyant doit pouvoir lire et comprendre les Saintes Écritures. Luther, par exemple, traduit la Bible en allemand courant. Déjà à la fin du XIVe siècle, John Wycliffe réalise la première traduction complète de la Bible en anglais. Il faudra attendre le début du XVIe siècle pour que soit rédigée une Bible en français traduite à partir des textes hébreux et grecs. Ce sera l’œuvre de Pierre-Robert Olivétan, neveu du réformateur français Jean Calvin.

La division du texte biblique en versets date du milieu du XVIe siècle. Elle est due à l’imprimeur parisien Robert Étienne.


Les différentes versions de la Bible se contredisent.

Faux. Pour l’essentiel, il est plus juste de dire qu’elles se complètent ou s’éclairent mutuellement.

Un premier principe de traduction s’intéresse particulièrement au lecteur contemporain. On parle de traduction à équivalence dynamique ou fonctionnelle. On cherche à rendre le sens du texte et à produire sur le lecteur moderne la même impression que le texte original produisait sur le lecteur de l’époque. Ce principe peut aboutir à une paraphrase.

Un second principe de traduction s’attache au contraire à transposer, autant que possible, la structure de la langue originelle dans la langue moderne. L’objectif est de se rapprocher le plus possible de la manière dont les choses ont été dites dans l’original. Ce sont les versions littérales ou à correspondance formelle. Si ce principe est poussé trop loin, le texte devient lourd, difficile à lire et à comprendre. Il faut noter qu’une langue vivante évolue. Il est donc légitime d’adapter la version à cette évolution.


Chaque traduction a ses avantages et ses inconvénients.

Vrai. Les traductions littérales ont l’avantage de moins dépendre de la compréhension du traducteur. Elles sont plus proches du texte original et le lecteur peut découvrir des idées dont le traducteur n’a pas tenu compte. Le risque est de passer à côté du sens du texte à cause d’une formulation qui n’est pas familière au lecteur.

Les traductions dynamiques ont l’avantage de favoriser une compréhension plus immédiate, mais rendent le lecteur plus dépendant de la qualité du traducteur.


Il y a des versions orientées ou faussées.

Vrai. Il existe malheureusement quelques traductions philosophiquement orientées. Des traductions « politiquement correctes » qui cherchent à gommer la différence des genres masculin et féminin, etc. D’autres sont politiquement engagées ou défendent des présupposés théologiques, comme la Bible des témoins de Jéhovah. Quelle que soit la valeur des idées du traducteur, celles-ci ne devraient pas influencer son travail de traduction. Ce n’est pas le cas des grandes traductions reconnues, d’origine catholique ou protestante, qui sont dignes de confiance.


La Bible est cohérente, c’est une garantie.

Vrai. Toute la Bible est inspirée par Dieu. Elle est donc cohérente en elle-même. Elle ne se contredit pas. Cela implique qu’il faut lire chaque passage particulier à la lumière de l’ensemble de la Bible. Et inversement, les grandes vérités doivent se vérifier dans les détails. Il existe, bien sûr, quelques passages plus difficiles. Si une idée n’est pas en accord avec la cohérence générale, il faut réexaminer le texte qui semble la soutenir. Il ne s’agit pas de retrouver nos idées dans le texte, mais de laisser le texte transformer nos idées.


Quelle version choisir pour débuter ?

Le mieux est de commencer par une traduction en français courant ou en français fondamental, comme celle éditée par l’Alliance Biblique Universelle. Persévérer avec une même traduction facilite la mémorisation et permet de se repérer facilement dans le texte. Pour approfondir sa compréhension, il est utile de changer de version. Pourquoi ne pas continuer avec la traduction dite du Semeur, éditée par Excelsis ou avec la Nouvelle Segond Révisée, éditée par l’Alliance Biblique Universelle ? En plus de la qualité du texte, elles proposent des notes de traductions facilitant l’étude du texte.

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Texte rédigé par Roland Frauli; pasteur, missionnaire avec l’association France Pour Christ. Enseignant à l’Institut Biblique de Genève et président de ITEA (Institut de Théologie Évangélique Appliquée).