Dans le dernier article sur le sujet de l’Église, nous avons discuté de l’importance de comprendre ce qu’est l’Église de Dieu pour ensuite être en mesure de s’adapter aux défis de la culture environnante. Dans cet article, nous allons considérer les vrais et faux visages de l’Église. Lors de la Réforme protestante dans les années 1500, les théologiens et pasteurs se sont posés la question sur les marques déterminantes de l’Église de Dieu. Comment pouvons-nous savoir avec un degré de certitude qu’un groupe qui se réunit dans le but d’accomplir un rituel spirituel est bel et bien l’Église du Seigneur-Jésus Christ?
La possibilités d’autres églises
Lorsque nous parcourons les pages de la Bible nous observons que Paul et les autres apôtres mettent les Chrétiens en garde contre des faux enseignants et contre ceux qui se disent suivre le Seigneur Jésus-Christ, mais qui ne le font pas en réalité. Nous observons aussi une distinction faite entre les Chrétiens et les groupes religieux du temps de Rome.
Souvenez-vous comment, lorsque vous étiez encore païens, vous vous laissiez entraîner aveuglément vers des idoles muettes! (1 Cor 12.2)
Je connais ta tribulation et ta pauvreté – et pourtant tu es riche – et les calomnies de ceux qui se disent Juifs et ne le sont pas, mais qui sont une synagogue (lit. Assemblée) de Satan. (Apoc 2.9)
Un peu d’histoire
Notre question : Comment reconnaître si un groupe religieux fait partie de l’Église de Dieu?
Lors de la réforme protestante il n’y avait qu’une église universelle et chrétienne. Comme son nom l’indique, l’Église Catholique était l’Église unie de tous les Chrétiens à travers l’Empire. Nous ne parlerons pas de l’Église Orthodoxe qui s’est séparée de l’Église Catholique romaine. Mais nous dirons simplement que le schisme semble avoir été autant motivé par des enjeux politiques entre des centres de pouvoirs que par une différence théologique sur la date de la célébration de la Pâque.
L’invention de l’imprimerie, la redécouverte des écrits de l’Antiquité grecque, les avancements de la science et une réorganisation géopolitique qui inclus les croisades et la montée de l’Islam sont tous des facteurs dans la Réforme protestante. Mais au cœur de ce renouveau spirituel est une redécouverte de comment lire et étudier la Bible.
Plusieurs personnages importants font parties de cette histoire. Un de ceux-là fut Martin Luther, un moine qui commença à remettre en question plusieurs doctrines et pratiques de l’Église Catholique romaine (Ex. la vente d’indulgence pour raccourcir la durée qu’un proche décédé aurait à séjourner au purgatoire avant d’entrer finalement au paradis). Il est difficile d’attribuer à Luther un rôle plus important que d’autres de ses contemporains qui influencèrent la montée de le Réforme protestante. Mais il n’y a pas de doute que Luther fut une influence déterminante dans le cours de l’histoire de l’Église. Et il n’y a aucun doute que l’Allemagne fut profondément influencée par sa vie.
Une des questions que les réformateurs protestants ont dû débattre est de comment reconnaître une vraie Église de Dieu. Selon eux, l’Église impériale (Catholique romaine) s’était égarée en chemin. Le dérapage était si grave que l’on remettait en question sa validité comme Église de Dieu. Ces questions ont abouti à des déclarations sous forme de confessions de foi et d’écrits qui circulèrent parmi l’Empire Catholique Romain.
Elle [l’Église] est l’Assemblée de tous les croyants parmi lesquels l’Évangile est enseigné en pureté et où les Saints Sacrements sont administrés conformément à l’Évangile. (Article 7, Confession d’Augsbourg, 1530).
Dans son opus sur la vie Chrétienne, le Réformateur français Jean Calvin écrit, « Voilà dont nous avons une Église visible. Car partout où nous voyons la Parole de Dieu prêchée et écoutée, les Sacrements être administrés selon l’institution de Christ, là il ne faut douter nullement qu’il n’y ait Église. » (Institutions de la Religion Chrétienne, 4.1.9., 1560)
Deux marques déterminantes
Martin Luther et Jean Calvin reconnurent que l’Église de Dieu se démarque par deux choses : (1) la prédication fidèle et l’écoute de la Parole de Dieu, l’Évangile en particulier et ; (2) l’administration des Sacrements selon ce qui fut prescrit par le Seigneur Jésus-Christ.
Cette dernière précision concernant les sacrements est importante et doit être comprise dans son contexte historique pour l’apprécier à sa juste valeur. L’Église Catholique Romaine enseignait (comme elle l’enseigne aujourd’hui) que les symboles institués par le Seigneur Jésus-Christ sont des moyens par lesquelles nous pouvons bénéficier de la grâce de Dieu. Le prêtre est donc un individu mis à part pour dispenser la grâce de Dieu aux fidèles. Plus le degré de sainteté est élevé (Évêque, Cardinal, le Pape, un saint béatifié) plus que l’individu est imbu de la grâce de Dieu. L’effet de cette doctrine est que l’Église devient le dispensateur exclusif de la grâce de Dieu par le biais de ses officiers. L’Église sauve, l’Église pardonne, l’Église réconcilie, l’Église proclame et établit le règne de Dieu sur terre. Cette doctrine est une invention de l’Église Catholique Romaine et n’a rien à avoir avec ce qui est enseigné sur la grâce dans les Saintes Écritures.
Les réformateurs, quand à eux, insistèrent sur une définition biblique des sacrements comme des symboles qui reflètent notre salut en Jésus-Christ par la foi seule en réponse à sa grâce seule. Cette compréhension de l’Évangile fut d’ailleurs le fondement de la théologie réformée d’où sont issus toutes les grandes familles des églises protestantes. (Ex. Luthériens, Réformés, Presbytériens, Anglicans, Mennonites, Baptistes, Évangéliques, Etc.)
Nous concluons donc que l’Église de Dieu doit avoir deux marques déterminantes : l’enseignement fidèle de la Parole de Dieu et la pratique des sacrements qui symbolisent l’oeuvre du Seigneur Jésus-Christ (Baptême et Repas du Seigneur).
Des questions à examiner de plus près
Il est important de noter qu’une église pourrait avoir les deux marques mentionnées ci-haut et ne toujours pas représenter fidèlement l’Église de Dieu. Nous savons bien que nous pouvons affirmer des choses par écrit sans toutefois les observer dans la pratique. Le Canada peut bien prêter allégeance à sa Majesté Elizabeth II Reine d’Angleterre, mais dans la pratique, premier ministre Justin Trudeau et son cabinet gèrent le pays.
Comment alors s’assurer qu’une église qui affirme enseigner fidèlement la Parole de Dieu et administrer fidèlement les sacrements est réellement l’Église de Dieu? Deux questions de précision sont importantes à prendre en considération.
Quelle place accorde-t-on à la Parole de Dieu incarnée en Jésus-Christ?
La Parole de Dieu n’est pas une chose magique. Lorsque nous faisons référence à la Parole de Dieu, nous faisons bien sûr référence à la Bible. Mais si nous considérons ce qu’est la Bible, nous réalisons qu’il s’agit d’écrits qui révèlent la présence de Dieu parmi nous au travers de la vie et de l’œuvre du Seigneur Jésus-Christ. C’est dans ce sens que je comprends l’Évangile comme étant l’axe central de la Bible. La Bible n’a pas vraiment de sens si je ne maintiens pas une priorité sur l’œuvre et la personne du Seigneur Jésus-Christ au centre de son récit.
(Jean 1.1-3) Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. 2Elle était au commencement avec Dieu. 3Tout a été fait par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle.
(Apoc 19.13) et il [Jésus-Christ] est vêtu d’un manteau trempé de sang. Son nom est la Parole de Dieu.
(1 Jean 1.1-3) Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché, concernant la parole de la vie, 2– et la vie a été manifestée, nous l’avons vue, nous en rendons témoignage, et nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée, – 3ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, à vous aussi, afin que vous aussi, vous soyez en communion avec nous. Or, notre communion est avec le Père et avec son Fils, Jésus-Christ.
(Romains 12.4-5) En effet, comme nous avons plusieurs membres dans un seul corps [l’Église], et que tous les membres n’ont pas la même fonction, 5ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ et nous sommes tous membres les uns des autres. (Voir 1 Cor 6.16, 10.16, 12.12, 12.27 ; Eph 4.12)
- Nous pouvons identifier une église qui « mentionne » la Parole de Dieu, mais est-ce que je reconnais « la Seigneurie de Jésus-Christ » dans la vie de l’Église?
(Jean 14.12…) En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera, lui aussi, les œuvres que moi je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m’en vais vers le Père ; […] 15Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements, 16et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Consolateur qui soit éternellement avec vous, 17l’Esprit de vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure près de vous et qu’il sera en vous. (Ex. Les 7 églises dans l’Apocalypse ch. 3-4)
Est-ce que la Parole de Dieu est enseignée d’une telle façon que les gens écoutent l’Évangile?
L’Église est plus qu’une rencontre sociale. C’est le regroupement de ceux qui reconnaissent leur besoin d’un Sauveur à cause du péché. L’évangile ne veut rien dire comme solution s’il n’est pas prêché dans le contexte de notre nature pécheresse, naturellement rebelle à Dieu.
De plus, il ne suffit pas de simplement parler de l’Évangile, il faut aussi faire le lien entre comment le message de la Bible influence nos choix et nos priorités dans la vie courante. C’est un aspect de la vie de l’Église qui est souvent mal compris parmi les gens qui ne vont pas à l’Église et qui considèrent que le phénomène religieux est une affaire privée. Un Chrétien ne peut pas vivre sa foi en privée. Toute sa vie est affectée et renouée par l’Évangile. Toutes ses relations sont influencées et tous ses engagements en sont affectés. Et du point de vue de la Bible, c’est une bonne chose pour une société que les membres de l’Église de Dieu se comportent selon l’exemple du Seigneur Jésus-Christ. C’est lui qui a enseigné après tout que notre amour pour Dieu devrait se manifester de façon concrète par notre amour pour notre prochain.
(Romains 10.13-15) « Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. 14Comment donc invoqueront ils celui en qui ils n’ont pas cru ? Et comment croiront-ils en celui dont ils n’ont pas entendu parler ? Et comment entendront-ils parler de lui, sans prédicateurs ? 15Et comment y aura-t-il des prédicateurs, s’ils ne sont pas envoyés ? selon qu’il est écrit : Qu’ils sont beaux, les pieds de ceux qui annoncent de bonnes nouvelles. »
(2 Tim 3.15) …depuis ton enfance, tu connais les Écrits sacrés ; ils peuvent te donner la sagesse en vue du salut par la foi en Christ-Jésus.
(1 Pierre 1.23) …vous qui avez été régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu
Le prof Wayne Grudem qui enseigne en théologie dans l’ouest des É.U. écrit dans son livre sur la Théologie Systématique la chose suivante concernant une église qui néglige l’Évangile dans son enseignement de la Parole de Dieu :
Lorsque la prédication dans l’Église néglige le message de l’Évangile par la foi seule d’une telle manière que l’Évangile n’est pas proclamé clairement devant ses membres, et que l’Évangile n’a pas été proclamé depuis longtemps, le groupe qui se réunit en ce lieu n’est pas une église. (Wayne Grudem, Théologie Systématique)
Quelle place accorde-t-on au Baptême?
Nous regarderons cet aspect des sacrements plus en détail dans un prochain article. Mais il suffit de dire pour l’instant que l’Église de Dieu administre le baptême selon le mode et la motivation définis dans la Parole de Dieu.
(Romains 6.3-4) Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Christ-Jésus, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ? 4Nous avons donc été ensevelis avec lui dans la mort par le baptême, afin que, comme Christ est ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie.
(Colossiens 2.12) Ensevelis avec lui par le baptême, vous êtes aussi ressuscités en lui et avec lui, par la foi en la puissance de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts.
Quelle place accorde-t-on au Repas du Seigneur?
(Matthieu 26.26-29) Pendant qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain, et après avoir dit la bénédiction, il le rompit et le donna aux disciples en disant : Prenez, mangez, ceci est mon corps. 27Il prit ensuite une coupe ; et après avoir rendu grâces, il la leur donna en disant : Buvez-en tous, 28car ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui est répandu pour beaucoup, pour le pardon des péchés. 29Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où j’en boirai du nouveau avec vous dans le royaume de mon Père.
(1 Corinthiens 11.28-29) Que chacun donc s’examine soi-même, et qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe ; 29car celui qui mange et boit sans discerner le corps (du Seigneur), mange et boit un jugement contre lui-même.
Quelle est la signification des sacrements et pourquoi les pratiquons nous encore aujourd’hui?
Autant dans le baptême que dans le Repas du Seigneur, le symbolisme signifie une appartenance à la famille de Dieu (l’Église) en s’identifiant au Seigneur Jésus-Christ. C’est symbolique, mais dans la pratique, ces symboles (rituels) permettent à l’Église de Dieu d’identifier ceux qui appartiennent à la famille de Dieu.
- Le baptême devient la manière que l’Église reçoit ses nouveaux membres dans la famille de Dieu.
- Le Repas du Seigneur devient le moyen par lequel les Chrétiens signifient leur engagement à continuer en tant que membre de la famille de Dieu (l’Église).
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