Notes d’enseignements pour le dimanche 4 décembre 2011.
Introduction
La dernière bataille dans le dernier livre de la trilogie Tolkienne, le retour du roi, nous présente le nouveau roi Aragorn, sûr de sa position comme l’héritier légitime au trône maintenant confronté à une décision pénible d’aller affronter l’armée de Sauron aux portes même du royaume de Mordor. C’est une mission suicidaire, mais jugée nécessaire pour créer une diversion afin de permettre à Frodo et Samwise d’approcher le mont Doom avec l’anneau qu’ils doivent détruire. On ne peut pas s’empêcher d’être profondément intrigué par le fait que même si Aragorn, Frodo, et Samwise sont sûres de leurs positions et de leurs appels respectifs, ils ne possèdent aucune garantie de succès. D’ailleurs, nous sommes dans l’admiration devant leur courage qui persiste tant et aussi longtemps qu’il y a de l’espoir, aussi faible soit-il.
Je vous avoue que c’est en partie cette description de la foi qui m’intrigue le plus au niveau de l’anthologie du Seigneur des anneaux. Qu’est-ce qui, en dépit de l’incertitude, amène quelqu’un à s’aventurer dans une chose qui demande pourtant un engagement certain?
La Bible elle-même est remplie de témoignages de ce genre, surtout en ce qui concerne ceux qui font preuve de foi devant l’incertitude. Hébreux 11 en est une description par excellence.
4C’est par la foi qu’Abel offrit à Dieu un sacrifice plus excellent que celui de Caïn; c’est par elle qu’il fut déclaré juste, Dieu approuvant ses offrandes; et c’est par elle qu’il parle encore, quoique mort. 5C’est par la foi qu’Énoch fut enlevé pour qu’il ne vît point la mort, et qu’il ne parut plus parce que Dieu l’avait enlevé; car, avant son enlèvement, il avait reçu le témoignage qu’il était agréable à Dieu.
7C’est par la foi que Noé, divinement averti des choses qu’on ne voyait pas encore, et saisi d’une crainte respectueuse, construisit une arche pour sauver sa famille; c’est par elle qu’il condamna le monde, et devint héritier de la justice qui s’obtient par la foi. 8C’est par la foi qu’Abraham, lors de sa vocation, obéit et partit pour un lieu qu’il devait recevoir en héritage, et qu’il partit sans savoir où il allait. 9C’est par la foi qu’il vint s’établir dans la terre promise comme dans une terre étrangère, habitant sous des tentes, ainsi qu’Isaac et Jacob, les cohéritiers de la même promesse. 10Car il attendait la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur. 11C’est par la foi que Sara elle-même, malgré son âge avancé, fut rendue capable d’avoir une postérité, parce qu’elle crut à la fidélité de celui qui avait fait la promesse. (Hébreux 11.4-6, 8-11)
Ce qui nous étonne est le fait que dans tous ces exemples, chaque individu a dû faire un pas de foi sans recevoir une garantie de succès. Leurs témoignages reflètent la description de ce qu’est la foi dans les premiers versets du chapitre 11.
Or la foi est une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas. 2Pour l’avoir possédée, les anciens ont obtenu un témoignage favorable. (Hébreux 11.1-2)
Et dans Hébreux 11.6, nous apprenons que ce genre de foi est le prérequit pour être agréable à Dieu!
6Or sans la foi il est impossible de lui être agréable; car il faut que celui qui s’approche de Dieu croie que Dieu existe, et qu’il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent.
En d’autres mots, la foi est autant l’assurance de la vérité que la preuve de la vérité, même si l’objet de cette assurance reste invisible. Imaginez pour instant la drôle de conversation entre un journaliste et l’auteur d’Hébreux à qui l’on demande la raison de sa foi…
JOURNALISTE : “Bonjour cher fidèle. Tu as l’air tellement sûre de ta foi. Pourrais-tu m’expliquer sur quoi tu te bases pour être si confiant de sa véracité.”
FIDÈLE : “Mais bien sûr! Je ne peux pas te montrer, ni te prouver pourquoi je crois que c’est vrai. Mais je suis convaincu de sa véracité parce qu’elle est l’expression de ce que j’espère.”
JOURNALISTE : “Mais comment peux-tu être si certain que ta foi est placée à la bonne place? Comment peux-tu être si sûre que ce que tu crois n’est pas le produit de ta perception des choses?”
FIDÈLE : “Parce qu’on me l’a révélée.”
JOURNALISTE : “Mais il y a plein de gens et de livres qui affirment avoir la vérité. Comment se fait-il que tu choisisses de placer ta confiance dans cette vérité et non pas une autre?”
FIDÈLE : “Parce que l’Évangile exprime le mieux ce en quoi j’espère.”
JOURNALISTE : “Bon…d’accord. Il va falloir que tu m’aides un petit peu, parce que j’ai de la difficulté à suivre ton raisonnement. Tu me dis que ta foi n’est pas basée sur des preuves parce que la foi se base sur des vérités qui ne sont pas visibles.
FIDÈLE : “Oui.”
JOURNALISTE : “Et tu me dis que ta foi est la conviction de ce que tu espères. Et tu choisis de croire la vérité selon ce que Dieu révèle, l’Évangile par exemple, parce que c’est ça qui correspond le mieux à ce que tu espères.
FIDÈLE : “Oui, c’est à peu près ça.”
JOURNALISTE : “Alors, comment sais-tu que ce que tu espères c’est la vérité absolue?”
FIDÈLE : « Intéressant ta question! Tu semble être à la recherche de quelque chose que tu admets existe–la vérité. »
JOURNALISTE : « Et bien…disons que je cherche des preuves pour établir ce qui est vrai. Je suis journaliste après-tout. »
FIDÈLE : « Pourquoi est-ce que ma foi a besoin de preuves pour être vraie… Pourquoi as-tu besoin de preuves avant d’accepter la vérité? Prends le message de l’Évangile par exemple. Je ne peux pas te prouver la véracité de l’Évangile parce que les preuves de l’Évangile ne sont pas visibles. Mais ce que ma foi me porte à faire et ce qu’elle me porte à dire sont la preuve que l’Évangile est vrai. Tu peux voir si ma profession est vraie en me regardant vivre.
Je peux t’affirmer qu’avant de croire je pensais et j’agissais d’une certaine façon. Mais une fois que j’ai placé ma confiance dans ce que Jésus-Christ a fait pour moi, ma façon de penser et ma façon d’agir ont changé. Si j’avais besoin de preuves avant de croire l’évangile, ma confiance serait dans les preuves et non pas dans l’Évangile lui-même. Je crois l’Évangile parce que c’est ce qui correspond le mieux avec ce que j’espère. Donc, si j’espère être réconcilié avec Dieu, je n’ai pas à me demander si Dieu existe. Je crois déjà qu’il existe puisque j’espère être réconcilié avec lui. Alors quand on me présente un moyen d’être réconcilié avec Dieu, je vais simplement croire étant donné que c’est précisément ça que j’espère.
JOURNALISTE : “D’accord. Je comprends, tu crois l’Évangile par exemple parce que c’est ce qui correspond le mieux à ce que tu espères. Alors, qu’est-ce qui fait que tu espères en une chose en particulier et non pas en une autre?
FIDÈLE : “Ah, ça…ça ne dépend pas vraiment de moi. Je sais que tu vas trouver ça complètement irraisonnable, mais j’ai la conviction que Dieu m’a donné ces désirs pour que je puisse croire en l’Évangile une fois que je l’ai entendu.
JOURNALISTE : “Alors comment as-tu la conviction que c’est Dieu qui t’a donné ces désirs?”
FIDÈLE : “Parce que sa Parole me dit que c’est lui qui produit en nous le vouloir et le faire selon son bon plaisir (Phil. 2.13).”
JOURNALISTE : “Mais comment est-ce que tu sais que sa Parole est vraie…oh, laisse faire. Je sais ce que tu vas me dire…”
Paradoxal n’est-ce pas?! La Bible nous enseigne qu’elle est vraie parce qu’elle se dit être la vérité. Et la seule preuve que nous pouvons offrir au monde pour sa véracité est une vie transformée par l’évangile. C’est notre témoignage chrétien.
C’est pour cela que l’auteur du livre d’Hébreux donne l’explication que pour avoir eu cette foi, “les anciens ont obtenu un témoignage favorable.” Ça explique aussi pourquoi Jésus aurait dit,
“si quelqu’un veut faire sa volonté [Dieu], il connaîtra si ma doctrine est de Dieu, ou si je parle de mon chef. Celui qui parle de son chef cherche sa propre gloire; mais celui qui cherche la gloire de celui qui l’a envoyé, celui-là est vrai, et il n’y a point d’injustice en lui” (Jean 7.17-18).
Ce que le récit de Marc et le récit le retour du roi nous rappellent est que la foi est une certitude qui se base sur des choses qui ne peuvent pas être prouvées. Mais que la plus grande preuve pour la vérité de l’évangile se trouve dans la vie changée de celui qui croit.
Marc 16 est un appel à croire le message du Royaume de Dieu enseigné par Jésus. Sauf que voilà, Jésus a été cruellement mis à mort et les disciples l’ont trahi. Cet état des choses serait suffisant pour semer le doute dans tous ceux qui suivaient Jésus. Mais c’est bien l’inverse qui se produit. Car en dépit du fait que nous ne pouvons pas prouver de façon incontestable la mort et la résurrection de Jésus, nous pouvons pointer du doigt le témoignage surprenant de ceux qui n’avaient aucune raison valable de continuer à suivre dans les traces de leur maître. Les disciples vécurent et dirent des choses qui bouleversèrent le monde.
Contexte de Marc 16
Marc 16 est un récit relativement court qui finit abruptement et de façon ambigüe. Jésus et mort. Il est enterré. Joseph d’Arimathée avait réussi, tant bien que mal, à ensevelir Jésus dans une tombe, probablement une tombe qu’il avait été acquis récemment pour sa famille. Trois femmes arrivent devant la tombe pour oindre Jésus avec des huiles parfumées. Le fait que cela se produit le matin après le jour du Sabbat nous amène à spéculer que l’ensevelissement de Jésus fut fait rapidement avec juste le nécessaire de préparatifs. Le tout ressemble à une fin abrupte et inattendue. Le Seigneur est mort et nous ne possédons pas de plan B. Nous n’avons même pas eu le temps de préparer sa mort. La chose ne devait pas se terminer de cette façon. Du moins, c’est la conclusion des disciples si on ne fait que se fier à leurs réactions vis-à-vis de l’annonce absurde venant des femmes revenant de la tombe.
Mais pourquoi tant d’incrédulité avant des témoignages de foi spectaculaires? Nous connaissons bien la suite de l’histoire. Alors pourquoi tant de conceptions imprécises sur la personne de Jésus? et venant de ses collaborateurs les plus proches?
Marc semble assigner beaucoup d’importance sur une foi qui est mise à l’épreuve. Les femmes croient, mais restent perplexes. Les disciples croient, mais ils sont déçus. Et si l’on se fie juste au témoignage des disciples de Jésus, on se rend à l’évidence que le fait d’avoir la foi n’est pas toujours une démarche claire, nette et précise. Mais que cette même foi produise en nous des convictions, des attitudes, des priorités, des façons de faire qui est plein d’assurance. Nous pourrions donc décrire ce paradoxe de la manière suivante : je suis sauvé seulement par la foi, mais pas avec une foi qui est seule.
Cinq caractéristiques d’être sauvé seulement par la foi, mais aussi par une foi qui n’est pas seule.
- La foi nous motive à avancer sur un chemin même si celui-ci n’est pas propice. (v.3-4)
Quand les femmes partirent pour le tombeau, elles ne savaient pas comment elles parviendraient à faire rouler la pierre. Mais se souvenant des paroles de Jésus (Matt 26.12; Jean 12.7) et désirant l’honorer, elles démontrèrent une confiance digne du Seigneur sans même avoir toutes les réponses à l’avance. - La foi vient de la Parole de Dieu. (v.6-7)
Jésus avait bien prédit qu’il reverrait les disciples en Galilée après la résurrection. Dieu est toujours fidèle à sa Parole. Elle fait partie de sa nature. Il est fidèle, et parce qu’il est fidèle, je peux mettre ma confiance dans ce qu’il dit. - La foi n’est pas une garantie contre le doute ou l’échec. Mais la foi nous amène à être restaurés à ce qui fait l’objet de notre foi–à savoir Jésus-Christ. (v.7, 11-14)
Avez-vous remarqué comment l’ange de Dieu demande que les dames rapportent ce qu’elles ont vu aux disciples, mais à Pierre en particulier? Est-ce que Pierre s’était séparé du reste des disciples? Avait-il tellement honte de son comportement dans la cour du grand sacrificateur qu’il n’osait plus s’associer avec les autres disciples? Nous ne le savons pas, mais le Seigneur est celui qui rassemble ses brebis. Il ramène Pierre au bercail. Et c’est dans la présence des autres frères et soeurs que Pierre retrouve son appel pour être un berger spirituel pour l’église. - La foi est accompagnée d’oeuvres qui reflètent la gloire du Seigneur . (v.17-18)
Même si l’authenticité de la conclusion du chapitre (vs. 9-20) est mise en doute, nous reconnaissons un thème qui revient à plusieurs reprises dans les autres Évangiles et même certains épitres. C’est d’ailleurs cet aspect qui donne le sens au titre choisi pour cet enseignement. Même si nous sommes sauvés par la foi seule, nous ne pouvons pas avoir une foi qui est seule. La vraie foi produit des fruits qui reflètent la nature de celui qui est l’objet de notre foi. Par exemple, si Dieu est lumière et que les ténèbres ne peuvent pas lui résister, alors il est évident que celui qui croit ne peut pas être associé avec les ténèbres. (voir par exemple Rom 5.12 et Éph 5.11)
Peut-être l’exemple par excellence se trouve dans le livre de Jacques on nous pouvons lire, “Mes frères, que sert-il à quelqu’un de dire qu’il a la foi, s’il n’a pas les oeuvres? La foi peut-elle le sauver? Si un frère ou une soeur sont nus et manquent de la nourriture de chaque jour, et que l’un d’entre vous leur dise: Allez en paix, chauffez-vous et vous rassasiez! et que vous ne leur donniez pas ce qui est nécessaire au corps, à quoi cela sert-il? Il en est ainsi de la foi: si elle n’a pas les oeuvres, elle est morte en elle-même. Mais quelqu’un dira: Toi, tu as la foi; et moi, j’ai les oeuvres. Montre-moi ta foi sans les oeuvres, et moi, je te montrerai la foi par mes oeuvres.” (Jacques 2.14-18)
- La foi nous appelle à nous rassembler autour de l’oeuvre de Jésus. (v.14)
La foi est bien une expérience personnelle, mais elle est aussi nourrie par ce que Dieu fait dans la vie des autres frères et soeurs. Nos témoignages alimentent et encouragent la foi de notre famille spirituelle. Parce que nous partageons un même Seigneur, nous partageons aussi une même foi.
“il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, et parmi tous, et en tous. (Eph 4.5-6)”
Retenons fermement la profession de notre espérance, car celui qui a fait la promesse est fidèle. Veillons les uns sur les autres, pour nous exciter à la charité et aux bonnes oeuvres. N’abandonnons pas notre assemblée, comme c’est la coutume de quelques-uns; mais exhortons-nous réciproquement, et cela d’autant plus que vous voyez s’approcher le jour. (Héb 10.22-25)
Conclusion
Nous sommes donc sauvés par la foi seulement. Mais cette foi n’est pas seule. Elle se base sur l’oeuvre de Jésus-Christ. Elle n’a pas de raison d’être à l’écart de Jésus-Christ. Et elle se manifeste au travers des oeuvres que Dieu a préparées pour moi. Mais cette même foi n’est pas une garantie contre le doute. Le doute et la confiance sont deux côtés d’une même médaille. Si le doute me pousse à chercher une conviction qui puisse me motiver de continuer à espérer, la confiance est un appel à continuer à m’appuyer sur ce que Dieu a déjà accomplit pour moi.
Je ne peux pas séparer la foi de l’objet de ma foi. Je ne peux pas dire que je suis plein de foi sans m’appuyer sur ce que Jésus-Christ a accompli.
Pistes de réflexion
- Sur quoi je me base pour croire le message de l’Évangile? Est-ce les mérites de l’Évangile, ou est-ce des preuves qui viennent appuyer la véracité de l’Évangile? Est-ce que j’ai mis ma confiance dans la personne de Jésus, ou les preuves de son existence?
- Quand je suis porté à m’inquiéter, je peux me rappeler des promesses de Dieu. Quelles sont les promesses de Dieu qui s’appliquent à ma situation?
- Est-ce que mon intercession dans la prière est inspirée par la Parole de Dieu?
- La prochaine fois que je prie, je peux peut-être commencer en disant, je suis reconnaissant pour le passage ??? qui m’a encouragé à…
- Quand le doute m’assaille, c’est l’évidence que Dieu veut approfondir sa relation avec moi en me faisant grandir dans la foi.
- Suis-je prêt à donner mon témoignage à quelqu’un qui me demanderait une preuve que l’Évangile est véritable?
- Quand je viens à l’église ou quand je participe à une rencontre, est-ce que je suis préparé à apporter une parole d’encouragement, d’édification, d’exhortation? Suis-je bien disposé à partager mes fardeaux, mes joies et mes peines? Suis-je bien disposé à partager celles des autres?