Lorsque la Bible nous parle d’être « sel et lumière », nous pourrions penser qu’il s’agit d’un appel particulier qui s’adresse à ceux qui se sont engagés dans un ministère en dehors de l’église. Après tout, le sel donne le goût et la lumière donne une direction. Mais je propose que lorsque la Bible nous parle d’être sel et lumière, elle fait appel à tous ceux qui professent être réconciliés avec Dieu. Lorsqu’un individu cherche à glorifier Dieu au travers de sa vie, il ne peut s’empêcher d’être sel et lumière. Il donne goût aux autres de vouloir connaître Dieu et sa vie devient en quelque sorte une lumière qui aide les autres à se rapprocher du Dieu vivant. Nous pourrions dire qu’être sel et lumière est aussi en quelque sorte l’application normale de l’évangile qui prend racine dans la vie de quelqu’un qui professe être un Chrétien.
Un appel à être renouvelé
Cette année nous avons choisi Col 3.16-17 comme passage central de notre vision d’être une église qui reflète fidèlement l’image de notre seigneur Jésus-Christ à l’œuvre dans le monde.
Colossiens 3:16-17 Que la Parole du Christ réside au milieu de vous dans toute sa richesse : qu’elle vous inspire une pleine sagesse, pour vous instruire et vous avertir les uns les autres ou pour chanter à Dieu de tout votre cœur des psaumes, des hymnes et des cantiques inspirés par l’Esprit afin d’exprimer votre reconnaissance à Dieu. Dans tout ce que vous pouvez dire ou faire, agissez au nom du Seigneur Jésus, en remerciant Dieu le Père par lui.
Lorsque nous considérons le contexte de ce passage, nous constatons que les versets précédents nous parlent des caractéristiques de l’homme nouveau dans lequel la parole du Christ réside.
Colossiens 3.10 et vous vous êtes revêtus de l’homme nouveau. Celui-ci se renouvelle pour être l’image de son Créateur afin de parvenir à la pleine connaissance. 11 Dans cette nouvelle humanité, il n’y a plus de différence entre Juifs et non-juifs, entre circoncis et incirconcis, étrangers, barbares, esclaves, hommes libres : il n’y a plus que le Christ, lui qui est tout et en tous.
Si le terme « homme nouveau » vous rend perplexe, pensez à la position de l’être humain dans le sens d’une créature. La Bible assume sans équivoque que l’être humain est le résultat de l’œuvre du Dieu créateur. Pourquoi alors parler de l’homme nouveau? Est-ce un renouveau? Dans le sens d’être refait à neuf? Regardons brièvement l’histoire de la Genèse. Le récit de la création nous apprend que Dieu a créé l’homme à son image pour être un reflet de sa gloire sur la terre.
Notre identité première
Un bref survol des trois premiers chapitres de la Genèse nous apprend que nous ne définissons pas notre propre identité. Nous venons de quelque part et nous sommes dépendants de quelqu’un d’autre. Si nous sommes des créatures, alors nous sommes dépendants d’un Créateur qui définit en grande partie ce que nous sommes. Nous avons une autonomie propre, mais qui est limitée par la créativité de celui qui nous a créés.
- Dieu créa l’être humain (l’homme et la femme) à son image (Gen 1.27)
- Le reflet de son image dans l’être humain glorifie Dieu
- Lorsque Adam et Ève ont cherché à affirmer leur propre identité (image), ils ont par conséquent brouillé ou faussé l’image de Dieu.
Lorsqu’Adam et Ève ont désobéi à ce que Dieu leur a commandé, ils sont allés beaucoup plus loin que simplement ignorer ce que Dieu leur a demandé. Ils ont redéfini leur rôle comme créature. D’ailleurs, lorsque Satan a tenté Ève, il lui a promis qu’elle serait comme un dieu; qu’elle aurait le pouvoir de déterminer ce qui est bien de ce qui est mal. En d’autres mots, Ève aurait la capacité de déterminer sa propre destinée, d’établir sa propre autorité, indépendante de Dieu (peut-être même Adam?).
Lorsque Paul parle de l’homme nouveau, il fait référence à un revirement de la situation qui s’est produite dans le jardin d’Eden. La venue de Jésus-Christ comme le deuxième Adam (Rom 5.12-19) accomplit deux choses : il répond au jugement de Dieu en satisfaisant sa justice; et, le renouvellement de ceux qui par la foi placent leur confiance dans ce qu’il a fait. De cette façon, Dieu accomplit sa justice tout en appelant sa création à être renouvelée de l’intérieur.
Pour revenir à Colossiens 3.12-15, Paul donne quelques caractéristiques de l’homme nouveau qui renforce l’identité de l’homme qui désire vivre selon l’image de son Créateur.
Trois indicatifs
Le Nouveau Testament présente souvent une démarche à suivre ou un commandement à obéir avec un préambule qui rappelle l’identité de celui ou celle veut vivre sous la direction de Dieu. En d’autres mots, l’indicatif précède toujours l’impératif. Nous constatons un exemple de ceci dans Colossiens 3.12-15.
- Colossiens 3.12a « … comme des élus de Dieu » : Dieu nous a choisis, il nous appelle afin d’accomplir son plan, selon ses desseins, pour sa gloire. C’est son idée. C’est lui qui le veut.
- Colossiens 3.12b « … des saints » : Dieu nous a revêtus de sa justice. Lorsque Dieu le Père regarde ceux qui placent leur confiance en lui pour leur salut, il voit l’œuvre et la personne de Dieu le Fils. Cette œuvre fait croître les caractéristiques de Dieu dans le Chrétien d’une telle manière que le Chrétien ressemble à Dieu par l’œuvre du Saint-Esprit dans sa vie quotidienne.
- Colossiens 3.12c « … des bien-aimés » : Dieu nous a appelés et nous justifie parce qu’il a choisi de nous aimer. Il a déversé son amour. Nous méritons la colère et le jugement de Dieu, mais il a choisi de manifester son amour envers nous.
Les impératifs
Une fois que l’identité est réaffirmée pour rappeler que la motivation et la force pour accomplir ce qui est demandé viennent du Créateur, nous rencontrons les commandements que nous devons obéir pour vivre selon l’image de Dieu. Ces commandements ne sont pas des fardeaux. Ils ont pour but de guider, d’affermir, et d’aider celui ou celle qui cherche à vivre comme porteur de l’image de Dieu dans sa vie.
- Revêtez-vous… de quoi? des mêmes choses que Dieu a manifesté envers vous au travers de l’Évangile. (v.12b) Revêtir implique premièrement que je me suis dépouillé du vieil homme. (v.9)
- … d’entrailles de miséricorde: décris un sentiment d’empathie et d’intérêt pour mon prochain qui vient des tripes — c’est se mettre à la place de l’autre tandis que tu laisses Dieu prendre ta place en servant l’autre.
- … de bonté: qui démontre une considération pour l’autre — qui tient compte de ses sentiments et ses dispositions — qui fait preuve d’une certaine chaleur et générosité à l’égard des autres
- … d’humilité: dans le contexte, décrit spécifiquement l’idée d’avoir une opinion juste de soi-même en lien avec ce que Christ a du souffrir et payer pour te racheter — reconnaître que nous sommes des pécheurs graciés et que nous sommes des créatures qui dépendent du Créateur — c.-à-d. nous ne sommes pas des dieux et nous ne nous comportons pas de cette manière dans le monde
- … de douceur: un synonyme de considéré ou attentionné — traiter mes frères et sœurs en Christ comme des fils et des filles du Roi des rois — reconnaître qu’ils ne sont pas parfaits, que Dieu est à l’œuvre dans leurs vies par Son Esprit — chercher à faciliter le travail de Dieu dans leur vie et s’en remettant à la souveraineté de Dieu qui leur montre en temps et lieu la vérité sur telle et telle chose
- … de patience: littéralement, rester tranquille pendant que tu subis une pression désagréable — laisser Dieu agir dans des domaines où seul Dieu peut convaincre et accomplir un travail efficace dans la vie de ce frère ou de cette sœur — laisser Dieu agir sans Lui imposer un échéancier pour accomplir son œuvre dans la vie de l’autre
En se revêtant des qualités qui caractérisent notre Seigneur… supportez-vous (v.13a). Nous avons notre deuxième impératif. En d’autres mots, revêtez-vous et supportez-vous parce que vous êtes des saints, des bien-aimés qui sont élus par Dieu.
Mais qu’est-ce que cela veut dire… supporter l’autre?
- Accepter de soutenir l’autre — accepter de porter un fardeau — aider l’autre à porter un fardeau qui n’est pas agréable à porter
- Le but de soutenir l’autre n’est pas centré sur le fardeau, mais plutôt sur le désir d’avancer ensemble comme Corps de Christ — nous allons donc porter le fardeau de l’autre afin que nous puissions tous avancer ensemble et arriver tous ensemble à destination ensemble.
En se revêtant des qualités qui caractérisent notre Seigneur, et en se supportant les uns les autres, pardonnez-vous (v.13b).
- Si vous avez sujet de plaindre de quelqu’un… qu’il pardonne.
- Laisse tomber ton droit de faire des représailles ou ton droit de limiter l’expression de ton amour envers cette personne
- Quelle est la motivation pour le pardon? … notre identité en Christ… ce que Christ a fait pour nous.
Conclusion
Nous oublions parfois que l’église est composée de pécheurs, sauvés par grâce certes, mais des pécheurs tout de même qui avancent dans la foi à différents niveaux de maturité. Il est donc nécessaire d’appendre à se soutenir mutuellement dans l’église ainsi que d’apprendre à se pardonner mutuellement dans l’église.
Paul aurait pu commencer cette portion de sa lettre aux Colossiens en disant simplement qu’ils devraient se soutenir et se pardonner mutuellement. Mais Paul commence par réaffirmer la puissance qui découle de notre identification à Jésus-Christ. Il fait référence à la nouvelle identité que nous avons en Christ comme point de départ. En faisant ceci, il nous rappelle que la motivation et la capacité d’obéir aux commandements dépendent de notre relation renouvelée avec le Créateur.
Dieu accomplit ceci en renouvelant qui nous sommes de l’intérieur. Parfois, on parle du cœur, parfois des affections, de notre pensée, etc. L’idée à retenir est que Dieu travaille en nous pour nous refaire à son image afin que nous puissions marcher dans ses voies et refléter sa gloire. Et ceci nous permet d’être sel et lumière dans l’église et, au travers de l’église, aux gens qui nous entourent.