L’histoire de Noël est intrigante à plusieurs niveaux. On ne peut pas s’empêcher de s’exclamer devant l’annonce de l’ange Gabriel qui parle à une jeune femme à peine sortie de l’adolescence. On est émerveillé par la réalisation de prophéties qui datent de 700 ans auparavant qui annoncent avec une précision inconfortable la venue de l’enfant. Les personnages dans l’histoire sont captivants, et les circonstances du récit sont à la fois banales et sortes de l’ordinaire. C’est un drôle de mélange cette histoire de Noël!
Mais au milieu de toutes ces choses particulières, nous faisons connaissance avec ce bébé enrobés dans la paille. La scène nous frappe de façon particulière. Même si cet enfant est né dans ce monde comme nous, il n’est vraiment pas comme nous.
Ce que je veux dire est que si Noël semble être un temps féérique, rempli de magie, c’est peut-être parce qu’à l’origine Noël nous parle de quelque chose qui n’est pas comme nous et qui s’ingère dans notre monde. C’est à la fois intriguant et merveilleux. Que vous croyez dans l’au-delas ou pas ou dans l’authenticité de cette histoire, la naissance de Jésus, de par sa nature, ne vous laisse pas indifférent.
Le texte choisi pour cette réflexion de Noël fut l’inspiration pour un chant de Noël qui fut interprété par notre chorale ad-hoc lors de notre célébration de Noël à l’église dimanche dernier. Il s’agit du cantique « D’un arbre séculaire » écrit dans les années 1500 et traduit en français peu de temps après. Si la mélodie est envoutante, les paroles du cantique sont encore plus captivantes lorsqu’on considère comment l’image de l’arbre séculaire reflète comment Dieu restaurera gracieusement à lui-même un peuple qui lui est fidèle.
Le fondement du cantique est cette annonce d’un plant qui sortira de la racine d’Isaï (le père du roi David) mais qui sera d’une nature différente que le reste du tronc. C’est un drôle de mélange de continuité et de discontinuité. J’ai donc choisi d’intituler cette prédication de la manière suivante : Jésus n’est pas comme nous, mais.. Et c’est dans ce sens que je vous invite, cher lecteur, à considérer trois pistes de réflexions sur la venue de Jésus-Christ. Mon désire est que ces réflexions puissent donner un sens plus profond et plus précis de ce qui fait la féérie de Noël.
Jésus n’est pas comme nous, mais il est venu parmi nous.
11 Puis un rameau sortira du tronc d’Isaï, Et un rejeton naîtra de ses racines. 2L’Esprit de l’Éternel reposera sur lui: Esprit de sagesse et d’intelligence, Esprit de conseil et de force, Esprit de connaissance et de crainte de l’Éternel. 3Il respirera la crainte de l’Éternel; Il ne jugera point sur l’apparence, Il ne prononcera point sur un ouï-dire.
Le mystère de Noël est une réponse à un dilemme. Comment le Créateur de l’univers peut-il pratiquement visiter sa création. Dans l’AT, un des thèmes le plus évident est la réalisation que Dieu ne peut pas habiter parmi sa création. Il est saint. Il n’est pas comme nous. Pour s’approcher de Dieu, on ne se présente pas n’importe comment. Ce n’est pas que Dieu est loin. C’est simplement le fait que Dieu n’est tellement pas comme nous.
Comment puis-je même m’adresser à celui qui créé l’univers par sa simple parole? J’ai de la difficulté à comprendre l’étendu de l’univers et encore plus ce qui s’y trouve. Comment débuter une conversation avec le maître de l’univers???
Et pourtant, ce même Dieu trouve le moyen de se faire assez petit pour habiter dans le corps d’un enfant …quelque chose avec lequel nous pouvons tous nous identifier. Jésus n’est pas comme nous, mais il est venu parmi nous.
Jésus n’est pas comme nous, mais il est venu à cause de nous.
4Mais il jugera les pauvres avec équité, Et il prononcera avec droiture sur les malheureux de la terre; Il frappera la terre de sa parole comme d’une verge, Et du souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant. 5La justice sera la ceinture de ses flancs, Et la fidélité la ceinture de ses reins.
Dieu n’est pas comme nous. Il est toujours juste. Il est toujours bon. Il est toujours vrai. Et ça ne prend pas longtemps pour nous de constater que nous ne sommes pas comme ça. Nous ne sommes pas comme lui. En dépit de nos meilleurs efforts, nous sommes rarement justes. Nous ne sommes pas toujours bons, et souvent, nous faisons le mal en croyant faire le bien.
Nous n’aimons pas souvent la vérité. Nous préférons même créer notre propre vérité. Notre sens de la réalité varie selon nos perceptions. Si nous sommes honnêtes envers nous-même, ça ne prend pas longtemps pour voir que nous sommes constamment inconstants.
Dieu vécu parmi nous à cause de nous. Il a vécu de manière juste et fidèle. Seul Dieu pouvait faire une telle chose. Noël est un rappel gracieux que la justice de Dieu nous condamne équitablement avec raison à cause de notre enclin à faire ce qui est mal. Ça nous fait drôle de l’admettre, mais si Dieu ne punit pas notre propre injustice, Dieu n’est lui-même pas juste.
Donc Dieu n’est pas venu pour lui-même. Il est venu à cause de toi et moi. Jésus n’avait pas besoin de naître pour lui-même. Jésus avait besoin de naître parce que nous sommes destinés à être jugés par Dieu à cause de la folie de notre péché. Jésus n’est pas comme nous, mais il est venu à cause de nous.
Jésus n’est pas comme nous, mais il est venu pour nous.
6 Le loup habitera avec l’agneau, Et la panthère se couchera avec le chevreau; Le veau, le lionceau, et le bétail qu’on engraisse, seront ensemble, Et un petit enfant les conduira. 7 La vache et l’ourse auront un même pâturage, Leurs petits un même gîte; Et le lion, comme le boeuf, mangera de la paille. 8 Le nourrisson s’ébattra sur l’antre de la vipère, Et l’enfant sevré mettra sa main dans la caverne du basilic. 9 Il ne se fera ni tort ni dommage Sur toute ma montagne sainte; Car la terre sera remplie de la connaissance de l’Éternel, Comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent.
La magie de Noël se trouve dans le fait que pour un moment de l’année, les êtres humains se comportent plus comme ils devraient se comporter. Mais même cela nous semble étrange.
Si nous sommes vraiment honnêtes avec nous-mêmes, nous avons hâtes que la saison de Noël achève pour que nous pussions retourner à notre train de vie plutôt égoïste.
Par exemple, on apprécie être avec les membres de notre famille élargie pour quelques heures, mais on est soulagé de pouvoir rentrer chez nous et de ne pas avoir à les revoir pour un bon bout de temps. On apprécie pouvoir donner de notre temps et de nos ressources en vue de faire du bien envers les autres, mais on est aussi soulagé de pouvoir vivre pour nous mêmes par la suite. On est même content d’apporter de la joie à des étrangers dans le temps de Noël, mais on est aussi soulagé de ne pas se soucier de l’étranger pendant le reste de l’année.
La saison de Noël perturbe nos vies plutôt égoïstes. Ce petit enfant dans la crèche nous interpèle. Il vient bouleverser l’ordre naturel et corrompu de la nature. Mais quand on s’y arrête pour considérer sa venue, on ne peut pas s’empêcher de croire qu’il vient peut-être pour restauré quelque chose qui est brisé. Si Noël semble nous rappeler de quoi le monde devrait avoir l’air, c’est parce qu’à quelque part, le monde à perdu son chemin.
Si l’on revient au texte d’Ésaïe, on ne peut concevoir un loup habiter auprès d’un agneau, …mais comment on aimerait que cela soit le cas! Écoutez les souhaits plutôt innocents des petits enfants et vous comprendrez de quoi je parle. Il y a quelque chose en nous qui est continuellement en révolte contre le mal et l’injustice qui habite notre monde. Et je vous propose l’idée que cet écho qui remue nos âmes n’est pas un simple voeux idéaliste et irréaliste. Quand nous regardons le récit de Noël, nous revenons à nos souhaits d’enfance que n’osons à peine dire tout bas comme adultes. Quand nous contemplons l’enfant Jésus, nous sommes bouleversés avec les bergers et les rois mages par la simplicité et la profondeur de la vérité qui se trouve devant nous dans cette crèche. Jésus n’est pas comme nous. Il n’est pas de ce monde. Mais pourtant, il est là, devant nous. Et juste le fait de faire sa connaissance éveille en nous l’espoir du bien, de la justice et du droit. Quel mystère!
Conclusion
Jésus n’est donc pas venu pour lui-même. Pourquoi donc? Il n’a pas besoin de nous! Jésus est venu pour toi et moi. C’est plutôt nous qui avons besoin de lui!
Il est le Seigneur de Noël parce que Noël est son idée. Il est le Sauveur de Noël parce que tu as besoin d’espoir et de salut dans un monde qui de toute évidence n’est pas normal. C’est bien ça que Noël nous annonce. Il existe un monde, là où l’ordre des choses ressemble à ce que nous soupçonnons être l’idéal, mais qui nous échappe à cause du péché qui vient brouiller l’image devant nous. À peine sommes-nous transporté pour un moment dans un monde d’une beauté si palpable et étrangement familière que l’image se dissout et le brouillard nous cache la vue.
Si Noël semble être un temps drôlement magique, voir même féérique, c’est peut-être parce qu’à l’origine l’histoire parle de quelqu’un qui amena vers nous les échos d’un autre monde qui vient remettre en question ce que nous croyons être normal. Et si cette vie n’était pas normale? S’il existait autre chose, encore plus vrai? Si ce monde n’était qu’une image brouillée de la vraie vie telle qu’elle fut conçue à l’origine par un maître architecte sage et bienveillant?
Voilà l’espoir dont nous parle Noël. Voilà justement la bonne nouvelle qu’annonce les anges. Voilà précisément ce qui réjouis les bergers, les rois mages, et les prophètes d’entant. Et voilà ce qui fait la magie de Noël, ce temps où des gens comme vous et moi sortons de leurs coquilles égoïstes pour s’aventurer pour quelques moments à suivre cette lueur d’espoir au milieu d’un monde corrompu et brisé par le mal.
Que faire avec cet enfant dans une crèche? Que faire de la l’existence d’une autre réalité, là où la justice et la paix véritables règnent, là où ce que nous ne pourrions jamais espérer voir réconcilié dans ce monde trouve une place tout à fait normale dans l’autre monde en parfaite harmonie.
Même si l’Évangile n’est pas le seul thème de la Bible, il en est pourtant le message central. C’est pourquoi je vous propose de considérer ce passage bien connu dans Jean 3.16 comme étant l’expression la plus claire de l’espoir qui fait la magie de Noël.
Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.