Je préfère utiliser des illustrations qui sortent de la vie courante, mais celle qui m’est venue à l’esprit pendant la préparation de cette étude fait référence à un film « Remember the Titans » qui est lui-même basé sur des faits vécus. En 1971, un coach de football noir américain prend le défi d’entrainer une équipe de football dans une polyvalente où il existe une ségrégation entre les noirs et les blancs. C’est une histoire fort édifiante qui explore des thèmes comme la diversité raciale et culturelle, la réconciliation, la force de conviction, et le genre de camaraderie que l’on retrouve dans l’athlétisme. Un des points culminants du film est lorsque les joueurs de l’équipe retournent du camp d’entraînement où ils ont appris avec peine à travailler en équipe et à développer de vraies amitiés. En sortant de l’autobus, ils doivent affronter les regards menaçants de leurs familles et de leurs amis qui sont révoltés à l’idée de voir une équipe soi-disant « mixte » et qui ne croient pas que l’équipe pourra gagner quoi que ce soit.
L’équipe, nommée Les Titans, remporteront non seulement la final de la saison, mais l’auront fait sans perdre un seul match tout en gagnant progressivement le cœur de leur petite communauté.
Dans Éphésiens 2.12-22, l’apôtre Paul écrit aux païens qui ont cru en Jésus-Christ comme leur Sauveur qu’ils participent au même héritage que les juifs. Mais Paul précise que Dieu est occupé de faire quelque chose de complètement nouveau qui tire ses racines dans son plan de rédemption depuis le tout début.
Le « moi » et le « toi » (v.11-12)
11 C’est pourquoi, vous autrefois païens (Gr. ethnos) dans la chair, appelés « incirconcis » par ceux qu’on appelle circoncis et qui le sont en la chair par la main de l’homme (sous-entend : non par la main de Dieu), 12 souvenez-vous (Gr. présent actif) que vous étiez (Gr. passé actif) en ce temps-là sans Christ, privés du droit de cité en Israël (des vagabonds de passage avec aucun droit de résidence), étrangers aux alliances de la promesse (sans être au courant et sans avoir expérimenté les alliances de promesses pour le futur), sans espérance (vit pour maintenant avec aucun plan réel pour le futur) et sans Dieu dans le monde (Gr. cosmos : l’univers créé par Dieu, son ordre, ses desseins et son fonctionnement).
- Remarquez que Paul fait deux distinctions :
- la distinction entre les juifs et les païens
- la distinction entre les juifs et le peuple spirituel de Dieu
- Paul nous exhorte que nous nous souvenions de ce que nous étions avant de connaître Christ.
- aucun droit de citoyenneté dans le peuple de Dieu
- pas conscience de la richesse des promesses de Dieu pour le futur
- sans espoir d’avoir une raison de vivre qui en vaut réellement la peine et donc, sans un plan réel pour le futur
- sans vraiment comprendre les causes et les effets de la vie
- et sans savoir qui est responsable pour les causes et les effets de la vie
- Nous pourrions dire qu’avant de rencontrer Dieu, nous pourrions résumer la vie de la façon suivante : « Il y a moi et puis il y a toi, et puis c’est tout. Fais de ton mieux et arrange-toi avec tes affaires. Je vais faire de mon mieux et je vais m’occuper de mes affaires. Et puis si on fait bien ça tous les deux, il y a des chances, peut-être, que le monde sera “pas pire.”
La réconciliation en Christ qui amène le renouveau (v.13-18)
13 Mais maintenant, en Jésus-Christ, vous qui étiez jadis éloignés (lit. très loin), vous avez été rapprochés (passif : nous avons bénéficié de l’intervention de quelqu’un d’autre) par le sang de Christ (la mort de Dieu le Fils à ma place qui couvre mon péché).
14 Car il est notre paix (Gr. eirene : harmonie dans toutes ses parties), lui qui des deux n’en a fait qu’un (des juifs et des païens), et qui a renversé le mur de séparation, l’inimitié (syn. hostilité, qui n’est pas propice à la croissance ensemble), 15 ayant anéanti par sa chair la loi des ordonnances dans ses prescriptions, afin de créer en lui-même avec les deux (juifs et païens) un seul homme nouveau, en établissant la paix (Gr. eirene), 16 et de les réconcilier (dans le sens de restaurer un dessein précis), l’un et l’autre en un seul corps, avec Dieu par la croix, en détruisant par elle l’inimitié (hostilité qui existait entre Dieu, les juifs, et les païens).17 Il est venu annoncer la paix à vous qui étiez loin (les païens), et la paix à ceux qui étaient près (les juifs); 18 car par lui (par Jésus-Christ) nous avons les uns et les autres (ensemble) accès (implique un privilège exclusif qui n’est pas naturel) auprès du Père, dans un même Esprit.
- Remarquez l’emphase sur le contraste au verset 13… “mais maintenant.”
- Remarquez aussi l’emphase qui est placée sur la personne de Jésus-Christ. Il ne s’arrête pas à réparer l’âme perdue pour la rendre acceptable devant Dieu. Jésus vient transformer l’âme perdue. C’est en Jésus-Christ que le pécheur se transforme en saint.
- Au verset 15, le produit de la réconciliation entre juifs et païens n’est pas que les païens deviennent des juifs ou que les juifs soient renouvelés. Nous parlons d’une nouvelle équipe qui obtient une nouvelle identité. La paix offerte par Dieu n’est pas le produit d’un compromis, comme si Dieu devait assumer une partie du blâme. Paul nous fait comprendre que les juifs doivent capituler devant Dieu de la même manière que les païens doivent capituler devant Dieu. Dieu ne capitule pas. Cela nous scandalise parce qu’on ne peut pas concevoir que dans un conflit un des partis soit parfaitement justifié. Nous sommes beaucoup plus confortables avec l’idée que personne ne peut prétendre avoir la vérité absolue et que de cette façon, les deux sont à blâmer.
- Remarquez au verset 16 que la paix avec Dieu est rendue possible par la croix. La paix avec Dieu passe par la croix. Là aussi nous sommes scandalisés. Parce que la présence de la croix veut aussi dire que notre offense était “tellement” de notre faute que nous n’avions aucun moyen de sauver notre âme pour avoir accès à Dieu. La justice de Dieu et le pardon de Dieu sont décrits en termes d’absolus.
- Remarquez aussi qu’il ne s’agit pas seulement d’une réconciliation entre les juifs et les païens, mais aussi des juifs avec Dieu et des païens avec Dieu. Au verset 18, les juifs et les païens ont tous deux pleinement accès à Dieu le Père au travers de l’œuvre de Dieu le Fils par la puissance de Dieu l’Esprit.
Une nouvelle équipe de “nous” (v.19-22)
19 Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers ni des gens du dehors; mais vous êtes concitoyens des saints, gens de la maison de Dieu (Gr. oikos : maisonnée qui inclus les serviteurs et la parenté). 20 Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes (notre héritage), Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire. 21 En lui tout l’édifice, bien coordonné, s’élève pour être un temple saint (dédié et agréable à Dieu le Père) dans le Seigneur. 22 En lui vous êtes aussi édifiés pour être une habitation de Dieu en Esprit (implique la présence et la puissance de Dieu).
- Au verset 19, nous voyons une distinction entre des étrangers qui n’appartiennent pas à une maison et ceux qui sont membres d’une maison. Le verset 19 répond à la situation décrite dans le verset 2.
- Au verset 20, lorsque nous sommes “adoptés” dans la maison de Dieu, nous entrons aussi dans une lignée, un héritage qui commence avec les prophètes et les apôtres. Nous recevons non seulement une nouvelle identité dans la maison, mais nous participons aussi à un nouvel héritage qui date de très loin. Jésus-Christ a toujours été le fondement de cet héritage qui est maintenant aussi le nôtre.
- Au verset 21, notre participation à l’édification de la maison de Dieu veut dire que nous participons dans son histoire et que nous avons un rôle à jouer dans sa construction.
- Au verset 22, nous sommes appelés à participer dans la maison de Dieu non pas comme des individus, mais plutôt comme faisant partie d’une équipe qui grandit ensemble et qui se développe ensemble.
Application
Croire en Christ veut dire que je deviens quelque chose de renouvelé qui participe à quelque chose de nouveau. Je vous lance donc le défi de considérer ce passage à trois niveaux.
- Sur le plan personnel : Est-ce que j’ai répondu à l’appel sans compromis de prendre Dieu sur parole en ce qui concerne le scandale de mon péché ? Est-ce que je suis arrivé à un point dans mon cheminement de vie où j’ai conclu que mon péché a bel et bien mené à la mort de Christ à la croix pour satisfaire la justice de Dieu ? Est-ce que la réalisation de l’état désespérément perdu de mon âme m’a amené au point de délaisser mes façons de faire pour essayer de plaire à Dieu ? Est-ce que je peux identifier un moment dans mon cheminement où j’ai commencé à croire que ce que Jésus a fait à la croix, c’était aussi pour moi et que cela est suffisant ? Si j’ai reconnu que Jésus-Christ est mort à la croix pour moi à ma place, est-ce que je peux dire que je choisis maintenant de croire les promesses du Dieu de l’alliance ? Comment est-ce que ma réponse à l’appel de Dieu influence mon couple ? ma relation avec mes enfants ? ma relation avec mes parents, mes proches?
- En ce qui concerne notre église : Est-ce que je considère que mon appartenance à Jésus-Christ veut aussi dire pour moi que j’ai été accepté dans sa famille ? Est-ce que je peux dire que j’ai trouvé ma place pour contribuer à l’édification de la maison de Dieu ? Est-ce que je peux dire que l’appel de Dieu m’amène à rechercher des occasions de m’investir pour Dieu en compagnie des autres chrétiens de l’église ?
- En ce qui concerne notre entourage : Est-ce que j’accepte que Dieu se serve de moi pour réconcilier une âme perdue avec Lui ? Est-ce que j’accepte aussi l’idée que Dieu m’appelle généralement à être artisan de paix qui laisse sa marque dans la vie des gens que je côtoie ? les marginaux ? les faibles ? les tourmentés ? les affligés ?