Notes d’enseignement pour le dimanche 3 avril 2011 (3e leçon dans la série Marc)
Nous avons appris plusieurs choses sur le ministère de Jésus au travers des trois premiers chapitres de Marc. L’emphase semble être bien placée sur l’annonce du Royaume de Dieu qui est en train de se réaliser au moment où Jésus parle et accomplit ses miracles. Marc ne perd pas trop de temps dans les explications théologiques même si l’agencement de l’évangile nous attire à contempler la venue d’un évènement important dans l’histoire du monde. Nous sommes témoins de peu d’évènements de ce genre dans une vie. Et c’est encore plus rare de témoigner de l’impact qu’un tel évènement a eu sur l’histoire. Nombreux sont ceux et celles qui marquèrent profondément l’histoire du monde sans qu’on le reconnaisse de leur vivant.
Un exemple qui est venu à mon attention récemment est les fameux poumons en acier qui furent construits en Amérique du Nord au milieu du siècle dernier pour contrer les effets néfastes de la polio. Des milliers de vies furent prolongées grâce à un appareil qui remplace la respiration naturelle. D’ailleurs l’épidémie était si répandue que pendant les années 50, les mamans n’osaient pas laisser leurs enfants jouer dehors pendant l’été de peur qu’ils attrapent la polio. Dans les plaines centrales du Canada, des milliers de familles prirent congé de la ville pour aller se réfugier en campagne pour quelques semaines l’été.
Des rumeurs circulèrent que c’était une maladie génétique parce que plusieurs membres de la même famille et surtout des enfants étaient susceptibles. Les rumeurs s’estompèrent lorsque la maladie se manifesta sous forme d’épidémie. Il n’y avait simplement pas de cure. Attraper la polio était synonyme d’une mort affreuse. La paralysie progressive des muscles respiratoires chez certains ou du système nerveux chez d’autres bouleversait la vie de famille. Ce n’est que vers la fin des années 50 et pendant les années 60 qu’un vaccin efficace fut adopté et administré à grande échelle. Le programme atteint un si grand taux de succès qu’aujourd’hui la mention du mot « polio » a un tout autre effet sur nous en général.
Pourquoi l’exemple de la Polio? Quel rapport avec la venue et l’annonce du Royaume de Dieu par Jésus-Christ? Nous ne réalisons peut-être pas que la situation en Israël était particulièrement troublée dans le temps de Jésus. Certes, il y avait l’occupation romaine, mais il y avait aussi une atmosphère spirituelle particulièrement ténébreuse. Le dernier livre de l’Ancien Testament écrit par Malachie fini avec un avertissement d’un jugement à venir. Israël avait réussi à se reconstruire après l’exil babylonien, mais avait aussi eu du mal à regagner son attachement au Dieu de la Torah. Les différents cultes païens, voir même démoniaques (ex : Baal) se multiplièrent. Les gens adoraient ouvertement les esprits impurs et il n’était pas rare de les voir se manifester en public. Au milieu de tout ceci, la seule « prescription » était de garder la loi de Moïse. Mais aussi bonne qu’elle soit, la loi de Moïse ne permettait pas réellement de se purifier du péché qu’elle pointait du doigt si clairement.
La plus grande tragédie du peuple de Dieu est d’avoir reçu la Torah mais d’en avoir fait un genre d’idole que l’on cloitra au milieu de milliers de prescriptions et traditions religieuses qui vinrent rendre obscure son message original. Les gens observaient les traditions et les prescriptions en espérant ne pas attraper la « polio » spirituelle du péché. La réalité par contre était que tous étaient atteints de cette mort spirituelle. La loi ne faisait que le montrer plus clairement. Ce qui veut dire que si quelqu’un était atteint d’un esprit impur de quelque manière, c’était parce que la malédiction de Dieu reposait sur elle. Ils avaient certainement mérité le jugement de Dieu. Peut-être n’avaient-ils pas donné assez pendant la dernière offrande? Peut-être avaient-ils oublié d’observer un commandement? Qui sait? Il reste qu’il n’existait pas de remède contre les conséquences du mal.
Alors voilà que se pointe un homme nommé Jésus qui guérit les malades, rend pure des lépreux, et chasse les esprits impurs. Mais le comble est que Jésus prétend pouvoir pardonner les péchés! Imaginez!!! Seulement Dieu pourrait faire une telle chose! Mais ça ne s’arrête pas là. Jésus annonce une bonne nouvelle de l’arrivée d’un royaume de justice et d’équité, un royaume que l’on ne peut pas voir de nos yeux, ni toucher de nos mains, mais auquel nous sommes invités à participer par la foi en Jésus.
Grands thèmes de Marc (la venue du Royaume de Dieu)
Qu’est-ce le Royaume de Dieu? (Marc 1-8)
Ce que le Royaume de Dieu coûte. (Marc 8-10)
La réalisation du Royaume de Dieu. (Marc 11-16)
Ce n’est pas que l’Évangile a été essayé et jugé insuffisant, mais plutôt qu’on trouve que l’appel de l’Évangile est trop coûteux et qu’on refuse d’y répondre sérieusement. (adapté d’une citation de G.K. Chesterton)
Lire Marc 3.20-28
« Comment Satan peut-il chasser Satan? » (Marc 2.23) La réponse de Jésus présuppose que le royaume de Satan était atteint, que les forces sataniques étaient en recul. Mais la seule explication possible pour les pharisiens était que Jésus devait faire partie du Royaume des ténèbres puisque seulement Dieu pouvait faire reculer le royaume de Satan d’une telle manière.
Ce que Marc veut nous faire comprendre sous l’inspiration divine est que l’ancien ordre des choses est changé de façon permanente. Il y a un nouveau shérif en ville. (ex : application dans l’église en ce qui concerne le pouvoir de Satan – 2Tim 2.22-26)
Les obstacles (Marc 3.23-27)
Il y a plusieurs points à souligner dans ce texte. Marc prend le soin de noter que certains qui descendaient de Jérusalem, les pharisiens en autre. C’est un petit détail parce que lorsqu’on crucifie Jésus, on lui fait un procès très rapide et l’on s’assure que la foule vient de Jérusalem. Ce n’est qu’une fois qu’il est amené vers l’extérieur de la ville et que le fait est pratiquement accompli que l’on rencontre des sympathisants qui pleurent sur lui. Ce n’est qu’une idée à moitié cuite que j’avance. Mais c’est quand même intéressant de noter que la gang qui descend de Jérusalem est rarement vue d’un bon oeil dans les évangiles.
Le terme « Béelzébub » est utilisé pour désigner Satan. Remarquez que Jésus répond en utilisant le nom propre du Diable. Béelzébub était une appellation dérogatoire qui veut dire le « Seigneur des mouches » en faisant allusion à celles qui se retrouvent autour un tas de fumier. Jésus ne se laisse pas emporter par ses émotions. Il ne répond pas en se plaçant sur le terrain de ses adversaires. Il reste du côté de la vérité.
La famille de Jésus pense qu’il a perdu la raison. Ils accourent l’enlever de cette situation embarrassante. C’est souvent le cas d’ailleurs lorsque Dieu appelle quelqu’un à un ministère particulier. Il est souvent mal compris par les siens.
Mais ce n’est pas juste la famille de Jésus. Les scribes, les théologiens de la Torah pensent que Jésus est fou.
La puissance du Malin (Marc 3.23-27)
Quelles sont les conditions pour piller « une maison? » Dans la version originale grecque nous rencontrons deux termes pour désigner maison : oikos et doma. Le premier terme fait allusion à l’ensemble de ceux qui habitent la maison incluant les servantes, les esclaves, etc. Le deuxième terme fait plutôt référence au bâtiment.
Dans Marc 3.27, Jésus affirme que l’on ne peut pas piller la maison à moins que l’on lie l’homme fort qui représente celui qui exerce une certaine autorité non pas parce qu’il a le droit, mais parce qu’il est celui qui est le plus fort. Jésus vient ajouter une nuance car il ne vient pas comme l’homme fort, mais comme le roi légitime. Son autorité n’est pas acquise par force, mais par le droit et la justice. Il exerce l’autorité parce que cette autorité vient de lui. Satan est l’homme fort. Et Jésus semble répondre aux accusations mal placées des pharisiens en affirmant qu’il peut lier l’homme fort (c.-à-d. Satan) parce qu’il a l’autorité divine de le faire.
Quelles applications pouvons-nous tirer de cet échange entre Jésus et les pharisiens? Si Jésus est train de référer à lui-même en rapport avec Satan dans l’illustration de l’homme fort pour piller sa maison, alors il y a un grand réconfort et encouragement pour ceux et celles qui se confient en Jésus pour la victoire dans leurs combats spirituels. Si l’autorité de Jésus permet au peuple de Dieu de piller la maison de l’homme fort (Satan), alors notre ennemi a réellement perdu son pouvoir et nous pouvons lui résister avec succès. Le nom de Jésus est puissant pour délivrer, pour combattre un ennemi spirituel qui s’acharne avec le peu de temps qui lui reste. (voir application dans Colossiens 2.13-15)
Le blasphème contre le Saint-Esprit (Marc 3.28-29)
L’expression « … en vérité » est la traduction d’un mot que l’on connait très bien : AMEN. Ce mot que l’on insère à la fin de nos prières est une affirmation qu’on s’en remet à l’autorité de celui qui peut répondre à nos prières. Jésus l’utilise pour indiquer sur la base de quelle autorité il affirme ce qu’il dit. La tradition académique exigeait que l’on affirme des vérités basées sur ce qui avait été enseigné par ceux qui avaient gagné le respect et l’admiration de la communauté. Jésus ne suit pas la même tradition. En commençant sa déclaration par AMEN, Jésus indique que son affirmation est basée sur sa propre autorité. Ce qu’il affirme est vrai parce que c’est lui qui le dit, et personne d’autre.
Donc, Jésus affirme avec confiance que tous les péchés et les blasphèmes seront pardonnés sauf celui qui est dirigé contre le Saint-Esprit. Certains voient avec raison un lien ici avec « le péché qui mène à la mort » qui est mentionnée dans 1Jn 5.16. En d’autres mots, si tu ne reconnais pas que ton seul espoir repose dans le témoignage du Saint-Esprit à propos de ce que Jésus-Christ a accompli à la croix pour toi, eh bien alors, il ne reste aucune autre issue de secours pour toi. Dieu nous a donné un seul moyen pour être sauvé des conséquences de son jugement sur le péché : l’oeuvre de Jésus appliqué à nos offenses. (voir aussi la réponse de l’apôtre Pierre devant le conseil religieux dans Actes 4.1-12) Un passage qui semble bien expliquer ce à quoi Jésus fait référence dans Marc 3.28-29 se trouve dans Héb 6.4-6, 10.26.
4Car il est impossible que ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont eu part au Saint-Esprit, 5qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir, 6et qui sont tombés, soient encore renouvelés et amenés à la repentance, puisqu’ils crucifient pour leur part le Fils de Dieu et l’exposent à l’ignominie.
26Car, si nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés, 27mais une attente terrible du jugement et l’ardeur d’un feu qui dévorera les rebelles.
Une invitation à participer en communauté (Marc 3.31-35)
Jésus ne fait pas juste annoncer la venue du Royaume de Dieu, il lance en même temps une invitation à y participer. Chaque être humain est invité à participer à son royaume. La question est : fais-tu partie de la famille de Jésus?
Lorsque la famille de Jésus se pointe, on assume incorrectement qu’elle aurait un droit acquis. Le concept de l’alliance familiale est très ancrée dans la culture juive. Les promesses de l’alliance entre Dieu et son peuple étaient acquises au travers des liens familiaux ou en s’intégrant au peuple juif. Mais Jésus vient remettre les pendules à l’heure en affirmant que le seul critère pour faire partie du royaume de Dieu est d’avoir un coeur disposé à faire ce que Dieu demande. Ce ne sont plus les liens familiaux qui régissent l’appartenance au peuple de Dieu, c’est la présence d’une foi qui nous rend bien disposés à faire ce que Dieu demande. En fait, c’est la foi en Jésus-Christ qui devient la preuve de notre participation dans le royaume de Dieu. C’est aussi la foi manifestée dans notre obéissance à la volonté de Dieu qui fait de nous des membres de la famille de Jésus.
34Puis, jetant les regards sur ceux qui étaient assis tout autour de lui : Voici, dit-il, ma mère et mes frères. 35Car, quiconque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma soeur, et ma mère. (Marc 3.34-35)
De plus, l’invitation à faire partie du royaume de Dieu n’est pas une chose que l’on coche sur une liste de choses à faire. Ce n’est même pas remplir une obligation. L’invitation que nous lance Jésus pour faire partie de son royaume est un appel à poursuivre la volonté de Dieu en communauté. Il ne faut pas passer trop vite sur ce point. Jésus n’est pas juste en train de lancer des idées en l’air. Il est train de dire que l’invitation à participer à son royaume par la foi implique aussi une invitation à vivre en communauté, à partager notre espérance avec ceux qui, comme nous, désirent faire la volonté de Dieu. Ça veut aussi dire qu’une des évidences que je fais parti du royaume de Dieu est mon désire de me joindre à une communauté de croyants (une église par exemple) qui me permet d’exprimer ma foi de façon tangible dans la vie de tous les jours. Que ça soit par la louange, la prière, l’étude de la Parole de Dieu, ou rendre service aux autres, toutes ses activités sont des choses que Dieu nous invite à faire comme faisant partie d’un royaume présentement en train de se réaliser.
Conclusion
Jésus a vaincu le Malin pour nous adopter dans son Royaume. L’assurance de notre adoption se manifeste par notre désir que par-dessus tout la volonté de Dieu s’accomplisse dans nos vies. (Marc 3.35)
Jésus nous appelle à participer dans son royaume en se joignant à la communauté de ceux qui désirent que sa volonté s’accomplisse dans leurs vies.