Dieu et mon prochain dans l’adoration


Lorsque nous parlons de l’adoration dans le contexte de l’église, il nous faut premièrement faire une distinction entre la dimension personelle et celle qui est communautaire (l’Assemblée des Chrétiens). On peut assigner le blâme pour la confusion qui existe souvent entre ces deux dimensions à notre climat culturel (et nos traditions d’églises qui en découlent) qui priviligie l’expression personnelle comme valeur suprême, et ce, souvent aux dépends de notre identification avec la communauté des rachetés. Pour revenir à une perspective authentique de l’adoration au sein de l’église, il nous faut revenir à ce qui définit la raison d’être de l’église : former un corps qui ressemble en paroles et en oeuvres à Jésus-Christ. (Ex. Col 3.15)

Ceci ne veut pas dire pour autant que les rencontres de l’église sont dénudées d’une expression personnelle de la part de chaque membre individuel. Il est plutôt question de ce qui motive l’adoration de chaque individu dans le contexte d’une l’église qui est appelée à ressembler au Seigneur Jésus-Christ.

Point de départ

Notre point de départ est donc notre raison d’être dans l’adoration lorsque nous nous assemblons ensemble dans le contexte des rencontres publiques de l’église. Voici donc quelques idées de base pour cette discussion.

Le but de l’adoration dans les rencontres publiques de l’église est premièrement de rendre à Dieu un culte que Lui approuve. Nous voulons glorifier Dieu et nous voulons le faire d’une manière que Lui-même nous affirme Lui rend hommage et honneur. (Ex. les fils d’Aaron dans Levitiques 10.3 qui offrirent à l’Éternel un « feu étrangé » que Dieu n’avait pas commandé)
La manière que nous adorons Dieu dans l’Assemblée des rachetés doit contribuer à l’unité de ceux qui se rassemblent, d’où l’importance de l’unité du Corps de Christ et la recherche de l’unité de l’Esprit. (Ex. Ephésiens 4.1-6)

La seule base de l’unité dans l’église est la Parole de Dieu. Nous devons éventuellement préciser que nous parlons de la Bonne Nouvelle de l’Évangile en particulier qui s’applique de façon pratique dans nos vies comme un agent de réconciliation. Dans un premier temps, la Bonne Nouvelle est le message au travers duquel nous croyons dans la restauration d’un individu avec son Dieu par l’oeuvre de Jésus à la croix. Dans un deuxième temps, l’Évangile est le message qui nous appelle à la restauration dans nos relations avec les autres. (Ex. l’application double du plus grand commandement dans Luc 10.27)

Lorsque nous considérons la raison d’être de l’église, nous voyons que l’édification des frères et soeurs prend une place de premier rang dans la vie de l’église et par conséquent, la marque d’une église en santé est la priorité accordée dans l’édification de l’ensemble de ses membres au travers de ses rencontres et ministères.

L’édification comme priorité dans l’église

Dans le Nouveau Testament, le mot le plus souvent traduit par « édifier » est le terme oikodomeo qui littéralement veut dire « bâtir ». Dans les évangiles, oikodomeo est plutôt utilisé dans le sens de bâtir sur un fondement solide. On pense par exemple à la parabole des deux hommes qui bâtirent leurs maisons : un qui bâtit la fondation jusque dans le roc, et l’autre qui bâtit la fondation de sa maison de façon superficielle dans la terre sableuse. (voir Matthieu 7.24-27)

Mais dans le écrits de l’apôtre Paul, le terme semble ajouter une dimension qui tient compte de la communauté du Christ. Cela est logique parce que l’on commence à parler des débuts de l’église où les Chrétiens se rassemblent non seulement pour s’identifier à Christ, mais pour partager leur foi commune dans les liens de l’amour msnifesté en Christ. Si dans l’évangile oikodomeo se refére à la nécessiter de bâtir sur un fondement solide qui est Christ, une fois que l’église prend forme, oikodomeo commence aussi à faire allusion aux implications de l’édification dans la vie de l’église. (ex. le moi en Christ et le nous en Christ)

Dans les écrits de Paul, édifier tient compte de comment contribuer à la part de l’édifice que Dieu est en train de bâtir dans la vie de mon frère ou de ma soeur dans le Seigneur.

Adorer Dieu dans l’église n’est pas juste le produit d’une conviction personnelle

Dans 1 Corinthiens 8, l’apôtre Paul répond à une question qui lui fut probablement posée par l’Église de Corinthe dans une lettre précédente au sujet de la viande offerte aux idoles. Pour nous, la question peut sembler bien bizarre, sans même mentionner la pratique d’offrir de la viande à une idole!

Apparement, la viande offerte aux idoles était une viande à meilleure marché. Elle avait déjà servit dans un rituel. Il est facile de comprendre comment un prêtre de tel ou tel système religieux voyait au travers du sacrifice religieux un moyen de se faire un peu d’argent tout en évitant de gaspiller de la viande qui était propre à manger, voir même déjà cuite dans certains cas.

(NOTE : dans le culte du tabernacle et du temple, une portion du sacrifice était pour les prêtres et les Lévites, une autre était brulée, et l’autre était pour manger au tabernacle ou au temple par ceux qui offraient le sacrifice. Voir par exemple Lévitiques 7.)

Comment un Chrétien devait-il se comporter dans ce cas? Dans cette section de la lettre, l’apôtre Paul réaffirme le rôle important de la foi d’un individu en lien avec son adoration du Dieu vivant. « Pour ce qui est donc de manger des viandes sacrifiées aux idoles, nous savons qu’il n’y a point d’idole dans le monde, et qu’il n’y a qu’un seul Dieu. » (1 Cor 8.4) Paul affirme que l’idol en soi n’a pas de valeur puisque c’est un mensonge. Seul Dieu est vivant. Mais cela n’équivaut pas à dire qu’en bout de ligne « Ça ne fait rien. »

Paul dirige notre attention à la relation entre l’idolâtrie et l’adoration du Dieu véritable chez un disciple de Jésus-Christ. Il est fort possible, par exemple, que là arrive un Chrétien qui adorait auparavant les idoles et qui maintenant doit faire une coupure complète avec ses anciennes pratiques à cause de son appartenance à Jésus-Christ. À cause de son arrière-plan, la conscience d’un tel frère dans le Seigneur est sensible à la question des viandes offertes aux idoles.

Quel dilemme! Alors si je n’ai pas cet arrière-plan et les idoles ne veulent absolument rien dire pour moi, est-ce que je devrais m’abstenir de manger cette viande? Est-ce que je devrais adorer Dieu selon mes convictions personnelles ou devrais-je restreindre mon adoration de Dieu pour tenir compte des convictions de mon frère dans le Seigneur? Qui est plus important?

C’est le Corps de Christ qui est le plus important. L’enjeu principal est de préserver l’unité du Corps de Christ. L’église est un mouvement où nous nous attendons mutuellement. Nous voulons et avons besoin d’avancer ensemble afin de rendre à Dieu un culte qui Lui est acceptable. (Ex. la Table du Seigneur dans 1 Cor 11.33)

Si l’on revient aux deux catégories de Chrétiens qui sont identifiés dans cette lettre de Paul, à savoir, ceux qui ne voyaient aucun problème avec l’idée de manger de la viande offerte aux idoles et les autres pour qui un tel acte équivaudrait à de l’idolâtrie, Paul exhorte directement ceux pour lesquels cette question ne vient pas enfreindre leur conscience. C’est comme s’il disait, « Étant donné que pour vous (ceux qui mangent la viande offerte aux idoles) ne voyez pas cela comme un sacrilège et que si vous en mangiez ou pas n’affecte pas votre conscience, par égard pour les frères qui ont un problème avec une telle habitude, ne mangez pas de la viande offerte aux idoles en leur présence. C’est l’attitude la plus aimable et édifiante que vous pourriez démontrer envers votre frère ou le Seigneur dans ce cas. »

Dans un certain sens, la conviction personnelle ne change pas. Elle s’exprime simplement d’une manière qui démontre réellement l’amour envers son prochain. Voilà le genre de conviction qui honore l’Éternel.

(NOTE : Si je tiens à une conviction qui nuit à l’édification de mes frères et soeurs dans la foi, il serait probablement une bonne idée de ré-examiner la motivation pour la conviction personnelle, à savoir si elle est même biblique ou fidèle à une vie qui se soumet à la Seigneurie de Jésus-Christ. Si après une évaluation biblique, la conviciton est toujours valable, il serait important d’évaluer si elle devrait faire partie de la vie de l’église. Dans ce cas, un enseignement fidèle de la Parole de Dieu au sein de l’église est nécessaire. Mais si après examination, la conviction en jeu est d’ordre secondaire, le Chrétien fait mieux de limiter l’expression de cette conviction afin de pouvoir contribuer activement à l’édification de ses frères et soeurs dans l’Assemblée.)

Adorer Dieu dans l’église n’est pas juste une expérience personnelle

Dans 1 Corinthiens 14, pour faire suite au fameux chapitre sur l’amour et pour parler pratiquement du principe présenté à la fin du chapitre 12, Paul souligne l’importance de l’édification de toute l’église dans la manifestation des dons individuels reçus par grâce.

(1 Cor 14.1-5) Recherchez la charité. Aspirez aussi aux dons spirituels, mais surtout à celui de prophétie. 2 En effet, celui qui parle en langue ne parle pas aux hommes, mais à Dieu, car personne ne le comprend, et c’est en esprit qu’il dit des mystères. 3 Celui qui prophétise, au contraire, parle aux hommes, les édifie, les exhorte, les console. 4 Celui qui parle en langue s’édifie lui-même; celui qui prophétise édifie l’Église. 5 Je désire que vous parliez tous en langues, mais encore plus que vous prophétisiez. Celui qui prophétise est plus grand que celui qui parle en langues, à moins que ce dernier n’interprète, pour que l’Église en reçoive de l’édification.

Paul ne fait pas un petit cas des dons accordés gracieusement par l’Esprit de Dieu. Le point qu’il souligne est la raison d’être de ces dons. Il est facile pour nous de s’approprier la valeur d’un cadeau en terme de notre valeur personnelle. Est-ce que Dieu m’accorde ce don parce qu’Il pense que j’ai une grande valeure? une valeure plus grande que les autres?

En fait, Dieu nous aime d’un amour inconditionnel, mais il nous aime dans le contexte de l’histoire de la rédemption dans laquel nous ne sommes qu’un acteur parmi tant d’autres. (voir Jean 3.16-17 par exemple) Il n’y a donc pas de « chou-chou » avec Dieu. Par nature, nous estimons que si nous avons reçu un cadeau de la part de quelqu’un, c’est parce que nous y sommes pour quelque chose ou même que nous méritons le cadeau. Mais n’est-ce pas une logique à contre-sens? Quelqu’un nous fait simplement un cadeau et nous posons tout de suite la question, « Mais pourquoi? ». Il y a forcemment une raison qui vient répondre à la question du pourquoi, non? Serait-ce possible qu’un individu nous donne un cadeau sans raison particulière?

Lorsque Dieu a fait des dons à l’église, plus précisement, aux membres du Corps de Christ, c’est en vu de l’édification de Son Corps qu’il accorde ces dons. Nous ne sommes pas appelés à participer au Corps de Christ en nous servant de nos propres moyens. Dans l’appel qui nous est adressé pour participer au Corps de Christ, nous recevons l’outilllage, si on veut, pour participer à l’édification de l’église. Nous pourrions exprimer ce concept théologique comme suit par exemple : Dieu édifie l’église au travers de sa puissance à l’oeuvre en nous.

Donc, lorsque j’adore Dieu dans le contexte d’un rassemblement de l’église, c’est plus pour l’édification de mon prochain que Dieu m’appelle à l’adorer que pour ma propre satisfaction. N’est-ce pas après tout ce que l’apôtre Paul est en train de dire dans 1 Cor 14.5?

Adorer Dieu dans l’église n’est pas juste une expression personnelle

Toujours dans la même lettre aux Corinthiens, Paul répond que même si la grâce m’a donné la liberté en Christ, cette liberté n’est pas pour faire ce que je veux. La liberté qui nous affranchie du pouvoir du péché est pour nous permettre d’experimenter le pouvoir de faire ce que nous devrions faire.

(NOTE : la liberté absolue est illogique et elle est à vrai dire un non-sens. Elle s’exprime tôt ou tard en brimant la dignité des autres autour de moi. Par définition, la liberté absolue ou la liberté à tout prix est centrée exclusivement sur soi. Elle est égo-centrique.)

(1 Corinthiens 10.23-24) Tout est permis, mais tout n’est pas utile; tout est permis, mais tout n’édifie pas. 24 Que personne ne cherche son propre intérêt, mais que chacun cherche celui d’autrui.

Dans le même ordre d’idée que celle des viandes offertes aux idoles, l’adoration au sein de l’église suit deux axes. Le premier est plutôt vertical si on veut, et se préoccupe de l’approbation et de la gloire de Dieu. Tout ne me sert pas nécessairement bien pour adorer Dieu. On ne s’approche pas de Lui n’importe comment. On ne Lui offre pas n’importe quoi non plus. Dieu est honoré par une adoration qui reflète sa nature. (Ex. Louer Dieu pour une qualité qui n’est pas la sienne serait Lui offrir une adoration qui ne Lui correspond pas. Ça serait un peu comme donner un prix de reconnaissance à un patron pour un projet qui fut réalisé avec succès quand le patron Lui-même n’a jamais réalisé le projet en question.)

Le deuxième axe concerne ma relation avec mon frère ou ma soeur dans l’Assemblée. Dieu nous a placé ensemble afin que nous nous édifions mutuellement. Dieu tient à notre croissance selon son image. Lorsqu’il regarde l’église, c’est Lui qu’il veut voir. C’est son église. Cela Lui appartient. (Ex. l’évaluation des 7 églises de l’Apocalypse faite par Jésus selon des critères qui correspondent à sa nature et à son oeuvre)

Nous pouvons conclure que même si j’adore Dieu de façon personnelle dans mon « culte personnelle » et que ce genre d’adoration reflète qui je suis et la manière que Dieu s’est révélé à moi dans mon quotidien, il n’en est pas de même pour mon adoration dans l’église du Seigneur. Lorsque j’adore Dieu au sein de son église, je veux faire grandir l’attachement de mes frères et soeurs au Seigneur Jésus-Christ.

Conclusion

Je ne veux pas laisser une impression que l’adoration au sein des rassemblements de l’église est tout autre que l’expression de ma marche chrétienne le reste de la semaine. Une distinction s’impose à cause de la motivation un peu différente qui ressort de chaque contexte. Nous ne parlons pas d’une séparation, comme si j’adore Dieu d’une manière en privée et d’une autre manière quand je participe dans un rassemblement de l’église. En fait, mon adoration de Dieu au sein de l’Assemblée se base sur mon adoration personelle du Dieu vivant en privé. Ce qui change est ma réponse à Dieu au travers de l’adoration.

Lorsque j’adore Dieu en privé, je suis motivé à le louer pour sa nature, à Lui rendre grâce pour son pardon, et à Lui obéir en vue de ma sanctification. Lorsque je viens adorer Dieu au sein de l’église, je suis certes motivé par la nature de Dieu et son oeuvre, mais je suis aussi motivé par la communion de mes frères et soeurs dans le Seigneur. L’Esprit de Dieu se sert de Ses dons et de Son oeuvre dans leurs vies (ainsi que la mienne) pour faire grandir Son église.

L’adoration au sein de l’église prend donc l’aspect d’une communauté qui se reconnait en Christ et qui célèbre cette reconnaissance au travers de ses rencontres publiques. C’est dans ce sens que l’exhortation de Paul dans sa lettre aux Philippiens nous donne une piste utile pour pratiquer l’adoration au sein de l’église du Seigneur.

(Philippiens 2.4) Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres.

Une réflexion sur “Dieu et mon prochain dans l’adoration

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