Peu de domaines dans la vie chrétienne suscitent plus de remords que le manque de prière chez le Chrétien. Je me rappelle avoir lu un article où l’on passait en entrevue Billy Graham il y a quelques années. L’entrevue laissait sous-entendre que malgré tout ce que Billy Graham a vécu et toutes les opportunités qui se sont présentées à lui dans les décennies de son ministère que l’homme lui-même a su préserver une intégrité morale et spirituelle remarquable. Billy Graham avait la réputation d’être un homme dévoué et passionné pour Jésus-Christ. Son dévouement dans la prière au petit matin et plusieurs fois par jours, son évangélisation personnelle d’une telle richesse, et sa consécration à répandre la Bonne Nouvelle sont presque sans pareils. Mais, c’est une question particulière du journaliste qui a vraiment attiré mon attention, une question que j’ai lue et relue plusieurs fois après la réponse de Billy Graham.
Journaliste : Avez-vous un regret particulier qui vous préoccupe face à tout ce que vous avez pu vivre et avoir comme expériences?
Billy Graham : J’en ai peut-être plus qu’un. Mais un en particulier me revient souvent à l’esprit. Je suis toujours insatisfait de ma vie de prière. J’aimerai savoir mieux prier, et prier plus souvent.
C’est quand même étonnant d’entendre une telle affirmation s’échapper des lèvres d’un homme qui avait aussi la réputation de mettre en pratique ce petit verset de 1 Thessalonicien 5.17.
Priez sans cesse.
Ça fait quelques années que j’ai lu ou entendu cette entrevue avec Billy Graham, et je crois commencer à comprendre ce qu’il voulait dire. En fait, ce n’est pas la prière comme discipline personnelle dont faisait référence M. Graham, c’est plutôt en rapport avec l’intimité dont il jouissait avec le Seigneur Jésus-Christ au travers de la prière. La prière n’est rien en soi. En faire un rite spécial et rempli de pouvoir quasi magique vide la prière de son sens. Car la prière n’est pas grand-chose sans avoir rétabli une relation avec Dieu lui-même, à moins que vous ressentiez un plaisir intense à vous entendre parler tout seul.
Dans 1 Roi 17 et pendant les quelques chapitres qui suivent, nous faisons connaissance avec un prophète assez particulier du nom d’Élie. Nous ne savons pas grand-chose sur sa personne, sinon l’endroit obscur d’où il provient. La Bible ne nous donne aucun détail sur sa vie passée, sur sa famille, sur sa relation avec l’Éternel avant ce récit. Nous le retrouvons tout simplement devant le roi Achab en train de dénoncer de façon très directe l’idolâtrie du roi, une idolâtrie représentative de la vie du peuple.
Élie, le Thischbite, l’un des habitants de Galaad, dit à Achab: L’Éternel est vivant, le Dieu d’Israël, dont je suis le serviteur! il n’y aura ces années-ci ni rosée ni pluie, sinon à ma parole. (1 Roi 17.1)
Une question évidente s’impose. « Non, mais, pour qui est-ce qu’il se prend celui-là? » Qui lui a dit de prier pour une sécheresse, et devant le roi d’Israël? En fait, d’où vient cette confiance dans la prière?
L’auteur du livre de Jacques a probablement eu cette même réflexion lorsqu’il écrivit Jacques 5.17.
Élie était un homme de la même nature que nous: il pria avec instance pour qu’il ne plût point, et il ne tomba point de pluie sur la terre pendant trois ans et six mois.
Élie veut dire « l’Éternel est mon Dieu. » Il faut bien comprendre que dans le temps d’Élie, Israël s’était détourné du culte de l’Éternel pour adorer d’autres dieux, et en particulier, un dénommé Baal (le dieu Cannanéen du tonnerre, des éclaires, et des orages). L’Éternel (YAHWEH) était quand même encore en place jusqu’à un certain niveau, mais les autres dieux de la région étaient plus prééminents dans les rituels du peuple. Pour Élie, il n’en était pas question. L’Éternel sera mon Dieu, et lui seul!
Élie : un homme dévoué (17.1)
En lisant attentivement le premier verset, nous pouvons tirer beaucoup sur la relation d’Élie avec le Dieu Yahweh.
- Connaissait l’Éternel “Yahweh”
- avait déjà fait l’expérience de l’Éternel dans sa vie passée
- l’Éternel avait déjà révélé ce qu’il allait faire… (Lire De. 11.17 et 1R. 8.35)
- l’Éternel remplissait tout son champ de vision
Quelles leçons puis-je tirer de la vie d’Élie en ce qui concerne sa confiance dans la prière? En voici au moins deux :
- Ma confiance lorsque je prie est proportionnelle à mon expérience de l’Éternel (Dieu présent).
- Ma confiance lorsque je prie est proportionnelle à mon écoute de la Parole de Dieu. (Jn 14.13-15)
Élie avait fait l’expérience de Dieu dans sa vie. L’Éternel l’avait préparé. C’est une observation qui devient plus claire dans les chapitres qui suivent. Élie est familier avec les voies de l’Éternel. Mais plus que cela, Élie savait être à l’écoute de la voix de l’Éternel. La prière était une route spirituelle à deux sens, une conversation divine où Dieu avait le privilège de scruter le coeur d’Élie et de lui en parler. Bien souvent, j’ai peur que nous pensions de la prière que c’est une simple adresse à Dieu. C’est certainement une adresse, mais ce n’est pas simplement une adresse. La prière est une conversation avec Dieu, une conversation entre mon esprit et l’Éternel qui a ravivé mon esprit. Et lorsque je prie, je suis en contact direct avec l’Éternel par son Ésprit qui intercède en ma faveur auprès de lui.
Jésus en a fait référence dans les écrits de l’apôtre Jean.
En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais au Père; et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. 14 Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai. Si vous m’aimez, gardez mes commandements. (Jn 15.12-15)
Avez-vous remarqué le petit bout de phrase à la toute fin? « Si vous m’aimez… »
Leçons d’une veuve (17.8-16)
Ce qui suit l’entretien d’Élie avec le roi et sa fuite subséquente dans le désert est aussi étonnant. L’Éternel s’adresse à Élie et lui ordonne de continuer sa route vers le nord, le berceau même du culte de Baal, en fait, dans la région natale de la reine Jézabel (femme d’Achab et fanatique puissante du culte de Baal). Dieu envoie Élie chez une veuve, vraisemblablement une païenne qui est sur le point de mourir, car elle est gravement atteinte par la sécheresse. Il ne lui reste plus de provisions.
Il faut simplement lire l’histoire. Les images sont dramatiques et extrêmement saisissantes. Élie lui vient en secours, mais demande qu’elle fasse preuve de foi en lui donnant le dernier peu de nourriture qui lui reste. La veuve lui fait confiance et Élie en tire un miracle et une leçon importante pour la veuve, et le reste du pays.
Là où le dieu Baal échoue, l’Éternel est glorieux. Baal semble s’être endormi (encore faut-il qu’il existe), mais l’Éternel lui est bien vivant! Il est l’Éternel qui pourvoit au milieu de la famine.
Quelques observations s’imposent :
- La veuve avait besoin de se savoir aimé de l’Éternel
- la foi de la veuve devait être mise à l’épreuve pour grandir
- l’Éternel n’était pas limité par les circonstances de la veuve (vs. Baal)
L’Éternel, par sa propre nature, est relationnel. Il est le Dieu trois fois saint. Il n’a pas besoin de personne. Il est complet en lui-même et jouit d’une relation parfaite en trois personnes. Cet esprit relationnel se retrouve à même la signification du nom de l’Éternel en hébreu Yahweh – le Dieu qui est présent, qui est là. Dans le Nouveau Testament, il nous est présenté de nouveau sous le nom Émmanuel – Dieu est avec nous.
Il ne faut pas manquer le reflet de l’Évangile qui se dégage de l’intervention de l’Éternel dans la vie de la veuve païenne. Il lui témoigne de son amour et de sa tendresse pour la restaurer à lui-même – elle qui ne fait pas partie du peuple de Dieu, mais qui dans la pensée de l’Éternel devait faire partie de sa famille. En ce qui concerne la prière, nous en ressortons une autre application.
Quand je prie est-ce que cherche la réponse à ma prière plus que le Dieu que je prie?
L’épreuve, un drôle de compagnon (17.17-24)
Lorsque nous arrivons au verset 17 de notre récit, nous sommes témoins d’un évènement soudain et qui ne semble pas bien se caser dans l’histoire. Du moins, je ne l’aurais pas écrite de cette manière-là. Un prophète de l’Éternel habite chez moi, j’ai été témoin de la compassion et la miséricorde de Dieu par la foi, et maintenant mon fils meurt de façon soudaine et inexplicable. J’en veux à Dieu!
En fait, si nous regardons de plus prêt, nous pouvons percevoir une action « pastorale » de la part de Dieu. Même Élie en est bouleversé! Jusqu’à présent la veuve voulait bien croire en Yahweh, mais l’Éternel voulait bien plus qu’un simple hochement de tête. Il est le Dieu relationnel par excellence. Il est celui qui sait remplir le vide du coeur humain. Celui de la veuve était encore vide même si elle était réceptive à la notion de l’Éternel qui est vivant. Dieu fait plusieurs choses autant dans la vie de la veuve, que dans son entourage, que dans la vie d’Élie. Lorsque Dieu travaille, tu peux être sûre qu’il est en train d’accomplir des millions de choses à la fois. Mais dans toutes ces actions, l’Éternel est celui qui restaure toutes choses à lui. Il est le Dieu restaurateur.
- Résurrection : le même Dieu qui permet à l’enfant de mourir est aussi celui qui peut le ramener à la vie – l’Éternel est le “bon” Créateur
- Restauration : s’engager envers Dieu (se repentir) conduit à la restauration si je réponds par la foi à Dieu au milieu de l’épreuve
Il y a de quoi prêcher l’évangile dans ce texte!
Mais j’aimerai aussi relever un aspect pastoral à ce récit. Car ce qu’Élie et la veuve vivent tous les deux est une crise de foi. Dieu n’agit pas de la manière que j’aurais cru. Ma foi est mise à l’épreuve. Qu’est ce que je fais?
Quelques principes utiles à cet effet
- Mieux connaître Dieu m’amène à une crise qui me demande de croire et de passer à l’action.
- Passer à l’action implique des changements majeurs dans ma vie. (un pas de foi)
- Quand j’obéis à l’Éternel, il poursuit son ministère de réconciliation au travers de ma vie.
Conclusion
Prier comme Élie est toute une aventure! Il ne me suffit pas de passer du temps à prier, même si cela est nécessaire pour prier de façon efficace. La prière efficace est le résultat d’avoir passé du temps avec l’Éternel, le Dieu vivant. Une réalisation plus importante que d’être prêt à s’engager dans la prière et de se demander si je suis prêt à écouter (pas juste « entendre ») ce que l’Éternel a à me dire. Est-ce que je prends le temps pour écouter ce que Dieu veut me communiquer? Est-ce que mon désir est de réellement connaître l’Éternel? Si tel est ton désire, alors attends-toi de vivre des moments où l’Éternel te rencontrera dans la prière, mais fais bien attention de ne pas mettre d’attente vis-à-vis de la manière que Dieu te rencontrera, ni à la manière que Dieu choisira de répondre à ta prière. Il est bon dans toutes ses voies, mais faut-il encore comprendre l’étendue de son oeuvre dans nos vies et les répercussions qu’entraînent nos requêtes si souvent lancées au ciel un peu à l’aveuglette. Par exemple, si je prie pour que Dieu augmente ma foi, il faudrait probablement s’attendre à ce qu’il éprouve ma foi.
Que le Seigneur nous garde et qu’il parle à nos coeurs. Amen.
Cette « situation » est exactement la « prétention » ( quoique le mot affirmation aurait été plus adéquat ) qu’on les évangéliques dans leur approche envers les « religieux ». L’argument sera d’affirmer qu’ils ne sont pas « dans une religion », mais dans une « relation » …. vivante avec Dieu. L’affirmation est vraie, et la théologie de la « chose » aussi, mais, dans la pratique, au-delà de la connaissance, de cette lecture de bouquins divers, sur divers sujets …. au-delà de ce que « untel » et X, Y ou Z dit, il ne semble plus y avoir une « connaissance expérimentée » de qui est Dieu …. cette démonstration de ceux qui « connaissant leur Dieu, agissent avec fermeté ». ( Daniel 11-32 )
L’entrée en relation intime avec Dieu, par la prière … mais selon et conformément à sa Parole, permet au croyant d’acquérir cette sagesse, qui est la mise en pratique de la Connaissance de Dieu …. non seulement dans les « grands principes en 3, 4 ou 5 points », mais dans les situations grandes ou petites de la vie.
Élie, démontre sa connaissance de la Torah, qui entre autre, bénie l’obéissance à YHWH, par la pluie abondante … et qui de même, maudit la désobéissance par la sécheresse. ( Deutérome 11- 13,14 et 17 ) Élie connait ces choses, et par la Foi et avec zèle pour LE Dieu Vivant et Vrai, va vouloir voir Dieu intervenir, et va aussi se tenir disponible pour être le serviteur de Dieu, en ce moment de grande apostasie. Il y a bien ces 6,000 loyaux envers YHWH mais Élie connais son Dieu et de ce fait, il n’a pas peur d’Achab ( comme Esdras entre autre ( 1 rois 18-8,9 ) ) et démontre la fermeté de celui qui connait son Dieu et témoigne de cette Foi de vainqueur.
Oui, le croyant, le « Né de Nouveau » a tout reçu pour entrer en Relation vraie et véritable avec son Dieu et Père ….. cette opportunité est-elle vraiment saisie ?
Élie a été une homme de la même nature que chacun d’entre nous …. En bout de ligne, nous avons tous ce qu’il faut pour être des « élies » …. non, des Jésus … Chrétiens, ne veut-il pas dire « petits-Christ » ?
marchons comme Il a marché …. dans Ses traces et Ses pas ….. et faisons que notre affirmation de Relation ( et non de religion ) en soit une « pour le vrai ».