Fait preuve d’une justice pleine de grâce


Lire Matthieu 5.38-42

Comme beaucoup de groupes distincts, les chrétiens subissent justement et injustement leur part de préjugés de la part de ceux qui comprennent mal leur perspective du monde. Le passage en considération dans ce billet en est un exemple classique.

Vous avez appris qu’il a été dit : oeil pour oeil, et dent pour dent. Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre. (Matt 5.38-39)

C’est quoi un chrétien? C’est quelqu’un qui ne sait pas se défendre. C’est quelqu’un qui se laisse faire, se laisse piétiner dessus, quelqu’un de qui on peut abuser sans s’attendre à une réplique. Du moins, c’est ce qu’on s’attend des plus sanctifier de parmi nous. Mais est-ce vraiment cela que Jésus est en train de nous enseigner ici? Après tout, comment est-ce que cette perspective s’accorde avec les imprécations du psalmiste pour la vengeance divine sur le méchant et la rétribution sur les ennemis de l’Éternel? Dieu n’est-il pas un juste juge? Le méchant n’est-il pas puni et le juste récompensé? Au fond, devrions-nous même essayer de faire le nécessaire pour empêcher le mal? Ne devrions-nous pas simplement regarder de loin et laisser faire en espérant que la justice de Dieu l’emporte sur le dessus sans une intervention de notre part?

Loin de là!

Le chrétien est passionné de justice, et surtout passionné de réconciliation avec la justice de Dieu. Le chrétien aime la vérité. Il aime lorsque celle-ci est appliquée de façon pertinente à la vie de tous les jours. Si il y un individu dans la société qui devrait réellement avoir à coeur la justice sociale et comprendre de façon profonde les enjeux, c’est bien le chrétien. Mais alors comment cela s’accorde-t-il avec le commandement de Jésus?

Proposition

La justice de Dieu nous enseigne que nous devons combattre le mal par le bien en faisant bon usage de sa grâce dans nos vies.

Le précepte

  1. Dans les anciennes civilisations du Moyen-Orient, on développa une série de lois qui avait pour but de restreindre la punition du fautif pour correspondre de façon équitable au crime commis. Les Romains développèrent ce sous-système légal sous une expression fameuse : lex talionis (loi du talion). En d’autres mots, la loi du talion est une sentence donnée pour limiter la rétribution et essayer de rendre une punition proportionnelle au crime commis.
  2. Dans l’époque de Jésus, les pharisiens avaient déformé la loi pour s’en servir à leur avantage. « Dent pour dent, oeil pour oeil » devint une excuse pour exécuter une vengeance particulière sur un individu.
  3. Lév 19.18 Tu ne te vengera point, et tu ne garderas point de rancune contre les enfants de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis l’Éternel.
  4. Lire Romains 12.14-21 (Paul avait probablement l’enseignement de Jésus dans Matt 5 en vue lorsqu’il écrivit ces mots.)

Le précepte est bon, mais il n’est pas la fin en soi. Tout ce que la loi du talion accomplit est une rétribution pour un crime commis selon le poids du crime. Ça résout le problème immédiat (c.-à-d. il faut que quelqu’un paye), mais cela ne fait rien de plus. Vivre par le principe d’une dent pour une dent ne m’aide pas à me faire des amis dans le monde. Où sont le pardon et la réconciliation dans cette affaire? Encore plus importante, où est la fameuse grâce de Dieu qui doit caractériser les enfants de Dieu? Ce n’est donc pas pour rien que Jésus ne se borne pas simplement à répéter qu’il nous faut vivre selon une justice équitable où nous subissons tout simplement les conséquences de nos actions, point final.

Le principe : ne résiste pas au méchant (v.39)

IL faut comprendre le sens du mot « résister » dans ce contexte. Dans la GR. Antisennai — exercer une résistance égale par le biais d’une force opposée qui lui est semblable. En d’autres mots, Jésus enseigne que ceux qui veulent marcher à sa suite doivent réagir différemment que celui qui vient de les outrager. En temps normal par exemple, on ne combat pas un incendie de forêt avec d’autres feux. Non, on le combat avec de l’eau! Le Chrétien est appelé à combattre le mal par le bien et non le mal par le mal.

Jésus explique : tu dois faire face au méchant, mais ne le fais pas de manière à imiter sa méchanceté. Vaincs la méchanceté par la bonté.

Une vieille dame pieuse, mais dont l’âge l’avait rendue un  peu excentrique fut irritée lorsque ses voisins oublièrent de l’inviter à un certain pique-nique. Lorsque la famille se rendit compte de l’affront le matin du pique-nique, ils envoyèrent leur plus jeune inviter leur voisine à se joindre à eux pour l’évènement. « C’est trop tard maintenant » lui répliqua-t-il sèchement, « j’ai déjà prié pour qu’il pleuve. »

Est-ce que cette dame, même pieuse, a réagi de la bonne manière? Et pourtant, combien de fois sommes-nous coupables de vouloir mettre Dieu de notre côté pour nous venger d’un autre?

La Pratique : ne reste pas là à ne rien faire (v.39-42)

Présente l’autre joue
L’implication ici est au niveau d’une offense. Frapper sur la joue fait référence à une insulte. On t’insulte? Ne lui rends pas l’insulte, mais bénis-le à la place.

Ex : quelqu’un te lance une critique mal placée et tu lui réponds, « il y a-t-il autre chose que je pourrais corriger pour m’améliorer? »

Laisse-lui encore ton manteau…
Ce qui est sous-entendu dans ce cas est un engagement non volontaire de ta part qui implique un certain sacrifice. Tu pourrais ne pas t’y engager, mais parce que tu as à coeur de bénir plutôt que de maudire, tu t’y engages de bon coeur.
ATTENTION : ce n’est pas une raison pour entrer dans une entente à l’aveuglette!

On te contraint à faire quelque chose que tu n’avais pas prévu de faire? Fais-le de bon coeur pour l’amour de ton prochain.

C’est la fête de Gertrude qui travaille en comptabilité. On te demande de contribuer 20 $ et on ne te l’avait pas dit à l’avance. Tu ne connais pas bien Gertrude. Tu lui as peut-être adressé la parole une coupe de fois en cinq ans. Tu peux dire, « Je n’ai rien à donner » ou tu pourrais dire, « Tiens, voici 25 $, j’espère qu’elle aura une bonne fête. »

Fais deux milles avec lui…
Ce qui est sous-entendu est une opportunité spontanée, non planifiée, de rendre service à quelqu’un. Cela implique aussi un certain sacrifice auquel tu ne t’y attendais pas.

Tu assistes au tournoi de soccer de ton enfant et le coach vient te voir pour te demander si tu serais disponible pour remplacer Bernard qui devait s’occuper de la table des rafraichissements pour la première moitié de la joute. Tu lui réponds, « Volontier! Est-ce que tu as quelqu’un pour la deuxième moitié de la joute?

Donne à celui qui te demande…
C’est la générosité qui est sous-entendue ici. Un autre exemple de la grâce de Dieu à l’oeuvre dans nos vies. Nous avons reçu gratuitement, soyons aussi disposés à donner sans attendre quelque chose en retour.

Un ami te demande d’emprunter de l’argent. L’argent dont il avait besoin pour payer son loyer est allé vers la réparation de son auto qui a brisé la semaine passée. Il te promet de te le rendre le mois prochain. Tu lui réponds, “Je te donne 200 $ et si tu peux me repayer, tu me repayeras quand tu pourras.”

ATTENTION : Prends soin de tes engagements déjà en cours!

Conclusion

Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais fait bon usage de la grâce de Dieu pour vaincre la méchanceté par la bonté afin que l’on puisse voir Christ en toi. En effet, si on retient de ce passage que nous devons tout simplement travailler plus fort à combattre le mal par la bonté, on vient de manquer le point central de ce que Jésus est en train d’enseigner.

Toute la discussion tourne autour de la question comment nous pouvons vivre de façon juste devant Dieu en étant digne de son royaume. La réponse? C’est impossible! On ne le peut pas! Jésus avait même affirmé un peu avant, “si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux.” (Matt 5.20)

Et pourtant, n’est-ce pas cela que nous faisons naturellement? Ne sommes-nous pas si facilement emportés par nos désirs charnels, notre “gros bon sens” qui n’a pas souvent du bon sens?

La réalité est celle-ci : Jésus nous enseigne c’est choses afin que nous cherchions à dépendre davantage de lui. Notre prière lorsque nous sommes confrontés à de telles situations devrait être, “Seigneur, attire mon coeur à toi!” Nous prions si souvent, “Seigneur, aide-moi à m’améliorer dans ce domaine de ma vie.” Et ce que nous ne réalisons pas trop souvent est que Dieu commence par nous réconcilier avec lui. C’est un changement de coeur qu’il nous offre, sans quoi nous ne pouvons pas entrer dans le royaume de Dieu.

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