Lorsque nous considérons la vision du monde qui se dégage des enseignements de Jésus, nous ne pouvons jamais aller bien loin sans entendre parler du Royaume de Dieu. Bien que Jésus ait vécu parmi nous, il vivait néanmoins sa vie avec une perspective ancrée dans un autre monde. C’est comme si sa perspective de ce monde dépassait ce que nous pouvons voir, toucher et goûter par nos sens. Par conséquent, la perspective de Jésus faisait appel à un autre sens, celui de la foi.
Par exemple, la prière du « Notre Père » que l’on retrouve dans Matthieu 6.9-15 et Luc 11.2-4 fait plusieurs allusions au Royaume de Dieu. Nous pensons aussi à l’enseignement bien connu de Jésus sur les béatitudes dans Matthieu 5.2-12 et aux versets qui suivent, qui sont à plusieurs égards une exposition thématique du Royaume de Dieu.
Il est alors particulièrement saisissant de constater que Jésus ne considère pas vivre notre vie sur terre comme étant une activité qui exclut le Royaume de Dieu. Pour Jésus, vivre sur terre est une application du Royaume de Dieu. Le but de la vie n’est pas exclusivement terrestre. Par conséquent, Jésus vécut sur terre avec une perspective qui n’était pas exclusivement matérielle. C’est pour cela que Jésus enseigna à ses disciples à prier de la façon suivante « … que ton règne vienne; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel… »
Combien de fois avons-nous prié une telle chose sans vraiment réfléchir à ce que cela veut dire pour notre quotidien?
Nous regarderons donc ce petit bout de la prière de Jésus, « … que ton règne vienne… » au travers de 4 grandes questions que l’on se pose dans la vie.
- Quelle est la vie idéale dans le Royaume de Dieu?
- À quoi ressemble le succès dans la perspective du Royaume de Dieu?
- Comment est-ce que j’agis envers mes semblables dans la perspective du Royaume de Dieu?
- Comment est-ce que je me comporte devant la souffrance dans la perspective du Royaume de Dieu?
Une vie idéale?
Si je pouvais vivre ce que je considère être une vie idéale, quels seraient 5 aspects de cette vie dans la réalité?
Que ce soit consciemment ou inconsciemment, beaucoup de nos décisions sont directement influencées par notre réponse à cette question. Nous cherchons tous le bonheur, la bonne vie. Nos décisions et par conséquent, nos priorités, sont régis par ce que nous estimons être l’idéal pour nous. Par conséquent, le succès de notre vie est bien souvent mesuré par notre capacité à réaliser ce que nous estimons être l’idéale de notre vie.
Nous ne parlons pas ici de l’idéal qui pourrait être si seulement nous pouvions effacer les conséquences naturelles de la vie. Par exemple, j’aimerais pouvoir voler tout seul et me rendre à destination par le seul moyen de mes capacités surnaturelles. Mais dans la réalité, le moment que j’essaie de battre de mes bras pour m’envoler, je ne peux faire autrement que subir les conséquences des lois de la gravité.
Nous parlons donc d’une vie idéale selon la réalité des choses telles que nous les expérimentons couramment. Nous ne parlons pas d’une vie idéale qui est fantaisiste, sans limites et sans conséquence.
La vie idéale selon la perspective du Royaume de Dieu
Dans Matthieu 5.2-9, Jésus affirme « heureux » sont ceux qui choisissent de mettre en priorité les caractéristiques de la Bonne Nouvelle de l’évangile dans leurs vies quotidiennes. Dans l’hébreu, le mot « heureux » ne traduit pas seulement un mot, mais un état d’âme. Celui qui est « heureux » est celui dont toutes les parties de sa vie s’accordent en parfaite harmonie.
- Heureux les pauvres en esprit
- Heureux les affligés
- Heureux les débonnaires
- Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice
- Heureux les miséricordieux
- Heureux ceux qui ont le cœur pur
- Heureux ceux qui procurent la paix
- Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice
- Heureux ceux qui sont persécutés injustement à cause de leur allégeance à Jésus
Lorsque nous regardons cette liste, nous pourrions vite conclure qu’il ne semblerait pas y avoir une raison particulière d’être heureux à prima bord. Tous les aspects qui y sont décrits font appel à un certain renoncement à soi-même. Par exemple, être débonnaires nous fait penser à faire du bien envers quelqu’un sans que cela soit particulièrement profitable pour soi. Nous faisons le bien vraiment pour l’autre, et non pas pour que cela devienne une situation aussi gagnante pour soi et pour l’autre.
Il est donc facile de voir que la vie idéale selon le Seigneur Jésus-Christ demande en partant une perspective qui n’est pas naturelle. En d’autres mots, la perspective du Royaume de Dieu ne s’accorde pas naturellement avec notre perspective. Soyons honnêtes après tout. Notre perspective s’accorde très bien avec ce que nous voulons pour nous-mêmes. Notre idéal pour notre vie est plutôt égoïste, non? (Reviens à ta liste de 5 aspects de ta vie idéale pour voir…)
La vie idéale selon le Royaume de Dieu commence avec une perspective centrée sur Dieu, et non sur moi. Nous pouvons donc affirmer au moins trois changements de perspectives importantes concernant la vie idéale selon Dieu.
Premier changement de perspective
Une première perspective que Dieu modifie chez moi lorsque je m’engage à vivre selon la perspective du Royaume de Dieu concerne qui est le bénéficiaire primaire de mes talents et de mes ressources. Pour « qui » est ce que je vis après tout?
Dans une perspective naturelle du monde, je me base principalement sur ce que JE veux accomplir. En fait, mes désirs gouvernent principalement ce à quoi j’aspire. Je ne tiens pas compte de Dieu, du moins dans ma vie quotidienne, ni même des autres. Mes choix, ma planification de ma journée laisse sous-entendre que même si Dieu existe, il ne s’intéresse pas à ce que je fais et je n’ai pas des comptes à rendre à qui que ce soit.
Dans la perspective du Royaume de Dieu, j’utilise la Parole de Dieu et l’exemple du Seigneur Jésus-Christ comme mon standard préféré pour me donner une direction à suivre pour vivre « la bonne vie ». Je commence ma journée et je finis ma journée en considérant comment la Parole de Dieu informe mes décisions et mes priorités.
Par exemple, lorsque je regarde mon agenda pour la journée, je pourrais commencer à planifier mes rencontres et mes engagements en essayant le plus possible de me donner du temps libre pour moi. Je vais donc limiter mes interactions à ce que je considère être des obligations de travail ou familiales pour me donner plus de temps pour interagir avec mon sport préféré ou mon divertissement préféré. Même mon engagement au travail est purement égoïste. Je ne travaille que pour mon succès financier ou pour faire avancer ma carrière, mon prestige social. Je pourrais même être prêt à mettre de côté des engagements plus ou moins solides que j’ai pris au préalable pour satisfaire mes désirs ou ce qui me passionne exclusivement.
Dans la perspective du Royaume de Dieu, je regarde mon agenda de la journée en considérant l’appel de Dieu dans ma vie. Je considère comment chaque engagement à mon calendrier reflète mon amour pour Dieu et pour mon prochain. Je vais limiter mes interactions à des activités et des projets qui vont chercher à glorifier Dieu, c’est-à-dire, le rendre plus visible parmi les gens que je côtoie. Je vais considérer si je suis en mesure de donner un coup de main à un ami ou si une personne seule que je connais pourrait bénéficier d’une petite visite en personne ou même d’un coup de téléphone. Si j’ai une famille, je vais penser par exemple à aider mon épouse avec la vaisselle pendant qu’elle s’occupe du repas ou accompagner mon fils dans une activité scolaire. En fait, dans la perspective du Royaume de Dieu, je ne vis pas seulement pour satisfaire mes désirs. Je vis pour glorifier Dieu. Et, cette perspective m’amène à m’investir dans les gens autour de moi.
D’ailleurs, nous pourrions prendre chacun des « heureux » dans la liste des béatitudes de Matthieu 5 et les placer dans le contexte d’une relation interpersonnelle. Chercher à glorifier Dieu implique très souvent une interaction avec les autres autour de moi.
Deuxième changement de perspective
Comme nous venons de voir, chercher à vivre ma vie idéale implique naturellement que je vais utiliser mes ressources et mes talents pour me rapprocher de mon idéal. Je vais m’appuyer sur « moi » pour faire ce que « je » veux. Cette approche est encore une fois une approche tout à fait naturelle. Au fond, elle n’est pas mal en soi tant et aussi longtemps que notre perspective du monde ne tient pas compte du Dieu créateur.
Lorsque nous venons au monde, nous sommes dépendants de nos parents (notre mère en particulier) pour vivre. Mais cette dépendance est fortement égocentrique. Un bébé pleur parce qu’il a faim, parce qu’il n’est pas content, parce que, parce que, parce que…
Dés notre jeune âge, nous cherchons notre indépendance. Nous voulons tout faire par nous-mêmes. Rendus adultes, nous continuons bien souvent à explorer et à affirmer notre indépendance. D’ailleurs, une grande partie des annonces publicitaires font appel à notre sentiment d’indépendance. « Tu mérites ce produit… Tu serais chic dans cette robe… Ce camion te permettrait de voyager librement, travailler plus efficacement, tout en ayant belle allure… » Ce ne sont pas les exemples qui manquent.
Dans la perspective du Royaume de Dieu, nous apprenons à reconnaître notre dépendance comme des créatures qui sont redevables à leur créateur. La Bible nous enseigne que l’homme et la femme furent créés selon la ressemblance de Dieu pour sa gloire. Donc, le point de départ tout à fait naturel et logique dans un monde créé est la manifestation d’une certaine reconnaissance chez l’être humain envers son créateur.
Malheureusement pour nous, l’histoire de l’humanité nous témoigne autrement. L’apôtre Paul articule adroitement cette observation dans Romains 1.20-21 où il explique, « Ils sont donc inexcusables, 21puisque ayant connu Dieu, ils ne l’ont point glorifié comme Dieu, et ne lui ont point rendu grâces; ». Ce que Paul prétend est logique dans la conception d’un monde créé par Dieu. Si Dieu te donne le souffle de vie et qu’il te confie des capacités et des ressources, pourquoi ne pas lui rendre grâce? Ne pas lui démontrer notre reconnaissance est complètement insensé !
Cette perspective s’intensifie davantage lorsque nous parlons du Royaume de Dieu. Jésus a enseigné que le Dieu créateur n’a pas délaissé le monde à jamais, proie aux imperfections et aux injustices. Dieu est venu. Il a habité parmi nous. Il nous a annoncé une bonne nouvelle. Le Dieu créateur désire entretenir une relation intime avec sa créature. Il a un plan. Il est le maître d’un royaume duquel nous pouvons faire partie et qui restaure la création selon les desseins d’origine.
Sur quoi alors est-ce que je base ma confiance?
Je me base principalement sur mes capacités et mes ressources. D’ailleurs, je n’ai pas le choix parce que je doute de l’amour et de la bienveillance de Dieu à mon égard.
Ou…
J’apprends à dépendre sur Dieu. D’ailleurs, ma vie de prière atteste à quel point c’est une réalité pour moi. J’apprends à me reposer sur la bienveillance de Dieu et sur sa providence dans ma vie.
Conclusion
Avant de prier « que ton règne vienne » il serait sage de considérer si je me suis placé dans une position qui est sous la gouverne de Dieu. Nous avons vu que la perspective du Royaume de Dieu exige deux changements de perspectives. Ces changements ne sont pas naturels, même si nous reconnaissons de façon intrinsèque leur vérité. Dans un premier temps, je dois changer ma perspective sur le but de ma vie. Si je suis un être créé à l’image de Dieu, j’ai été créé pour glorifier Dieu. Les enseignements de Jésus me démontrent que j’ai été créé pour glorifier Dieu et pour manifester sa gloire au travers de mon amour envers mon prochain. La bonne vie, selon Jésus, implique donc une dimension sociale où je considère aussi les intérêts de ceux qui m’entourent.
Un deuxième changement de perspective s’adresse surtout au fait que l’appel de Dieu dans ma vie requiert une dépendance sur la puissance et la capacité de Dieu. Au lieu de parader mon indépendance, j’admets librement ma faiblesse (mes limites comme créature) tout en avançant par la foi en me confiant dans la toute-suffisance de Dieu.
Compte tenu de tout cela, il est important de se demander si je connais le Seigneur Jésus-Christ de façon expérientielle. C’est à dire, est-ce que je connais Jésus comme mon Sauveur personnel?
Le début de la prière de Jésus dans Matthieu 6 nous donne plusieurs pistes de réflexion dans ce sens :
- Notre Père qui est cieux… Est-ce que j’ai réglé la question de ma condamnation devant la justice de Dieu à cause de mon péché?
- Que ton nom soit sanctifié… Est-ce que je lui accorde la première place dans mes décisions?
- Que ta volonté soit faite… Suis-je persuadé que l’appel (Parole) de Dieu est la meilleure chose pour ma vie?