Comme beaucoup hier, j’ai appris la nouvelle du drame terrible qui s’était produit des heures auparavant à Bruxelles pendant mon sommeil. Les scènes de destruction marquées par l’effroi et le choc dans les visages sont restées gravées dans ma mémoire. Mais c’est ma réflexion par la suite qui m’a suscité à réagir.
« Encore un autre attentat » je me suis dit. « Il fallait bien le voir venir. Nous ne réussirons jamais à empêcher des situations pareilles à l’avenir. »
J’ai écouté les nouvelles en cherchant à comprendre ce qui s’était produit au juste. On parle de deux hommes à l’aéroport, non… un troisième aurait pris la fuite. Une bombe dans une foule pendant l’heure de pointe… quelle lâcheté ! On parle d’une déflagration semblable dans une station de métro quelques kilomètres plus loin. Le but ? Tuer et détruire avec le maximum d’effet. Encore un autre attentat. Et probablement d’autres à venir ? Les services de la sécurité publique sont nerveux. Peut-on réellement espérer un dénouement favorable devant une telle hostilité sans bornes ? « Pas dans ce monde » je me suis dit.
Une solution durable existe-t-elle ?
J’écoute les différents chefs politiques démontrer leur solidarité avec la Belgique tout en faisant ce qu’un politicien sait faire le mieux : des promesses. « Nous sommes déterminés, résolus. Nous vaincrons. Nous ne nous laisserons pas intimidés. Nous condamnons de tels actes et nous ferons tout en notre pouvoir pour éviter que cela se reproduise. » Mais mon expérience personnelle de la politique dernièrement m’amène à penser qu’il n’y a pas de grand réconfort dans les promesses politiques. Suis-je devenu saturé, blasé, écœuré ?
Nous savons pourtant que le salut d’un peuple ne dépend pas de la résolution de ses chefs politiques, même si la résolution d’un chef est une chose louable en partant. Un chef politique n’est pas plus grand que son peuple après tout. Il n’est pas un superhero. Alors, il me semble que le poids de la responsabilité repose sur la collectivité et dans la résolution de chaque individu.
Aussi, je ne suis pas convaincu qu’un changement d’idéologie chez les terroristes ou chez ceux qui se laissent embarqué dans leurs délires sera le résultat d’une force politique, militaire ou sociale, même si celles-ci sont nécessaires à leur juste titre pour appuyer l’ordre et défendre les libertés.
La réalité globale est qu’un peuple peut mettre en place les meilleures dispositions de sécurité et tenir un discours ferme sans toutefois réussir à changer la mentalité de ceux qui ne cherchent qu’à détruire et à intimider les autres par leur brutalité. Bruxelles et Paris ne sont pas des cas isolés. Il y a aussi les pays d’Afrique, la Syrie, l’Iraq, l’Afghanistan et j’en passe.
Le défi, semble-t-il, est beaucoup plus profond qu’un manque d’éducation, une situation socioéconomique précaire ou des différences culturelles. Je soumets que la cause du défi réside dans le cœur de chaque personne.
Mais pourquoi se poser la question ?
Je sais que ce n’est pas le temps de chercher à expliquer le pourquoi d’un tel acte quand des gens souffrent. Je ne veux pas laisser sous-entendre par là que je suis insensible à la souffrance et à la tragédie que des vies ont été subitement écourtées et que d’autres sont profondément changées à jamais. Mais tôt ou tard, on se pose la question, « mais pourquoi ? » Et on se pose cette question depuis un certain temps.
Suite aux attentats à Paris, beaucoup de gens sont partis à la recherche d’un renouveau dans leur raison de vivre en réponse aux actes de terreurs. Mais plusieurs ne savent même pas par où commencer. On accuse les terroristes de perdre la tête ou d’être arriérés. Mais ça nous perturbe de constater qu’il s’agit de gens qui savent lire, écrire et qui dans d’autres circonstances, travaillent, élèvent une famille et font la fête de temps à autre.
Devant de telles choses, la plupart des gens poursuivent leurs vies et arrêtent de se poser des questions. On décide simplement et bravement de retrouver une vie normale en dépit des alertes et des appels à la vigilance. On n’a pas vraiment le choix dans des circonstances pareilles. On continue d’amener les enfants à l’école. On sort le soir pour aller au restaurant, voir un film ensemble ou participer à une activité quelconque. Bref, on refuse de se cloîtrer chez soi. Et c’est très bien. C’est un peu comme mettre le doigt au nez devant les terroristes pour leur faire signe que leurs tactiques ne fonctionnent pas. « Nous n’avons pas peur de vous ! »
Alors, je félicite mes compatriotes français (c’est compliqué, mais je suis né en France). Ils sont braves et ils retiennent mon admiration au même titre que les Belges qui ont déjà affirmé leurs intentions de prendre le même chemin.
Et pourquoi ne pas se poser la question ?
Je ne tiens pas non plus à laisser sous-entendre que je comprends ce qui a motivé un individu à fabriquer une bombe meurtrière. Qu’est-ce qui motive un individu à faire une chose pareille après tout ? J’en conclus que son sens de la réalité dépasse les bornes de ce qui semble être la norme chez la grande majorité des êtres humains : chercher à vivre une vie paisible dans la poursuite de ce qui fait son bonheur et qui contribue à vivre en paix.
Mais compte tenu du contexte religieux qui forme la toile de fond devant laquelle se dessine ces atrocités, je me sens interpelé à offrir, en tant que pasteur, une réplique ou du moins, une réaction. Sinon, la vie n’a vraiment pas de sens. Et si tel est le cas, nous ferions mieux de simplement vivre notre vie sans nous poser de questions, car nous finirons par mourir tous éventuellement, que ce soit par la main d’un terroriste, de la maladie, d’un accident ou simplement de vieillesse.
Que vous soyez d’accord avec moi ou pas, je ne suis pas le genre de personne qui est satisfait de vivre ma vie sans chercher des réponses aux questions. On découvrira peut-être un gène chez les gens comme moi qui s’interrogent sur des questions pareilles. Mais je soupçonne que c’est une manie chez l’être humain de savoir « pourquoi ». C’est peut-être une caractéristique qui nous distingue du règne animal et qui nous donne le goût de vivre plus que de survivre.
Le problème fondamental
Je compatis aussi avec celui qui en a ras le bol avec les discours religieux. Après les attentas à Paris, j’ai vu un écriteau affirmer : « Dieu n’est pas la solution » et un autre, « Paris n’a pas besoin de vos prières. » Considérant le climat de ferveur religieuse derrière les attentats, je comprends le point de vue. Ceci dit, je prends néanmoins exception à ce genre de discours réactionnaire.
Beaucoup de mal a été justifié au nom d’une divinité ou d’une autre dans ce monde (incluant le Dieu des chrétiens). Et je tiens à me distancier de ceux qui affirment que leur divinité ou leur livre sacré leur donne la permission de faire du mal pour justifier la poursuite d’une cause soi-disant « plus noble » que celle de soutenir la vie d’un autre être humain.
Mais si l’on attribue à la religion des atrocités commises sous l’égide de Dieu, c’est aussi en passant sous silence les atrocités innombrables commises par des athées (ex. Hitler, Staline, Polpot, etc.). Ma remarque va donc dans ce sens : il est mieux d’évaluer la moralité d’une idéologie par l’application fidèle de ses dogmes que par l’application pervertie de ses dogmes par ses adhérents.
Si le monde occidental a rejeté en grande partie les principes du Nazisme par exemple, c’était en grande partie à cause de la mise en application fidèle de ses adhérents et des conséquences logiques qui en découlèrent. Les camps de concentrations pour les juifs et les hôpitaux spécialisés dans l’extermination des handicapés n’étaient pas des aberrations de la vision de Hitler. Ils faisaient tous partie intégrale d’une idéologie intentionnelle et cruelle.
Alors, il va de soi que lorsque je me sens poussé à réagir aux évènements d’hier en me posant la question, « mais pourquoi ? » je creuse un peu pour diriger l’attention sur la nature du cœur humain. Nous pouvons blâmer avec raison une idéologie ou une autre, mais au fond, il est plus question du cœur humain et de sa propension à faire ce qui est mal. L’idéologie islamiste de Jihad n’est à mon avis qu’une carte blanche qui donne libre cours à la méchanceté qui se trouve déjà dans le cœur humain. Et je n’ai pas à fouiller trop loin dans les manchettes pour appuyer ma conclusion.
Si ce n’est pas le fanatisme religieux qui pousse les gens à s’entretuer, ce serait autre chose. L’histoire nous témoigne d’une panoplie d’atrocités commises au nom du pouvoir et de la richesse, trop souvent sanctionnée par une idéologie quelconque.
Viser la cause et pas seulement les manifestations
Étant donné que je suis un Chrétien et que ma foi m’offre aussi une vision du monde, un genre de lentille au travers de laquelle j’interprète ce que je vois et ce que je ressens, je veux offrir une perspective qui tire ses racines du récit biblique. Si vous êtes Chrétien, plusieurs des choses que vous allez lire vous sont familières. Si vous ne vous identifiez pas comme Chrétien, j’ose espérer que vous trouverez peut-être dans ces quelques lignes, matière à réflexion dans la recherche d’une réponse satisfaisante.
La seule solution efficace que je connaisse pour changer le cœur humain se trouve dans l’évangile. C’est le seul discours qui, à ma connaissance, affirme sans équivoque d’un côté que le cœur humain est fondamentalement mauvais et de l’autre côté, qu’un tel cœur peut aussi être renouvelé en vue de désirer et faire ce qui est bien selon Dieu. Lorsque l’on considère les évènements d’hier, c’est vrai que l’on ne peut pas faire autrement que d’être surpris et choqué par l’envergure de cet acte d’abruti. Mais si l’on s’extirpe pour un moment du contexte d’un attentat commis par des terroristes, il n’est pas trop difficile de constater que la haine que l’un peut éprouver envers son prochain est aussi un phénomène qui se produit déjà dans notre quotidien à plus petite échelle.
- des employés en chicane qui souhaitent vivement que l’autre cesse d’exister
- des athlètes qui perdent leur sang-froid pour envoyer un autre à l’hôpital
- une bagarre dans un bar qui finie par blesser quelqu’un de façon grave
- un individu qui poursuit son conjoint en cour afin de lui enlever tout ce qu’il possède par un divorce
- le corps d’une victime d’abus sexuel que l’on retrouve en forêt
- un suicide lié à des injures par le biais des médias sociaux
- un automobiliste qui se met en colère après un autre et fini par causer un accident, etc.
La plupart des situations fâcheuses auxquelles nous participons sont souvent le résultat de nos impulsions. Nous perdons la raison sous le coup de l’émotion. Nous faisons et disons des choses que nous regrettons par la suite. Et bien souvent, les conséquences de nos paroles et de nos gestes impulsifs ont une portée limitée. Rares et très improbables sont les occasions où nos gestes et nos paroles causent un deuil national qui vient marquer l’histoire d’un peuple. Mais la motivation derrière de tels actes de terreur puise leurs racines dans la même source : le mal qui habite chaque cœur humain.
(Jérémie 11.9) « Le cœur est tortueux par-dessus tout, et il est méchant : Qui peut le connaître ? »
(Ecclésiales 9.2-3) « Ceci est un mal parmi tout ce qui se fait sous le soleil, c’est qu’il y a pour tous un même sort ; aussi le cœur des fils de l’homme est-il plein de méchanceté, et la folie est dans leur cœur pendant leur vie ; après quoi, ils vont chez les morts. Car, qui est excepté ?
(Matthieu 15.18-19) « Mais ce qui sort de la bouche vient du cœur, et c’est ce qui souille l’homme.19, Car c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les impudicités, les vols, les faux témoignages, les calomnies. »
Une perspective qui ébranle nos présuppositions
Je sais que je fais partie d’une minorité de gens qui croient que l’évangile comporte une solution réelle pour adresser le mal qui réside dans le cœur humain. Mais je crois que je suis simplement réaliste avec un brin de foi. J’observe chez les gens que trop souvent, leur quête de la vérité ne correspond pas aux « palais philosophiques » qu’ils se sont construits pour justifier leurs comportements et leurs priorités dans la vie. Alors il va de soi que lorsqu’ils sont confrontés à l’évangile, ils ont une tendance naturelle à faire demi-tour pour trouver refuge dans leurs « palais. » Je compare cette réaction vis-à-vis l’Évangile à un individu qui trébuche sur une pierre dans son chemin. Embarrassé par sa chute, il se relève comme si de rien n’était de peur qu’un autre l’ait vu perdre son élégance. (Voir Romains 9.30-33)
Je crois que cette vision des choses est réaliste au fond. Je peux pointer du doigt des cas extrêmes comme des terroristes et voir un gouffre qui nous sépare. Mais lorsque je considère l’ampleur du mal qui a motivé des individus à construire une bombe dans le seul but de faire un tel carnage, je ne peux pas honnêtement renier l’existence du mal. Et lorsque je m’y arrête pour y réfléchir sérieusement, je ne peux pas ignorer que des vestiges du mal résident aussi dans mon propre cœur même si l’idée d’un attentat me répugne.
Je sais aussi que je fais partie d’une minorité de gens qui ont fait l’expérience d’un cœur renouvelé par la grâce de Dieu au travers de l’évangile. Ça peut paraître étrange pour certains, mais c’est libérant de reconnaître à quel point mon cœur est empreint du mal.
Je m’explique. Lorsque j’admets la réalité du mal en moi, je vois aussi mon vrai visage. Mes motivations, mes plans, mes attitudes sont dévoilés comme à nu. J’arrête de renier la réalité, de fuir, d’éviter de considérer mes défaillances ou de me donner des béquilles intellectuelles pour justifier ma position.
Au fond, je ne peux pas saisir la nécessité d’avoir un cœur changé si je prétends être une bonne personne. Pourquoi avoir besoin de salut si mon cœur est sans mal ? Ou que le mal qui m’habite n’est pas si mal après tout ? Romains 3.22-23 nous explique que ce changement nécessaire commence par se mettre d’accord avec Dieu sur le fait que nos motivations et nos affections ne sont pas ce qu’ils devraient être. D’ailleurs, notre conscience nous en glisse un mot de temps à autre. Mais la plupart d’entre nous font fi de la chose.
(Romains 3.22-23)… car il n’y a pas de différence entre les hommes. 23 Tous ont péché, en effet, et sont privés de la glorieuse présence de Dieu…
Un dilemme moral
Je peux aussi affirmer que ce sont mes circonstances qui m’ont poussé à faire le mal, mais lorsque je considère ma main qui pointe l’autre du doigt, je constate aussi que plusieurs doigts pointent dans ma direction (ex. Matthieu 7.1-5). Confesser que je suis un pécheur qui a besoin de pardon n’est pas une faiblesse morale. Ce n’est même pas une béquille qui nous permet de justifier nos manquements ou le mal que nous avons fait. Lorsqu’une personne acquiesce favorablement à une prise de conscience vis-à-vis son péché, il est motivé à dire et à penser ce qui est vrai, ce qui est réel. Il arrête simplement de se justifier ou d’accuser ses circonstances.
Cela veut dire que je refuse de me cacher derrière un titre comme « manque de sensibilité » ou « désordre affectif. » J’arrête de me faire croire que ce sont mes circonstances ou d’autres personnes qui m’ont poussé à la méchanceté (ou qui continuent de justifier ma méchanceté). La première influence que la grâce de Dieu exerce sur moi est une reconnaissance qu’au plus profond de moi réside un mal que je n’arrive pas à extirper, dissimuler ou même ignorer.
La grâce de Dieu m’amène donc à prendre responsabilité pour ma méchanceté. Et je commence à comprendre à quel point je suis au dépourvu parce que je ne suis pas juste une victime du mal, mais je fais aussi partie du problème du mal que je perpétue dans le monde.
(Romains 3.22-23)… car il n’y a pas de différence entre les hommes. 23 Tous ont péché, en effet, et sont privés de la glorieuse présence de Dieu,…
Mais ça va encore plus loin. Même si je reconnais que je suis responsable pour le mal que j’ai commis, je me rends aussi à l’évidence que je ne peux pas espérer payer ma dette. Il y a bien des choses que je ne peux pas changer dans mon passé, que je ne peux pas rétablir comme elles étaient auparavant. Mes paroles et mes gestes ne sont pas récupérables. De plus, quand je considère ma vie à la lumière d’un être créateur qui m’a conçu pour agir selon sa ressemblance dans ce monde, je réalise que mes piètres efforts ne valent pas cher sur le balancier de la justice divine. (ex. Psaume 49.8-10 ; Romains 1.18-22)
Une offre divine qui transforme l’être intérieur
Mais encore une fois, la grâce de Dieu ne s’arrête pas là. Selon la Bible, je pourrais sacrifier mon corps, poser une panoplie de geste altruiste, accomplir des prodiges qui rendraient plein de gens heureux, mais si j’ai n’ai pas goûté à l’amour de Dieu, tout cela ne me sert à rien. (voir 1Corinthiens 13) C’est un exercice très religieux, très louable. Mais mon âme reste avide.
La bonne nouvelle de l’évangile est que Dieu nous a aimés lorsque nous n’étions pas aimables. Dieu a envoyé son Fils, subir à notre place ce que nous devrions subir à cause du mal que nous avons fait. La dette de notre offense devant Dieu est enlevée, voire même remplacée par sa justice. Dieu transfère effectivement notre dette à partir de notre compte et vient la déposer en entier dans le compte de son Fils qui nous donne à son tour sa justice. Cette offre s’applique au pire des malfaiteurs même si elle ne le dégage pas des conséquences de ses actes.
(Romains 5.7-8) À peine accepterait-on de mourir pour un juste ; peut-être quelqu’un aurait-il le courage de mourir pour le bien. Mais voici comment Dieu nous montre l’amour qu’il a pour nous : 8 alors que nous étions encore des pécheurs, le Christ est mort pour nous.
Mais la grâce de Dieu ne s’arrête pas là non plus, sans blague ! Il n’est pas seulement question d’un cœur nettoyé, mais d’un cœur transformé avec des nouveaux désirs et une nouvelle raison de vivre. Dans l’Ancien Testament, Dieu promet à son peuple qu’il leur donnera un nouveau cœur afin que son peuple soit un reflet fidèle de sa nature dans le monde. La Bible affirme que l’accomplissement de cette promesse se réalise en Jésus-Christ lorsqu’il est mort à la croix et qu’il est ressuscité d’entre les morts.
(Ézéchiel 36.26-27) Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. 27 Je mettrai mon esprit en vous, et je ferai en sorte que vous suiviez mes ordonnances, et que vous observiez et pratiquiez mes lois.
(2Corinthiens 3.2-3) C’est vous qui êtes notre lettre, écrite dans nos cœurs, connue et lue de tous les hommes. 3 Vous êtes manifestement une lettre de Christ, écrite, par notre ministère, non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur les cœurs.
La clé de voûte de l’évangile est donc l’œuvre de Jésus-Christ qui acquiert un « nouveau cœur » pour ceux qui placent leur foi en lui. Il ne s’agit pas juste d’un changement de perspective, mais plutôt d’un changement d’identité, voire même de nature. Lorsque Dieu nous fait grâce, il nous remplit de son Esprit. (Galates 4.6) J’ai alors un cœur renouvelé qui me permet de saisir comment appliquer le commandement de Jésus d’aimer Dieu de tout mon cœur et d’aimer mon prochain comme moi-même. (Luc 10.25-28) Lorsque mon cœur est saisi par la grâce de Dieu, le mal paraît encore plus mal et le bien paraît encore plus désirable.
Mon espoir pour une solution durable
Je ne prétends pas avoir une formule magique pour régler le fanatisme religieux au Moyen-Orient ni pour résoudre le phénomène de la radicalisation qui commence à se faire sentir en Amérique du Nord. Je ne peux pas imposer ma vision des choses aux autres. Et même si je pouvais le faire, l’Évangile perdrait sa raison d’être étant donné qu’il s’agit d’une réponse volontaire à une offre gracieuse.
J’ose néanmoins espérer que l’Évangile pénètre de plus en plus le Moyen-Orient. Je prie aussi que les yeux de mes compatriotes en Europe et en Amérique du Nord soient ouverts à la profonde réalité du mal qui réside dans le cœur humain. Et je prie qu’ils reconnaissent la beauté de l’Évangile au sein d’un monde qui souffre et qui se détruit.
Une partie de moi pleure avec les Belges et les Français. Une autre partie de moi est en colère contre une telle démonstration de lâcheté de la part des terroristes qui s’en prennent à des gens innocents et sans défense tout en choisissant d’en finir avec leurs propres vies. Une telle pratique n’est ni brave ni courageuse. Mais je garde espoir que la lumière de l’Évangile peut trancher au travers de la haine et aussi apporter un espoir et un réconfort à ceux qui souffrent.
Mais encore faut-il adopter une vision du monde qui chérit la vie et qui reconnaît la présence de forces immatérielles qui exercent leurs influences dans le monde. C’est cette vision des choses qui m’aide à garder espoir dans ce monde et surtout dans celui à venir.
C’est aussi cette même vision des choses qui m’a repris lorsque je me suis dit que nous ne réussirons jamais à empêcher des situations pareilles à l’avenir. Je ne connais pas d’autres solutions durables pour la paix dans le monde. Et je ne connais pas une autre solution qui accorde une vraie liberté pour jouir pleinement de cette vie tout en se déliant des chaînes du mal qui nous entourent si facilement. Car la grâce de Dieu que j’ai découverte au travers de l’évangile me motive à vivre d’une telle façon que je désire apporter de l’aide à mon prochain et à mettre de côté les gestes et les paroles qui ne reflètent pas la nature de Dieu. Comme pasteur, je me dis que si plus de gens pouvaient aussi goûter à cette perspective de la vie au travers de l’évangile, le monde serait réellement meilleur et la paix serait une chose plus palpable.
Alors je ne prétends pas pouvoir changer le monde, mais j’ose croire qu’en pratiquant l’évangile au quotidien, je fais ma part pour contribuer non seulement à une vie meilleure ici-bas, mais aussi à la destinée éternelle de mon prochain.
(Romains 12.21) « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais surmonte le mal par le bien. » Voilà ma réponse aux terroristes qui cherchent à détruire mes amis… incluant les leurs.