Comment comprendre Proverbes: quelques notes utiles


Il serait important de faire quelques remarques sur le livre en général avant de plonger les regards dans le chapitre premier. Le livre des Proverbes offre des conseils pratiques pour la vie en trois volets principaux : le premier volet qui couvre les chapitres 1 à 9 est sous forme de conseils au niveau de l’intégrité morale (c.-à-d. prêter attention au conseil des sages et se préserver de la femme adultère).

La structure du livre change à partir du chapitre 10 et semble s’intéresser davantage aux conseils pratiques pour la vie dans la communauté. On parle de la nature et la poursuite de la justice, l’utilisation modérée de la langue (les paroles), les relations dans la communauté, le travail séculier, comment gérer les finances, et le gouvernement royal.

Le dernier volet du livre continue dans le même sens que le deuxième mais diversifie la présentation des conseils sous différentes formes littéraires. La première partie d’un vers par exemple, présente les conseils sous forme d’affirmations tandis que la deuxième partie du vers réaffirme le même conseil sous forme de négation mais venant d’un autre angle.

Il est aussi nécessaire de remarquer que le livre des Proverbes fait appel à la poésie pour présenter son message. Même si la structure de chaque section poétique varie au travers du livre, le lecteur averti fera bien de déceler les mots principaux qui présentent le thème de chaque section poétique. Souvent, l’idée principale se résumera par un mot principal qui sera répété et autour duquel d’autres petits mots complèteront la forme et la structure. Le même thème reviendra à plusieurs reprises dans différents contextes. (ex. : Prov 1.2-4)

 

Contexte théologique/évangélique

La recherche et la compilation de sagesse ne sont pas une chose unique à la Bible. Cette activité est commune à la race humaine depuis les tout débuts de l’histoire. Les cultures du monde parmi lesquelles Israël prit sa place avaient développé des dictons de sagesse qui furent compilés au fil de leurs histoires distinctes. Il est dit de Moïse par exemple qu’il avait été enseigné dans toute la sagesse des Égyptiens. (Actes 7.22) Il est donc intéressant de constater que la collection et la poursuite de sagesse sont une activité qui est commune à l’être humain.

Ce qui distingue Israël parmi les autres cultures est que la recherche et la compilation des écrits sur la sagesse se faisaient selon la révélation divine de Yahweh. On ne parle pas de résultats d’expériences purement religieuses, ni même des observations disparates sur les causes et effets de la vie. Les écrits de sagesses sont directement influencés par la révélation de Dieu lui-même à son peuple dans tous les aspects de leurs vies. La dimension religieuse n’est donc pas séparée des autres dimensions de la vie du peuple d’Israël.

Une théologie biblique de la sagesse doit donc avoir comme point de départ la révélation de Dieu. Si l’on considère le récit de la Genèse, on constate comment Yahweh a révélé l’ordre divin à Adam et Eve pour leur bonheur ultime. Au fur et à mesure que la révélation biblique progresse, on constate comment la révélation progressive de Yahweh forme le cadre dans lequel tous les décisions et désirs du peuple puisent leurs fondements.

C’est cette révélation empreinte de sa grâce qui devient le prisme au travers duquel chaque fait et chaque expérience sont interprétés. En termes bibliques, Proverbes 1.7 nous annonce, « La crainte de l’Éternel est le commencement de la science. » La sagesse est donc intimement reliée avec une perception exacte et juste de la réalité selon la révélation de Dieu.

Ceci dit, il est important de noter que Proverbes est fortement influencé par le genre poétique et possède des caractéristiques particulières au niveau de l’interprétation. Nous ne prendrons pas le temps d’examiner cet aspect en profondeur, mais il suffit de garder en tête que les affirmations du livre reflète l’ordre général des choses. Les versets ne doivent pas être interprétées comme des promesses absolues qui garantissent le succès à tout prix. La vie est remplie de surprises et les principes de sagesse ne doivent pas être déconnectés de leurs contextes.

Finalement, si le thème de la rédemption semble être étrangement absent des discours sur la sagesse, il est tout de même présent au travers de typologies qui préfigurent la venue du Méssie, celui qui accomplira la sagesse de Dieu au travers de sa rédemption. David et Salomon produiront beaucoup d’écrits de sagesse et c’est au début de l’époque des rois d’Israël que nous parvient la majorité des écrits sur la sagesse que nous avons aujourd’hui. Mais ce que l’histoire rédemptrice nous fait comprendre est qu’en dépit des connaissances sur la sagesse, même les champions de la sagesse ont besoin d’être secourus de leurs folies. Ce n’est pas pour rien que l’auteur du livre d’Ecclésiastes déclare à la fin de son discours…

Crains Dieu et observe ses commandements. C’est là ce que doit faire tout homme. 16 Car Dieu amènera toute oeuvre en jugement, au sujet de tout ce qui est caché, soit bien, soit mal. (Ecc 12.15-16)

L’Évangile est donc l’invitation ultime et parfaite de la sagesse qui appelle l’être humain à voir et expérimenter la réconciliation avec Yahweh. Le prophète Ésaïe, par exemple, décrit la venue du Messie en terme de sagesse dans Ésaïe 11.1-3.

Puis un rameau sortira du tronc d’Isaï, Et un rejeton naîtra de ses racines. 2L’Esprit de l’Éternel reposera sur lui : Esprit de sagesse et d’intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de crainte de l’Éternel. 3 Il respirera la crainte de l’Éternel; il ne jugera point sur l’apparence, Il ne prononcera point sur un ouï-dire.

Celui qui écoute l’évangile et qui place sa confiance dans la personne et l’oeuvre de Jésus Christ fait donc preuve de sagesse. L’Apôtre Paul utilisera ce même langage pour encourager le jeune Timothée concernant son salut.

dès ton enfance, tu connais les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi en Jésus-Christ (2Tim 3.15)

Si Jésus Christ manifeste la sagesse de Dieu, être réconcilié avec Dieu au travers de Jésus-Christ devient donc une démonstration superbe de sagesse. Mais la sagesse ne s’arrête pas là. Le salut par la foi ne nous dégage pas de notre responsabilité de continuer à poursuivre la sagesse de Dieu dans tous les domaines de nos vies.

Le salut n’est pas une formule magique qui nous garantit une sagesse à toute épreuve. En d’autres mots, le salut que nous procure la grâce de Dieu ne nous dégage pas de notre responsabilité vis-à-vis de nos décisions et des conséquences de nos décisions. Le chrétien doit donc prêter attention au discours de la sagesse avant, pendant, et après son expérience du salut par la foi en Jésus Christ.

Nous sommes enclins à la folie même après avoir goûté au salut par la foi. La sagesse nous invite à essayer de comprendre la vie à la lumière de ce que Christ nous révèle. Car, la révélation du salut en Christ est en continuité avec la révélation de Dieu depuis la Genèse. Elle ne la remplace pas. Elle ne fait que la compléter. Nous savons que nos actions sont à la fois teintées par notre penchant pour le péché et notre tendance à la folie.

Ce qui fait notre joie et notre réconfort est que lorsque nous cédons au péché ou à la folie, nous nous réfugions dans la justice de Jésus-Christ. Et lorsque nous péchons et agissons comme des fous, nous devenons sage lorsque nous nous tournons vers Christ pour être de nouveau réconcilié à lui par la confession de nos péchés. Jésus Christ devient notre sagesse, et nous devenons sages lorsque nous nous confions en lui.

 

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