L’apôtre Paul tourne son attention maintenant à l’aspect du culte de l’église, et plus particulièrement, à un aspect important de la liberté chrétienne si bien énoncée au chapitre précédent (entre autres la liberté de conscience du Chrétien de vivre par la foi en ce qui concerne les viandes sacrifiés aux idoles). La liberté du chrétien affranchie de la loi et des exigences cultuelles de l’Ancien Testament remet en question la manière de glorifier Dieu dans le culte de l’Église. (lire 1 Corinthiens 11)
La prédication de l’Évangile à Corinthe fut toute une révolution dans l’approche au culte. Une des grandes distinctives de l’église du 1er siècle fut l’accueil et l’ouverture accordée à tout être humain sans tenir compte de leur sexe, leur statut social, économique ou culturel. Cette nouvelle alliance basée sur la foi dans l’oeuvre parfaite de Jésus-Christ voulait aussi dire que tout enfant de Dieu a une même valeur pour Dieu, puisque chacun et chacune sont rachetés au travers du même sang. La justification accordée par le sacrifice de substitution de Jésus-Christ fait en sorte que lorsque Dieu regarde son Église, c’est le corps de Christ qu’il contemple.
D’après la lettre de Paul, nous déduisons donc qu’il est fort probable que cette nouvelle liberté en Christ fut une occasion de remettre en question le rôle de l’homme et de la femme dans la participation au culte. Paul nous revient avec quelques balises. Car il ne faut pas oublier que l’ordre de la création fut établi avant la chute à un temps où Dieu regarda le monde qu’il créa, l’homme et la femme en particulier, et remarqua que c’était très bon. (Genèse 1:31)
Le principe de liberté chrétienne énoncé par Paul plus tôt dans la lettre ne doit donc pas être perdu de vue dans ce chapitre. La liberté qui m’est accordée par la grâce de Dieu n’est pas une liberté de faire ce que je veux, mais une nouvelle motivation de faire ce que je devrais faire en affirmant dépendre de Dieu. En fait, ma nouvelle liberté en Christ me permet d’être volontairement soumis à Christ et de m’en réjouir !
Tout m’est permis, mais tout n’est pas utile; tout m’est permis, mais je ne me laisserai asservir par quoi que ce soit. (1 Corinthiens 6:12)
Un paradoxe : la soumission
N’est-ce pas un peu contre nature d’affirmer qu’il y a de la joie à être soumis ? La réalité est que nous sommes déjà soumis à quelque chose, même si nous pensons être libre de faire ce qu’on veut. Dans le domaine naturel, nous sommes soumis aux lois physiques qui régissent notre monde. Nous sommes soumis à l’horloge. Nous ne pouvons ni retourner en arrière, ni bondir en avant dans le temps. Nous sommes soumis à la vieillesse, et dès la naissance, nous sommes soumis à la loi du péché qui règne déjà dans le corps d’un nouveau né. Même s’il est vrai que nous avons en principe le privilège de déterminer beaucoup d’aspects sur nos vies, il reste que plusieurs des aspects les plus importants sont encore hors limite. Nous devons donc affirmer dès le départ que nous sommes des êtres soumis. La vraie question est la suivante : à qui serais-je soumis dans ma vie ?
Pour le Chrétien, la soumission est vitale. Elle est le premier pas vers la repentance au salut. Je ne peux pas me repentir de mes péchés (je ne peux même pas admettre mes péchés) à moins de me soumettre à la Parole incarnée en Jésus-Christ. Voilà la base sur laquelle Paul commence sa réponse sur l’aspect du culte. L’église se doit de refléter une soumission mutuelle qui reflète sa dépendance sur la personne et l’oeuvre de Jésus-Christ.
Contexte culturel du voile
Le port du voile dans 1 Corinthiens 11 est encore aujourd’hui un point controversé dans l’Église. Et je ne prétends pas avoir la réponse définitive sur le sujet. Je respecte les convictions de mes frères, et surtout de mes soeurs dans le Seigneur, qui par conviction personnelle, choisissent de porter le voile pour participer au culte. Mais il me semble qu’en étudiant soigneusement ce texte à la lumière du contexte historique et culturel de Corinthe que le port du voile contient un symbolisme particulièrement culturel. Je me base sur un principe d’interprétation qui nous rappelle de faire attention à ne pas faire un point de doctrine majeur (et surtout un sujet de division dans l’Église) quelque chose qui semble être secondaire dans les Saintes Écritures. En effet, le port du voile par les femmes est seulement mentionné dans ce passage (1 Corinthiens 11) dans le Nouveau Testament. Nous devrions donc nous poser la question pourquoi? Serait-ce parce que l’apôtre Paul fait référence à une situation qui est toute particulière pour les Corinthiens ? Pourquoi ne le mentionne-t-il pas la chose dans l’épître aux Galates qui traite justement d’être affranchi de la loi pour vivre sous la grâce de l’Évangile ?
Plusieurs observations s’imposent. Corinthe était un lieu moralement néfaste en grande partie relié au temple d’Aphrodyte qui se vantait d’avoir 1,000 prostitués sacrés employés au service du temple. Les écrits de l’histoire antique nous relatent que les prostitués avaient l’habitude de porter une chevelure plutôt courte. Ceci les distinguait en général des autres femmes.
Une autre coutume dans la Grèce antique était de raser la tête de celles qui avaient commis un adultère. La honte qui en découlait était incontournable.
Finalement, le port du voile avait une signification qui est encore valide dans certains pays du Moyen-Orient. Une femme qui porte le voile est une femme qui est déjà réclamée par un homme. Elle est donc fiancée ou mariée. Dans ce sens, le voile lui accorde une protection. Un homme qui regarde aller une telle femme sait que si il la maltraite, il aura affaire à un autre qui lui fera passer un mauvais quart d’heure pour le dire gentiment. Dans ce cas, le voile a une signification semblable à la bague d’alliance que portent les mariés.
Ces quelques faits éclaircissent la recommandation de Paul au verset 6 par exemple, où c’est une honte pour une femme d’avoir les cheveux rasés.
Théologie de la soumission
Le message central du chapitre 11 n’est pas le port du voile, mais l’importance d’être soumis à Dieu selon l’ordre de la création qu’il a établi dès le début de l’histoire. Paul est catégorique.
Je veux cependant que vous sachiez que Christ est le chef de tout homme, que l’homme est le chef de la femme, et que Dieu est le chef de Christ. (1 Corinthiens 11:3)
Certaines traductions remplacent le mot « chef » par « tête ». Le terme traduit un mot grec « kephale » qui veut dire « tête » dans le sense de « premier », celui qui a la pré-éminence en d’autres mots. Ceci veut dire que puisque Christ fut avant tout, et que l’homme fut créé en premier, et que la femme fut tirée de l’homme que l’épouse se doit d’être soumise à son mari, que le mari se doit d’être soumis à Christ, et que Christ fut soumis à son Père dans l’exercice de son ministère terrestre, et que par application spirituelle, l’Église se doit d’être soumise à Dieu.
Le chapitre 11 révèle l’importance de la soumission pour plusieurs raisons :
- 1 Cor 11:3-7… soumission mutuelle pour montrer l’oeuvre de la rédemption
- 1 Cor 11:8-12… soumission mutuelle pour montrer l’oeuvre de la création
* pourquoi les anges aux v.10 ? ex : Ésaïe 6:2 - 1 Cor 11:13-16… soumission qui correspond au dessein naturel de Dieu
* afin de ne pas confondre les sexes - 1 Cor 11:17-22… soumission mutuelle au repas agape (lit. festin d’amour)
Le repas du Seigneur
Paul finit cette section sur le culte de la nouvelle alliance par le passage par excellence de soumission de l’Église à la Seigneurie de Jésus-Christ. Le repas du Seigneur, un retour sur la Pâques que Jésus célébra avec ses disciples avant sa crucifixion, est riche de sens. Elle nous permet d’exprimer notre dépendance sur Dieu au travers de la soumission à son oeuvre dans nos vies. Elle est un moyen de rappel qui nous motive à pousser un genre de bouton « reset » sur nos coeurs et nous force à examiner nos motivations, nos passions, et nos priorités.
Ce repas contient au moins quatre rappels sur lesquels se positionner lorsque nous prenons le repas ensemble.
- (vs.23-26a) regard en arrière : souviens-toi de la mort de Christ, pourquoi, et comment
- (v.26b) regard en avant : souviens-toi que Jésus revient
- (vs.27-28, 31-32) regard en dedans : je ne suis pas digne, mais je participe dignement
- (vs.33-34) regard autour : discerne le corps du Seigneur = mes frères et soeurs
Conclusion
Le message de Paul pour l’Église de Corinthe est autant un message de délivrance que d’obligation. Délivrance dans le sens que la soumission à Jésus-Christ affranchit du pouvoir du péché. Obligation dans le sens que la soumission à Jésus-Christ me motive à me comporter d’une manière digne du Seigneur Jésus-Christ envers mon épouse ou mon mari, mes frères et soeurs en Christ, et les autres autorités auxquels je suis soumis pour glorifier Dieu.
Pratiquement parlant, il est utile de s’examiner à la lumière de ce texte. Il ne suffit pas de le comprendre intellectuellement et d’acquiescer superficiellement. Comment est-ce, que Dieu me demande-t-il de me soumettre à lui ? Quels sont les domaines de ma vie que j’ai de la difficulté à soumettre à son règne ? Est-ce que je peux les lui remettre par la foi ? Si je suis un homme marié, comment est-ce que Dieu me demande d’être soumis à lui pour le bien de ma famille ? Si je suis une femme mariée, comment est-ce que Dieu m’encourage à être volontairement soumise à mon mari pour remplir mon rôle de compagne et de glorifier Dieu ?
Que le Seigneur de grâce, en qui nous trouvons une vraie liberté, nous accorde la sagesse de lui accorder le contrôle de nos vies afin de vivre en nouveauté de vie, libre des chaînes du péché, libre d’accomplir les oeuvres qu’il a préparées d’avance pour nous.
La soumission en Christ c’est l’obéissance à son commandement d’amour et de vérité.
L’assemblée doit manifester l’ordre qui convient au corps de Christ ici-bas car le Seigneur est personnellement et spirituellement au milieu de l’assemblée et l’ordre de Christ c’est l’amour.
Comme corps de Christ, nous devrions nous comporter comme si Christ était physiquement présent constamment à coté de nous, nous incitant à nous comporter comme s’il pouvait se permettre à tous moments d’écrire à la vue de tous ce qui est réellement présent dans le cœur et la pensée de chacun d’entre nous, ainsi il n’y aurait plus de division cachés sous les apparences et l’hypocrisie nous aurions le choix entre une division dévoilé ou une union de cœur réel et sincère entre tous.
De plus, lorsque nous sommes au repas du Seigneur, souhaitons que Jésus y voit un mémorial de sa mort et de son œuvre où l’unité de cœur remplis de Christ est mise en lumière dans l’attente de son retour. Il ne faut jamais oublier le jugement que nous devons faire de nous-mêmes quand nous prenons la Cène, car le Seigneur ne se fit pas aux apparences extérieures mais lit dans les cœurs. N’obligeons pas le Seigneur à nous juger pour notre manque d’amour et de piété, quand nous accomplissons l’acte symbolique auquel il nous a conviés.
1 Samuel 16. L’Éternel ne considère pas ce que l’homme considère; l’homme regarde à l’apparence, mais l’Éternel regarde au coeur.
Psaume 139. Tu sais quand je m’assieds et quand je me lève, Tu pénètres de loin ma pensée; Tu sais quand je marche et quand je me couche, Et tu pénètres toutes mes voies. Car la parole n’est pas encore sur ma langue, Que déjà, ô Éternel! Tu la connais entièrement.