J’ai envie de commencer par une question. « Quelle est la vie chrétienne idéale pour toi? »
Est-ce que tu te vois en train de faire des miracles? Peut-être que tu es reconnu pour ton amour envers les gens? Ou peut-être que tu te vois en train d’encourager quelqu’un avec une parole des Saintes Écritures de manière que l’autre est réellement béni, fortifié. Tu te vois peut-être dans une vie de prière où la présence de Dieu est palpable, sa direction pour ta vie et celles de ceux qui te sont chers est tellement claire. Ou peut-être encore il s’agit d’une vie où chaque personne que tu rencontres devient une opportunité de partager la Bonne nouvelle de l’Évangile et tu réussis à le faire sans faute et d’une manière qui laisse les gens désireux d’en savoir davantage.
Mais n’est-ce pas un peu égoïste tout ça? J’avoue que la question aurait pu être posée différemment. C’est probablement une mauvaise question, mais je me rends à l’évidence que c’est une question qui nous est probablement passée par la tête à plusieurs reprises. Admettons-le, nous sommes de nature plutôt centrée sur l’égo. Ce qui suit va donc faire outrage à cette nature égoïste. Et je vous demande pardon à l’avance si cela vous rend un peu mal à l’aise et vous bouscule un peu dans votre perspective centrée sur vous-mêmes.
Quand je lis la Bible, je ne peux pas éviter une évidence qui semble être un bloc fondateur du plan de Dieu pour la vie de ses enfants. Quand Dieu a conçu le plan du salut, il l’a fait, oui, avec une perspective personnelle. Dans ce sens, Dieu s’intéresse à moi personnellement et il m’offre un salut personnel. Mais il est aussi vrai que Dieu ne m’a pas sauvé pour profiter de lui et de ses bénédictions tout seul. Dieu a eu l’idée de concevoir quelque chose qui s’appelle l’Église. Mais attention! Je ne parle pas nécessairement d’un bâtiment, d’une série de programmes, de rencontres, etc. Non, je parle d’une communauté de chrétiens qui prennent à coeur autant leur santé spirituelle que la santé spirituelle des autres enfants de Dieu qui les entoure. Dans ce sens, la vie Chrétienne est aussi une croissance spirituelle au travers de mon interaction avec le peuple de Dieu de façon intentionnelle et régulière.
L’Église, c’est l’idée de Dieu pour glorifier Dieu.
L’appel qui nous est adressé
Dans Ephésiens 4.1 et 4.4-5, l’apôtre Paul nous exhorte de marcher digne de la vocation qui nous a été adressée. Il nous faut saisir au moins deux clés importantes dans ce passage pour comprendre l’appel qui nous a été adressé. La première est l’idée de vocation. Dans un de mes dictionnaires français, on me dit qu’une vocation est : une vive inclinaison, une aptitude particulière, une mission naturelle qui oriente mes priorités. Quand on parle d’une vocation, on parle de quelque chose qui donne un sens ou une direction plus ou moins précise à ma vie.
D’ailleurs, quand on parle d’une vocation, on ne parle pas nécessairement du travail que tu accomplis. La vocation d’une personne est un but qui englobe plusieurs aspects de sa vie. Ce n’est pas purement professionnel, familial, ou social. Une vocation influence tous ces domaines en même temps. Quelqu’un pourrait avoir comme vocation de venir en aide aux démunis. Son choix de carrière, la manière qu’il éduque ses enfants, et son implication sociale révèlera des priorités qui ont toutes pour but général de venir en aide aux démunis.
Le défi dans notre époque est que l’on ne réfléchit pas profondément au sens d’une vocation. Nous avons plutôt tendance à vivre de jour en jour. Notre but se limite souvent à faire de l’argent, acquérir des choses, et arriver à une retraite paisible. Et on évite de se poser trop de questions sur la mort. On veut simplement se laisser vivre. Le reste, les conséquences, on s’en fiche. De toute manière, ça ne sert à rien en fin de compte.
La révélation biblique nous dit que la vie sert à quelque chose puisque c’est Dieu qui nous l’a confié. Si Dieu a un plan pour la vie, il a forcément une vocation pour chacun de nous. Si on recule de quelques versets dans Eph 3.14-20 Paul nous explique un peu de quoi il s’agit…
17en sorte que Christ habite dans vos coeurs par la foi; afin qu’étant enracinés et fondés dans l’amour, 18vous puissiez comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur, 19et connaître l’amour de Christ, qui surpasse toute connaissance, en sorte que vous soyez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu.
Bref, Paul exhorte les chrétiens comprendre avec tous les saints la qualité de l’amour de Dieu, de la saisir, de la vivre afin d’être remplis de toute la plénitude de Dieu.
Non mais c’est fou! La vocation du chrétien est qu’il soit rempli de Dieu! Est-ce même possible? Ça dépend comment tu comprends ce passage. Je ne crois pas que Paul est en train de dire que nous devons être remplis de Dieu comme si Dieu pouvait se résumer à une puissance mystique que l’on peut embouteiller. Paul semble faire référence à notre capacité d’être influencé, modelée par l’amour de Dieu. Si tous les aspects de ma vie sont influencés par l’amour de Dieu, il est évident que ma manière de vivre reflètera Dieu. La Bible nous dit ailleurs que Dieu est amour.
L’apôtre Jean nous l’explique de la manière suivante :
8Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. 9L’amour de Dieu a été manifesté envers nous en ce que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. 10Et cet amour consiste, non point en ce que nous avons aimé Dieu, mais en ce qu’il nous a aimés et a envoyé son Fils comme victime expiatoire pour nos péchés. 11Bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres. 12Personne n’a jamais vu Dieu; si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour est parfait en nous. 13Nous connaissons que nous demeurons en lui, et qu’il demeure en nous, en ce qu’il nous a donné de son Esprit. (1 Jean 4.8-13)
Jean, comme Paul, parle d’une vocation : quelque chose qui influence le cours de ma vie. Mais il y a un deuxième aspect au passage d’Ephésiens 4 qui nous aide à comprendre la nature de l’appel que Dieu nous adresse comme Chrétien. Avez-vous décelé la nature « au pluriel » de l’appel de Dieu? Dans la prière de Paul dans Eph 3 que l’on cite plus haut, Paul prie que les chrétiens d’Ephèse puissent connaître « avec tous les saints… l’amour de Dieu ».
L’appel qui nous est adressé m’invite à poursuivre la vocation de connaître l’amour de Dieu en interagissant avec les autres Chrétiens qui m’entourent. Certes, je ne peux pas démontrer de l’amour en restant tout seul dans mon coin. Démontrer de l’amour implique au moins un autre individu. Tu peux même à la limite dire que cela implique des animaux comme cela arrive à des personnes seules. Mais tu ne peux pas croître dans l’amour tout seul. Alors quand nous parlons de l’appel qui nous est adressé, nous parlons d’une vocation qui honore Dieu et qui fait preuve de l’amour de Dieu envers les autres. Le verset 2 affirme cette perspective en parlant de vivre d’une manière qui manifeste l’humilité, la douceur, la patience, tous des qualités requises pour passer du bon temps en compagnie d’une autre personne.
Comment répondre à cet appel?
Ephésiens 4.2-3 nous donne des lignes directrices plus précises. Nous en avons déjà parlé un petit peu. Pour rester brefs, nous pouvons dire que Dieu nous invite à répondre à son appel en imitant Jésus-Christ et en nous supportant les uns les autres.
2en toute humilité et douceur, avec patience, vous supportant les uns les autres avec charité, 3vous efforçant de conserver l’unité de l’esprit par le lien de la paix.
7Mais à chacun de nous la grâce a été donnée selon la mesure du don de Christ.
Je fais appel au verset 7 parce que l’idée que nous sommes appelés à aimer notre prochain est le produit de ce que donne le Seigneur Jésus-Christ (voir par exemple 1 Jean 4.20-21). Nous voyons donc deux priorités. La première priorité consiste à imiter Jésus-Christ ce qui suppose le fait qu’il nous a laissé un exemple, et que nous devons suivre cet exemple.
Le deuxième aspect de cet appel implique que nous devons nous supporter les uns les autres. Je sais ce que plusieurs pensent à ce niveau. En effet, supporter les autres fait partie de l’amour de mon prochain. Mais je ne vois pas comment cela peut être un appel qui me fait du bien. Ne suis-je pas en train de vivre pour l’autre? Et moi alors? Ce n’est pas juste! Tu parles d’une bénédiction!
Il faut bien saisir de quoi il s’agit dans ce passage. Le mot supporter traduit l’idée exprimée par le mot anechomai dans le Grec. En français, ça peut être traduit par « supporter » mais ça veut aussi dire, « accepter ou recevoir » l’autre. Ne confondons pas « supporter » avec « endurer ». Quand j’endure quelqu’un, je suis en train de subir quelque chose que l’on m’impose. Quand je supporte quelqu’un, je décide de poser un geste qui vient aider l’autre à satisfaire un besoin ou renforcer une faiblesse.
Comment Dieu nous dit de supporter l’autre? (v.3)…avec humilité, douceur, et patience.
Pourquoi supporter l’autre? Le même passage fait un lien entre supporter mon prochain, qui dans ce cas-ci fait référence au peuple de Dieu, et le résultat d’affirmer la Parole de Dieu et conserver l’unité de l’Esprit.
Si je crois que la vie Chrétienne est une vie de sacrifice qui ne va pas plus loin que ma vie personnelle je me trompe énormément et je risque de passer complètement à côté des bénédictions que Dieu me réserve. Le « pourquoi » de supporter l’autre avec humilité, douceur, et patience est pour accomplir quelque chose qui dépasse de beaucoup le cadre de ma vie personnelle. Si je peux revenir à mes sens et pour un petit moment considérer que Dieu est en train de faire autre chose pendant qu’il travaille mon caractère, je vais constater que lorsque je réponds à l’appel de Dieu dans ma vie, je suis en train d’affirmer la Parole de Dieu et de participer à conserver l’unité de l’Esprit. Ça veut dire que ma manière de supporter les autres influence directement l’affirmation de la Parole de Dieu et le travail de l’Esprit. Dieu se sert de MOI pour accomplir son oeuvre! Voilà de quoi alimenter mon égo! Non mais sérieusement, Dieu se sert de moi, de toi, pour accomplir son oeuvre dans le monde entier…pourvu que nous nous supportions mutuellement.
Mais c’est justement ça l’église!!! S’il y a bien un endroit sur terre où l’on t’accorde une importance presque égale à soi-même, c’est bien l’Église! la communauté des rachetés, de ceux qui se savent aimés, pardonnés, justifiés! Oui, c’est bien avec cette gang de graciés qui sont appelés à vivre l’amour de Dieu que tu es pris quand Dieu t’appelle à faire partie de sa famille. Si tu veux voir une belle image de quoi devrait avoir l’air une église, apprend à connaître une famille qui a adopté des enfants. Considère les enfants adoptés et l’amour que leurs démontrent les autres frères et soeurs, peut-être eux aussi adoptés. Considère l’amour des parents envers un enfant avec qui ils ne partagent pas un lien de sang. Voilà une image de l’église, une image biblique en passant parce que les chrétiens sont appelés d’autre part des enfants d’adoption. (Galates 3.4-7)
Comment répondre à la vocation que Dieu nous adresse de participer à son oeuvre dans ce monde? En imitant Jésus-Christ, en exprimant envers mes frères et soeurs le même amour que nous a démontré notre Seigneur. (ex. Phil 2.1-19)
Différentes manifestations?
Éphésiens 4.7 est aussi repris dans les versets 11 à 15 plus loin. La vocation que Dieu nous adresse est aussi une grâce accompagnée de dons venant de Dieu pour l’édification de l’Église. Donc, non seulement Dieu nous appelle-t-il à nous supporter les uns les autres dans l’amour, mais en plus, il nous donne des dons avec lesquels nous pouvons exprimer cet amour envers son peuple.
Ce que nous sommes en train de dire est que Dieu commande la construction de ce qu’il appelle l’ÉGLISE, et pour s’assurer que cela s’accomplisse selon ses normes à Lui, il distribue des dons par lesquels nous édifierons l’Église.
Paul continue son affirmation en insistant que même si nous recevons des dons différents des uns des autres, le but de ces dons sert à une seule chose : croître à tous égard en Christ.
Ça veut dire que le but ultime, la vocation si tu veux, pour lequel Dieu t’accorde des dons spirituels est de manifester l’amour de Dieu envers l’Église. Dieu ne t’a pas donné un don pour que tu le dépenses sur toi-même. (considère la parabole des talents dans Matthieu 25.14-30) Si Dieu t’accorde un don, c’est pour édifier les autres. Et c’est de cette manière que non seulement l’église grandira en amour, mais que toi aussi tu grandiras en amour, en connaissance de Dieu. C’est de cette manière que ta vie de prière prendra de l’ampleur, que ta lecture des Saintes Écritures deviendra riche et édifiante, que ton amour pour les autres augmentera et que ta foi s’enrichira.
Dieu donne des dons différents à chacun parce que nous sommes différents et nous avons des rôles différents à jouer dans la famille de Dieu. Mais le but pour ces dons est un seul et toujours le même : grandir dans l’amour de Jésus-Christ.
5 avantages de répondre à la vocation de Dieu au travers de l’église
Voici donc 5 avantages de se concentrer sur démontrer l’amour de Dieu aux membres de l’église, de participer à la vie de ton église.
- Affirmer notre assurance du salut : ma foi à moi toute seule à besoin d’être encouragée par celle des autres. Un des avantages de s’impliquer dans la vie de l’Église est d’entendre comment les autres autour de toi voient les fruits de ta foi à l’oeuvre autour de toi. L’humilité est quelque chose que nous recherchons mais ne trouvons pas à moins que quelqu’un d’autre puisse l’apprécier.
- Répandre l’évangile : tu peux être un témoignage de la Bonne Nouvelle pour les autres, mais à moins que tu démontres l’amour de Dieu qui est la base de cet évangile, tu auras de la difficulté à prouver ton point. Un des avantages de participer à la vie d’une église locale est de pouvoir manifester le message de l’évangile autant par nos paroles que par nos actions. Et c’est en voyant l’amour que nous avons les uns pour les autres dans l’église que ceux qui n’en font pas encore partie reconnaissent que nous appartenons à Dieu. (ex. Jean 13.35)
- Exposer les faux évangiles : nous n’avons pas besoin d’en dire long à ce sujet si ce n’est que pour souligner qu’il y a une certaine protection contre les fausses doctrines quand nous échangeons nos expériences et nos interprétations ensemble. Ceux qui s’isolent deviennent facilement la proie de toutes espèces d’enseignements farfelus.
- Édifier le peuple de Dieu : c’est évident que de participer à la vie d’une église locale est un investissement dans la santé du peuple de Dieu. J’ai donc une place importante au sein du peuple de Dieu.
- Glorifier Dieu : nous l’avons déjà dit plus haut, mais c’est une vérité qui devrait nous encourager et nous motiver à ne pas laisser tomber les bras. Dieu se sert de nous, des fois sans que nous sachions bien comment ou pourquoi spécifiquement, pour accomplir son plan dans la vie des autres. Dans Matthieu 5.16, Jésus encourage ses disciples de refléter l’amour de Dieu afin que ceux qui voit la « lumière » glorifient Dieu.
Quelques bonnes habitudes à prendre
J’ai pensé qu’il serait utile de définir quelques bonnes habitudes. Je suis en train de lire un livre en ce moment qui explique l’ampleur de nos habitudes dans la vie courante. Beaucoup de ce que nous faisons, nous le faisons simplement par habitude. Si je veux donc agir d’une certaine manière dans ma vie, il me faut travailler à développer de nouvelles habitudes, ou au moins, adapter des vieilles habitudes.
- Perspective : Pense « nous » vs « moi »
- Engagement : mets ton (tes) don(s) en service
- Fondation : développe des convictions qui sont ancrées dans la Parole de Dieu
- Patience : reconnais l’œuvre de l’Esprit qui change les cœurs et ne t’impose pas — montre l’exemple plutôt
- Prie : pour le bien du peuple de Dieu qui est aussi ton bien
Conclusion
Quelle est la vie Chrétienne idéale pour toi? J’espère qu’en lisant et en étudiant Ephésiens 4 tu puisses répondre que l’idéal de la vie Chrétienne est de connaître Jésus-Christ et de le faire connaître en apprenant à aimer son peuple qui est l’église. Voilà ton appel. Voilà ta vocation.