Enseignement apporté par Jonathan Wedel (13 septembre 2009)
Nous commençons notre série dans le premier épître de Paul au Corinthiens avec un peu d’histoire et d’archéologie. Car, une étude approfondie de la Bible exige que nous comprenions le contexte dans lequel Paul écrit sa lettre à l’église de Corinthe, une ville et une culture pas comme la nôtre, mais avec des coeurs et des âmes semblables aux nôtres.
Quelques considérations historiques
La ville de Corinthe était une grande métropole commerçante et maritime. Elle était le siège gouvernemental, la capitale de la province d’Achaïe (une péninsule entourée d’eau sur trois côtés au sud de la Grèce). Pour nous aujourd’hui, nous pourrions comparer Corinthe à notre ville de Québec en y ajoutant un flair de Las Végas américain. À cause de sa position privilégiée comme port maritime au croisement de plusieurs grandes routes commerçantes, Corinthe offrait un peu de tout ce qu’on pouvait se permettre financièrement. « Si tu le voulais, on pouvait te le vendre. »
Corinthe était aussi l’emplacement des jeux Ioniéens en honneur du dieu Poséidon, seulement deuxième en importance après ceux d’Olympie à tous les deux ans. Et finalement, Corinthe était aussi l’emplacement du temple dédié à la déesse Aphrodite (déesse de la fertilité). Le temple employait à son service plus de 1,000 prostituées sacrées d’Aphrodite au sommet de l’acropole qui surplombait la ville. Corinthe avait une telle réputation que dans la langue du peuple, on désignait « vivre d’une manière déréglée sans contrainte morales » en employant le verbe, « corinthianiser. »
L’Apôtre Paul (Actes 18:1-17)
L’apôtre Paul arrive à Corinthe après son départ d’Athènes lors de son deuxième voyage missionnaire en 51-52. C’est à Corinthe qu’il rencontre Priscille et Acquilas, des réfugiés de Rome, qui faisait partie des Chrétiens que l’empereur Claudius avait expulsé de la capitale romaine 3 ou 4 ans auparavant. Comme Paul, ils fabriquaient des toiles de tente. Paul trouve l’hospitalité chez un dénomé Titius Justus, un ancien chef de la synagogue probablement converti par la prédication de Paul.
L’apôtre restera à Corinthe pendant 18 mois poussé par une révélation de Dieu qui lui affirmera, « …n’aie pas peur, parle et ne te tais pas, il y a dans cette ville un peuple nombreux qui m’appartient. » (Actes 18:9-10) Paul sera amené en procès par les juifs devant le proconsul Gallius (le gouverneur de la province à Corinthe) et sera affranhi faute de preuves légales. Les juifs s’en prendront à Sosthènes, le chef de la synagogue, que Paul mentionnera plus tard (on suppose qu’il est la même personne mentionnée dans Actes 18 du fait que Paul le mentionne) comme étant un frère dans la foi. Paul quittera éventuellement Corinthe avec Acquilas et Pricsille pour s’en aller vers Éphèse avec ces mots, « …je reviendrai, s’il plaît à Dieu. » (Actes 18:21)
Les défis de l’église de Corinthe
Si on essai de résumer le caractère de l’église, il va de soi que celui-ci ressemble à l’environnement culturel dans lequel il se trouve. En effet, le salut en Jésus Christ est à la fois une déclaration que nous sommes justifiés devant Dieu, mais aussi un pèlerinage ici-bas où l’on lutte avec notre propre chair (c.-à-d. le combat de la foi). On peut facilement porter un jugement hâtif sur les croyants de Corinthe si on perd de vue l’influence morale et culturelle dans laquelle l’église de Corinthe vivait sa nouvelle foi. Ceci dit, l’église semblait avoir le même slogan idéaliste que la ville, « Tout est permis. » En effet, si l’âme et l’esprit de l’individu était sauvés par la grâce de Dieu, alors on pouvait faire ce que l’on voulait avec son corps.Ce qui se faisait dans le corps n’affectait pas la condition de l’âme et de l’esprit …une idée envers laquelle Paul fera un plaquage théologique dans sa lettre.
L’église faisait aussi exception dans sa manière de traités les gens d’arrière plan différents. Les riches ne s’entre-mêlaient pas avec les moins fortunés. On peut déceler la présence de petites « cliques, » groupes exclusifs réunis autour de mêmes passions et d’occupations. Nous verrons aussi que Paul fait allusion dans sa lettre à certains extrèmes théologiques. Un exemple se trouve dans les ch. 6 et 7 où l’on trouve à la fois des Chrétiens qui affirment ne ressentir aucune ambiguïté morale envers la prostitution, et de l’autre côté des Chrétiens qui affirmaient devoir s’abstenir de relations sexuelles tout court. Et finalement, pour en nommer juste quelques-uns, l’église de Corinthe était en train de succombée à la discorde, à savoir que certains se disaient être de l’apôtre Pierre, d’autres d’Apollos, et d’autres de Paul.
Note : Il est intéressant, voir même triste, d’observer qu’à plusieurs niveaux, et souvent sous différentes formes, nos églises d’aujourd’hui luttent encore avec les mêmes défis. L’église de Jésus Christ devrait être mise à part du monde, un sanctuaire où le péché perd son pouvoir devant la grâce. L’église devrait aussi être un lieu où ma condition sociale, la couleur de ma peau, ma situation économique n’influence aucunement le degré d’affection et d’amour que je partage avec les autres membres de l’assemblée en Jésus Christ. L’église n’est pas une institution. Elle est principalement une communauté de croyants qui trouvent une identité et une valeur commune dans la personne ressuscitée et glorifiée de Jésus Christ.
La lettre de Paul (1 Corinthiens)
Le « premier » épître au Corinthiens fut rédigé à partir d’Éphèse lors du troisième voyage missionnaire de Paul en 54-55. Ceci représente 3-4 ans après la fondation de l’église par l’apôtre. L’épître est aussi la deuxième correspondance écrite par Paul à l’église de Corinthe. L’apôtre fait référence à une autre lettre envoyée plus tôt dans 1 Corinthiens 5:9 dont nous avons perdu la trace. Certains pensent qu’elle aurait été incorporée à un autre des écrits de Paul. Mais faute de preuves solides, ceci est encore trop spéculatif.
L’église de Jésus Christ doit être encore aujourd’hui, un sanctuaire où le péché perd son pouvoir devant la grâce. L’église doit aussi être un lieu où il y a partage d’affection et d’amour entre frères de l’assemblée de Jésus Christ. Elle doit être une communauté de croyants qui trouvent une identité et une valeur commune dans la personne ressuscitée et glorifiée de Jésus Christ, un endroit ou la gloire, la fierté, ou la vantardise doit être absent.
Il y a trois ans j’ai commencé une formation menant au Diplôme d’étude supérieur en théologie. Dans le cadre de ma formation j’ai fait en 2008 un travail de recherche sur le thème « l’Assemblée du Dieu vivant »
Jonathan a mis l’accent sur la gloire, (fierté) et particulièrement sur 1 Corrinthiens 1-31, je vous transmets un extrait de ce travail qui concerne plus spécifiquement la gloire dans l’église.
À QUI LA GLOIRE ?
Dans Louis Second, il est écrit « afin que comme il est écrit : que celui qui se glorifie se glorifie dans le seigneur » dans Semeur il est écrit « Si quelqu’un veut éprouver de la fierté qu’il place sa fierté dans le Seigneur » 1 Co. 1,31.
John Mac Arthur commente ainsi : « la pensée de se glorifier soi-même était en horreur à Paul. »
Malheureusement le danger dans les assemblées chrétiennes, c’est que sous le couvert des ministères d’enseignement, de service, d’exhortation, d’évangélisation… on aboutisse volontairement, ou involontairement à se glorifier soi-même.
Servir oui, mais pas pour ma gloire, ni pour l’apparence du monde, ni pour le plaisir malsain de se sacrifier pour le Seigneur, mais plutôt servir humblement, discrètement pour la gloire de Dieu, servir avec Dieu au centre et en ressentir la paix et la joie.
Dans Galates 5-26 concernant la gloire il est écrit « Ne cherchons pas une vaine gloire, en nous provoquant les uns, les autres, en nous portant envie les uns les autres. »
Il semble donc y avoir deux sortes de gloire dans l’assemblée des croyants, celle de la recherche de gloire personnelle dans le service et dans l’exhortation, et celle que Paul appelle la gloire que procure la provocation et l’envie.
Gilles Georgel commente ainsi ce passage de Galate: nous devons réaliser que le plus grand ennemi de la liberté que le Christ nous a acquise ne se trouve pas en dehors, mais au dedans de nous. Cet ennemi de notre liberté, a un nom, l’orgueil, et un lieu dans lequel il se plaît à se manifester le plus c’est dans la communion fraternelle. La gloire personnelle, cause de grand dommage dans l’assemblé, la vérité, c’est que le plus souvent les principales causes de conflits et de disputes surgissant entre frères et sœurs ne sont pas d’ordre doctrinal, mais proviennent de l’affirmation des traits caractères « contrôlant, victime, manipulateur, juge, soumis, etc. ». Il provient ensuite de la volonté de chacun de défendre en priorité son image et du besoin de tout régimenter, de porter des jugements, ou de transmettre des paroles blessantes et humiliantes. Ces attitudes et ces comportements sont en contradiction complète avec l’ordre et l’exemple du Christ – qui est de nous aimer et de nous servir dans l’humilité, le respect et l’égalité.
Ce type de recherche de gloire (fierté) personnelle est cause de blessures multiples entre frères et sœurs. La Bible nous donne plusieurs exemples qui, à partir de cas concrets, sont pour nous autant d’avertissements et d’encouragements à la vigilance. Citons parmi les plus courantes : Luc 22, 24-27 ; Matthieu 20, 20-28 ; 3 Jean 9 : la recherche de la considération, de la grandeur, de l’honneur, le désir d’occuper les places les plus en vue, Philippiens 2, 3-4 : l’ambition personnelle, la rivalité, l’esprit de compétition, Romains 14, 1 ; 2 Timothée 2, 23-24 : le désir et le besoin d’imposer son opinion, d’avoir raison, de contrôler, l’intolérance, la rigidité d’opinion, l’incapacité à accepter les différences de points de vue sur des choses secondaires, Nombres 12, 1-3 : l’envie, la jalousie, Hébreux 12, 14-15 : l’amertume née du refus de faire grâce et de pardonner, Matthieu 19, 8 : la dureté de cœur, le refus de reconnaître ses torts, de s’humilier, de se repantir, Éphésiens 6, 4 : une trop grande sévérité, de trop grandes attentes, une trop grande exigence.
Pour revenir à la question : À QUI LA GLOIRE
Il n’y a pas de gloire à rechercher puisqu’il est écrit : « C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ép 2, 8. «En effet, c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est pas par les œuvres, afin que personne ne puisse se vanter.» (Éphésiens 2.8-9).
Ainsi, la foi vient de Dieu et les œuvres sont prédestinés par Dieu. Ce que nous sommes, nous le devons donc à Dieu : « car nous sommes son ouvrage, nous avons été créés en Christ pour des œuvres bonnes que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions. » (Éphésiens 2,10). « S’il faut se glorifier, c’est de ma faiblesse que je me glorifierai ! » 2 Co 11-30, « Si quelqu’un pense être quelque chose, quoiqu’il ne soit rien, il s’abuse lui-même, que chacun examine ses propres œuvres, et alors il aura sujet de se glorifier pour lui seul, et non par rapport à autrui » Ga 6, 3-4
À qui la gloire sinon à Dieu.
Quelle tristesse de penser à toute cette énergie que l’on gaspille inutilement à tenter de se glorifier personnellement, alors qu’il manque tellement d’énergie spirituelle dans le monde pour glorifier le Seigneur et favoriser le salut du monde.
UNE DEUXIÈME QUESTION SE POSE :
Que faire avec les membres qui se sont égarés de la vérité?
Paul écrit aussi dans Romain 12-18 : « S’il est possible, autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes. »
Mac Arthur commente ainsi ce passage : même lorsque, on fait tout pour être en paix avec les autres, il n’est pas toujours possible de parvenir à ce but, car la paix dépend aussi de l’attitude et des comportements des autres.
Que faire avec ces membres égarés, car selon Paul il risque de contaminer tous les membres de l’assemblée. En effet, Paul écrit « C’est bien à tort que vous vous glorifiez. Ne savez-vous pas qu’un peu de levain fait lever toute la pâte? Faites disparaître le vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle, puisque vous êtes sans levain, car Christ, notre Pâque, a été immolé. » 1 Co 5, 6-7
Lors d’un enseignement du dimanche le pasteur avait dit: « Frères et sœurs, l’assemblée des croyants, c’est un atelier d’apprentissage de l’amour du prochain. » Certes, mais Paul n’écrit-il pas dans 1 Thes. 5-14 « Nous vous prions aussi, frères, avertissez ceux qui vivent dans le désordre, consolez ceux qui sont abattus, supportez les faibles, usez de patience envers tous. » Il écrit aussi dans Gal. 6, 1 « Frères, quand même un homme s’est laissé surprendre par quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez un tel homme dans un esprit de douceur, prenant garde à toi-même, de peur que toi aussi tu ne sois tenté »
Mac Arthur dit : le devoir de l’assemblé c’est de prier pour l’égarer, mais prier ne libère pas de la responsabilité d’avertir et de le ramener à la vérité. « car Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix » 1 Cor 14, 33. Dans toutes les Églises des saints, la maison du Seigneur doit correspondre à sa pensée et à l’ordre qu’il veut y voir régner, par conséquent, puisque « la sainteté sied à ta maison, ô Éternel » (Ps. 93:5), il relève de la responsabilité de l’assemblée de maintenir la demeure du Seigneur, pure et sainte. Si toutefois, le membre en question n’est pas prêt à reconnaître sa faute, à changer de comportement, ni à se repentir, il menace sa qualité de membre.
C’est au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ qu’il faut agir, il n’y a pas de plus grande autorité, « nous vous enjoignons, frères, au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, de vous retirer de tout frère qui marche dans le désordre » 2 Thes. 3, 6. « Frères, si un homme vient à être surpris en quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le avec un esprit de douceur » Ga 6, 1, « Mes frères, si quelqu’un parmi vous s’est égaré loin de la vérité, et qu’un autre l’y ramène qu’il sache que celui qui ramènera un pécheur de la voie où il s’était égaré sauvera une âme de la mort et couvrira une multitude de péchés. » Jacques 5, 19-20.
Ramenez à la vérité avec amour, mais aussi avec fermeté. « Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. Mais, s’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l’affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Église; et s’il refuse aussi d’écouter l’Église, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain. » Matt 18 v 15-17.
Matthieu écrit au chapitre 7 v. 1-2 « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez. » Matt 7 v 1-2. L’action de ramener le frère (la sœur) égaré (e) ne doit donc pas être le fait d’un esprit de jugement, mais dans un esprit d’amour pour le membre, mais aussi dans un esprit d’amour pour toute l’assemblée, car c’est le bien de l’assemblé, le corps de Christ qui doit prévaloir, tout doit s’exercer dans la responsabilité devant Dieu, dans l’intercession et dans l’écoute du Saint-Esprit.
En terminant, que celui qui se glorifie se glorifie dans le seigneur » « Si quelqu’un veut éprouver de la fierté qu’il place sa fierté dans le Seigneur » 1 Co 1, 31 « Par la grâce qui m’a été donnée, je dis à chacun de vous de n’avoir pas de lui-même une trop haute opinion, mais de revêtir des sentiments modestes, selon la mesure de foi que Dieu a départie à chacun. » Romain 12,3. « Dieu résiste aux orgeuilleux, mais il fait grâce aux humbles » Jc 4, 6-8.
L’assemblée des croyants, la communion fraternelle, c’est un atelier d’apprentissage de l’amour du prochain. Le prochain c’est chacun des membres de l’assemblée prit individuellement, mais c’est aussi l’assemblée comme groupe, comme corps du Christ. « Car, comme nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que tous les membres n’ont pas la même fonction, ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ, et nous sommes tous membres les uns des autres. Romains 12, 4-5. « sois un modèle pour les fidèles, en parole, en conduite, en amour, en foi, en pureté » 1 Tim 4,5
L’amour du prochain c’est d’abord et avant tout de ramener à la vérité. « Mes frères, si quelqu’un parmi vous s’est égaré loin de la vérité, et qu’un autre l’y ramène qu’il sache que celui qui ramènera un pécheur de la voie où il s’était égaré sauvera une âme de la mort et couvrira une multitude de péchés. » Jacques 5, 19-20.
Ramener à la vérité avec amour, douceur et compassion, mais devant l’absence de repentance soyez ferme, dit Mac Arthur afin que « la sainteté sied à ta maison, ô Éternel » (Ps. 93:5) « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi; car il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne. » Matthieu 5,29 « Ne savez-vous pas qu’un peu de levain fait lever toute la pâte »1 Co 5, 6-7.