On dit parfois que Dieu aide ceux qui s’aident eux-mêmes. Cette idée n’est pourtant pas un concept biblique. Car Dieu aide ceux qui ne peuvent pas s’aider eux-mêmes. La Bible affirme de part et d’autre que Dieu bénit ceux qui prêtent attention à ses commandements. Nous lisons aussi que Dieu fait du bien à ceux qui ne le méritent pas. Mais lorsque nous parlons de la vie chrétienne, nous voyons que Dieu aide réellement ceux qui veulent vivre pour Lui. Philippiens 2.13 affirme que c’est « Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir ». Alors comment concilier cette idée avec le verset auparavant qui nous exhorte à travailler à notre salut avec crainte et tremblement ? (Phil 2.12)
Notes d’enseignements pour le dimanche 12 avril 2015
12 Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours obéi, travaillez à votre salut avec crainte et tremblement, non seulement comme en ma présence, mais bien plus encore maintenant que je suis absent ; 13 car c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir. (Phil 2.12-13)
Contexte
- Paul connaît bien l’église de Philippe au travers de plusieurs visites prolongées. Il exprime son amour pour les chrétiens de Philippe et sa ferveur pour eux dans la prière.
- Il compatit à leurs souffrances (persécutions ?) en affirmant avec confiance que Dieu est en contrôle et que Dieu est en train de faire avancer la cause de l’Évangile au milieu de tout ce qui se passe.
- Paul exhorte les chrétiens de Philippe à placer une grande priorité sur l’unité et l’amour entre eux en imitant l’exemple d’humilité du Seigneur.
Dans quel contexte doit-on « travailler à son salut » ?
- Le commandement est adressé à l’ensemble de l’église. Le « faites donc » dans Phil 2.12 indique l’aspect corporatif du commandement. (adressé à vous… ensemble)
- « Vous avez toujours été obéissants » fait référence à la fidélité de l’église dans son ensemble qui a répondu à l’évangile et qui continue à révérer la Parole de Dieu ensemble.
- C’est cette fidélité de l’église qui explique pourquoi Paul les appelle « ses chers amis » (v.12)
Que veut dire Paul par « travailler son salut » ?
Nous pourrions déduire plusieurs interprétations à ce bout de phrase. Par exemple, est-ce que Paul est train de dire que nous devons travailler afin d’acquérir notre salut car Dieu a fait son bout et maintenant le reste nous appartient ? Ou encore, peut-être tu es sauvé, mais maintenant la persévérance dans ta marche chrétienne dépend entièrement de toi ? Peut-être qu’il s’agit de ne pas trop s’inquiéter de ce que Paul est en train de dire. Il ne faut pas être trop littérale après tout. De toute façon, nous sommes sauvés par grâce. Laissons Dieu agir en son temps.
Nul ne ces interprétions semblent s’accorder pleinement avec le récit biblique.
Le verbe travaillez (LSG) ou faites fructifiez (SEM) dans l’original traduit le mot grec katergazesthe qui fait référence à un effort qui fait valoir une œuvre fondatrice. C’est un verbe qui vient appuyer un geste qui a déjà été posé. L’emphase est plus sur la mise en pratique du résultat que le résultat lui-même.
Aussi, le terme « salut » dans Phil 2.12 est un terme général qui englobe tous les aspects de l’œuvre rédemptrice de Dieu pour le chrétien. Nous pouvons parler par exemple de l’appel, de la justification, de la sanctification et de la glorification du Chrétien. (ex. Rom 8.30)
Paul semble vouloir dire que nous devons faire fructifier notre appartenance au Christ précisément parce que Dieu est à l’œuvre en nous afin de produire le vouloir et le faire selon ses projets pour nous. (comp. Eph 2.8-10)
Quelle part de « travailler à son salut » m’appartient ?
- V.12… le mot « ainsi » (LSG) fait le lien avec les versets 6-11 qui décrivent l’exemple de Jésus-Christ en lien avec le commandement du v.5
- « Ainsi » veut dire 2 choses : « de la même manière que » et « pour faire suite à… »
(Phil 2.5) Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus Christ, 6 lequel, existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, 7 mais s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et ayant paru comme un simple homme, 8 il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix. 9 C’est pourquoi aussi Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, 10 afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, 11 et que toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.
12 Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours obéi, …
Lorsque Paul enchaine avec le verset 12, il ne fait que reprendre l’exemple du Seigneur Jésus-Christ et l’appliquer à la vie des croyants auxquels la lettre est adressé. Considérant l’exemple de Jésus, travaillez à votre salut avec crainte et tremblement car le même Esprit à l’œuvre en Christ est aussi à l’œuvre en vous.
Quel exemple m’a laissé Jésus ? (2.5-11)
- un renoncement volontaire à soi-même — v.8-9
- beaucoup de persévérance — v.8b
- d’énormes souffrances — v.8c
- mais grandement récompensé — v.9 à 10
Je dois donc travailler à mon salut pour faire suite à l’œuvre de Dieu selon l’exemple de mon Seigneur Jésus-Christ.
Quelle part de « travailler à son salut » m’appartient ?
- V.12… Je continue à mettre en pratique les vérités de l’évangile que l’on m’a enseigné tout au début. (Ex. je suis un pécheur gracié ; j’ai besoin de demander pardon et d’accorder le pardon ; je continue à vivre selon ma nouvelle identité en Christ)
- Paul exhorte les Chrétiens de Philippe à persévérer dans les choses que Paul leur a enseignées. (Voir aussi Romains 6.17-19 et Apocalypse 2.5)
Vous souvenez-vous d’un temps dans votre passé où vous étiez particulièrement consacrés à Dieu ? Est-ce un souvenir qui peut vous motiver aujourd’hui ? Il arrive souvent que nous perdions notre motivation de grandir dans la foi parce que nous pensons que cela dépend entièrement de nous. Nous ne prenons pas au sérieux les exhortations de Dieu dans nos vies. Nous faisons un petit cas de ses commandements parce que nous croyons que cela dépend de nous et que cela est impossible. Nous nous décourageons si vite et laissons tomber si facilement.
Pourtant, Dieu est à l’œuvre en nous. Il est capable de nous transformer à sa ressemblance. Il nous suffit de placer notre foi en Lui et arrêter de nous borner à ce que nous sommes ou ne sommes pas capables d’accomplir pour Lui.
« Nous sommes donc appelés non seulement à nos premiers pas dans la foi et dans l’obéissance, mais à une vie entière de travailler à notre salut. C’est une vie qui sera marquée par 1) un contentement dans le renoncement à soi, 2) un désir intentionnel de plaire à nos conducteurs qui sont matures dans la foi, 3) et un sacrifice volontiers qui vient affirmer et appuyer le travail que nos conducteurs spirituels ont investi dans nos vies. » (D.A. Carson)
- V.12 « … avec crainte et respect… » fait allusion à la disposition de celui qui comprend la signification des v.9-11
- C’est une expression qui exprime le respect que l’on éprouve pour la grandeur et la puissance de Dieu. Et à cause de ce respect, nous avons peur de lui désobéir.
Êtes-vous conscients de la grandeur de Dieu ? Avez-vous une peur respectueuse de lui désobéir ? Nous pouvons avoir une petite image de Dieu autant en fonction de ses capacités qu’en fonction de sa justice. Notre perspective sur Dieu influence le sérieux avec lequel nous nous donnons à notre sanctification. Notre perspective sur Dieu affecte aussi notre confiance dans ses capacités.
- V.13 « Car c’est Dieu lui-même qui agit en vous… »
- Puisque c’est Dieu qui agit, ce n’est pas important que Paul soit présent ou pas.
- Le signe de maturité chez le chrétien est sa capacité de dépendre du Seigneur quand ses ressources lui font défaut.
Application
- À la lumière du verset 13, comment percevez-vous votre rôle dans la sanctification ?
- À la lumière du verset 13, comment percevez-vous le rôle des ouvriers engagés à servir dans l’église ?